La ministre de la culture a présenté les axes de son budget à la Commission culture du Sénat, confirmant entre autres son projet de refonte du pass Culture et saluant les “résultats spectaculaires“ du CNC.
Si le projet de loi de finances 2025 prévoit un budget « stabilisé » pour la Culture – pour l’heure 4,45 Md€ et 4,03 Md€ pour l’audiovisuel public – et un mode de financement préservé pour le CNC, le ministère des comptes publics attend des économies supplémentaires et des ajustements sont donc prévisibles. C’est dans ce contexte que Rachida Dati était entendue par les sénateurs de la Commission culture mardi 5 novembre. De façon générale, la ministre a confirmé que l’année 2025 serait celle du patrimoine, – annonçant un amendement qui prévoit 300 M€ supplémentaires pour ce volet – et son engagement sur le plan ruralité.
L’audiovisuel public en revanche devrait subir des mesures d’économies de 50 M€, « ce qui va susciter des passions, mais on peut y arriver » a commenté Rachida Dati, précisant que France Télévisions devrait porter l’essentiel des coupes . Alors que le Sénat a adopté la semaine dernière une proposition de loi organique pour pérenniser le financement – via une affectation de la TVA – de l’audiovisuel, la ministre a réaffirmé que la gouvernance aussi devait être réformée si l’on veut maintenir les Contrats d’objectif et moyens (COM).
Education et pass Culture
Sur la réforme annoncée du pass Culture, les sénateurs se sont montrés particulièrement satisfaits. « La part individuelle du pass ne permet pas de toucher les publics qui en ont le plus besoin » selon Rachida Dati, qui a rappelé son projet de refonte en 5 orientations : prise en compte des conditions de ressources des jeunes ; part réservée au spectacle vivant ; articulation de la part individuelle avec la part collective du pass ; meilleure éditorialisation et médiation ; nouvelles fonctionnalités, comme la géolocalisation. Sur ce dernier point, une expérimentation a été lancée dans le Grand Est. Interrogée sur la possibilité de financer les transports via le pass, la ministre préfère ne pas amputer les crédits dédiés à la culture, et indique qu’elle « discute avec les régions », par exemple sur la possibilité d’utiliser les bus scolaires dans la journée pour transporter les élèves sur les lieux culturels.
Mais « on ne peut pas parler d’accès à la culture sans parler d’éducation », a souligné la ministre, appelant de ses voeux une politique cohérente entre l’Éducation nationale et le ministère de la culture. « Actuellement, il n’y pas de ligne sur l’éducation artistique et culturelle. On finance, mais je suis incapable de savoir quel volet on développe et pour quels objectifs ».
Le modèle du cinéma préservé
Finalement, c’est le modèle du cinéma français qui semble susciter le moins de doute… et le plus de satisfaction pour la ministre. « J’ai découvert le travail et l’énergie du CNC, et les résultats spectaculaires du cinéma sur l’attractivité et l’économie française. Je me réjouis que la pertinence de notre modèle a été reconnu » – avec pour rappel un budget préservé de 780 M€ – , « et du maintien des crédits d’impôts, qui rapportent plus qu’il ne coûtent ». Si Rachida Dati a tenu à féliciter le sénateur Bacchi pour son rapport et ses propositions, ce dernier, soulignant au passage les 450 M€ prélevés sur les réserves du CNC, a interpellé la ministre sur la proposition de loi « ambitieuse » pour conforter la filière cinéma, adoptée par le Sénat mais pas encore votée. « Les propositions sont intéressantes et si la PPL n‘est pas adoptée, les dispositifs peuvent être repris au nom du gouvernement » a répondu la ministre.
Sur la chronologie des médias, elle s’interroge sur la pertinence de la revoir tous les trois ans, ce qui implique d’être « en renégociation au bout d’un an et demi ». Quant à la question de Jérémy Bacchi sur la nomination d’un président pour le CNC… aucun indice ni timing n’a été donné.
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