Rachida Dati veut réformer le pass Culture

La ministre française de la Culture et du Patrimoine, Rachida Dati à la sortie du premier conseil des ministres du gouvernement Barnier, au palais de l'Elysée, à Paris, le 23 septembre 2024. © Stéphane Lemouton / Bestimage

Dans une tribune parue dans Le Monde du 11 octobre, la ministre de la Culture propose de revoir en profondeur le modèle du pass, pour en faire « le socle d’un nouveau contrat social pour la culture ».

« J’ai la conviction que le pass Culture a le pouvoir de moderniser notre modèle culturel, à la condition qu’il réponde aux deux défis suivants : comment réellement diversifier les publics, en amenant à la vie culturelle de nombreux jeunes qui pensent que la culture n’est pas faite pour eux ? Et comment réellement diversifier les pratiques culturelles de nos jeunes, en les amenant à renouveler leurs habitudes ? ». Ainsi Rachida Dati repose l’enjeu du dispositif lancé par Emmanuel Macron, qui en trois ans a montré ses succès comme ses limites, comme l’a établi notamment un rapport de l’Igac en juillet dernier. La part individuelle du pass Culture reste « trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale », constate la ministre reconduite rue de Valois, dans sa tribune publiée au lendemain de la présentation du PLF 2025. Sans revenir sur le coût du pass Culture – 210 millions d’euros par an – et même si le budget de son ministère a été préservé, Rachida Dati veut donc revoir le modèle de la part individuelle.

Premier changement de taille : Rachida Dati souhaite « donner davantage aux jeunes de condition modeste, sans négliger les classes moyennes », tout en se disant attachée à l’universalité du dispositif. Sans expliquer quelles seront les modalités, la cagnotte de départ devrait donc varier selon la condition sociale, pour « corriger des inégalités de destin ». La ministre veut aussi qu’une part du crédit soit désormais réservée au spectacle vivant. « Personne ne peut se satisfaire de voir le spectacle vivant, plébiscité dans le cadre de la part collective, chuter avec la part individuelle, avec moins de 1 % des réservations », souligne Rachida Dati, ajoutant que les acteurs du spectacle vivant doivent aussi mieux s’approprier le dispositif, comme l’ont fait les cinémas d’art et d’essai qu’elle cite comme « un magnifique exemple ». 

Troisièmement, la ministre de la Culture dit vouloir, en lien avec son homologue de l’Éducation nationale, « une véritable continuité entre l’école et la culture, avec une part collective qui peut et doit être un tremplin vers la part individuelle », en s’appuyant sur le rôle de conseil et d’accompagnateur des enseignants. « Le pass Culture peut être l’occasion d’amener les élèves à une “citoyenneté culturelle“ », selon Rachida Dati, pour qui « il est grand temps de donner un nouveau souffle à l’éducation artistique et culturelle ». Reste à savoir si son ambition sera partagée par la ministre de l’Éducation nationale.

Plus largement, la médiation est mise en avant par celle de la Culture, pour qui « il ne s’agit pas seulement de donner plus à certains, il faut aussi leur apporter un accompagnement digne de ce nom, afin de mieux répondre aux fractures culturelles de notre société, qu’elles soient sociales ou territoriales », faisant allusion particulièrement au rôle des librairies indépendantes.  

Enfin, Rachida Dati veut « explorer de nouveaux usages du pass Culture. Son ambition folle, c’est de faire des données culturelles le socle d’un nouveau contrat social pour la culture ». Au-delà de la « cagnotte individuelle » donc, sont évoquées une géolocalisation de toute l’offre culturelle près de chez soi, un partage de covoiturage ou de recommandations, à la manière d’un réseau social. « Dans les prochains mois, je lancerai une première expérimentation de ces nouveaux usages, à l’échelle d’une région. »

À lire aussi | Après le Congrès, l’Afcae réagit

La ministre française de la Culture et du Patrimoine, Rachida Dati à la sortie du premier conseil des ministres du gouvernement Barnier, au palais de l'Elysée, à Paris, le 23 septembre 2024. © Stéphane Lemouton / Bestimage

Les News