En Outre-mer, une union de cinémas voit le jour

Ciné Grand Sud à Saint-Pierre, La Réunion © Groupe Ethève

Yves Ethève, exploitant des Multiplexes Ciné Cambaie et Ciné Grand Sud à la Réunion, et Philippe Aigle, exploitant du mk2 Dumbéa en Nouvelle-Calédonie, constituent l’Union des cinémas français ultramarins (UNICFU).

Une annonce qui intervient à la veille de l’audition, demain 18 octobre à l’Assemblée nationale, des représentants du Syndicat des exploitants de salles de cinéma outre-mer. Seul syndicat d’exploitants ultramarins affilié à la FNCF, le Secom défendra notamment la proposition de loi visant à fixer un taux de location des films maximum de 35 % pour les cinémas d’Outre-mer, et auquel le nouveau syndicat s’oppose. L’UNICFU espère être auditionné à son tour d’ici la fin de l’année.

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Voici le communiqué de presse de l’UNICFU reproduit in extenso

« Yves Ethève, gérant et exploitant notamment les Multiplexes Ciné Cambaie de St Paul (8 écrans) et le Ciné Grand Sud de St Pierre (10 écrans) à la Réunion, et Philippe Aigle, gérant et exploitant le Multiplexe MK2 Dumbéa (14 écrans) de Nouméa en Nouvelle-Calédonie, souhaitent annoncer la création de leur syndicat, l’UNICFU (l’Union des Cinéma Français Ultramarins). 

Cette Union a été rendue évidente par l’expérience identique de ces deux groupes qui, afin de pouvoir créer, maintenir ou développer leur activité d’exploitation cinématographique, ont tous deux dû mener, pour diffuser les films, une bataille juridique et économique acharnée contre des sociétés en situation de monopole. 

L’UNICFU, regroupant des salles importantes en outre-mer, est notamment indispensable pour faire valoir une position alternative à celle des monopoles et exprimer d’une voix commune sa ferme opposition aux propositions de loi (n° 1137 à l’Assemblée Nationale et n°1362 votée au Sénat en première lecture) en cours d’examen en Parlement. 

Ces textes visent tous deux à plafonner à uniquement 35% le taux de répartition proportionnelle que les salles ultramarines doivent reverser aux distributeurs nationaux. Ce plafonnement aura, en pratique, des effets catastrophiques pour l’accès aux films des salles de cinéma et spectateurs d’outre-mer ainsi que sur le maintien de la diversité des films proposés au public ultramarins.  

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Non seulement ces propositions de loi portent en germe des atteintes à des libertés constitutionnelles, mais si ce texte est voté par l’Assemblée nationale, les distributeurs et ayant-droits, unis et évidemment opposés à une telle limitation de leurs revenus, ont déjà annoncé soit le retrait pur et simple de nos territoires ultra-marins de leur plan de sortie, soit des sorties uniquement en décalé de 4 ou 5 semaines, voire plus, par rapport à la date de sortie nationale. 

Le spectateur et citoyen ultra-marin aurait donc, après le vote de cette loi, un droit à la culture limité ou terriblement dégradé, le reléguant au statut de spectateur de « seconde zone », et cela uniquement parce que le législateur aura validé un texte sans prendre en compte les conséquences et contextes économiques concernés.

Ces deux propositions de loi omettent aussi d’aborder l’existence de la sous-distribution qui dans ces territoires, a permis pendant plusieurs années aux membres du Secom, en situation de monopole économique, de consolider des rentes de situation empêchant le développement d’un secteur économique et notamment, la diversification de l’offre cinématographique sur ces territoires d’outre-mer. 

Le Secom, qui est à l’origine de ces propositions de lois, propose un partage de recettes totalement déséquilibré, au profit uniquement de leurs sociétés exploitantes, ce qui engendrera le retour à une sous-distribution des films sur les territoires ultra-marins, avec le risque d’un coût d’accès aux films exorbitants et ne permettant pas de préserver la diversité culturelle aujourd’hui acquise grâce au passage en direct appliqué ces dernières années sur ces mêmes territoires. 

S’il est essentiel de prendre en compte la cherté de la vie ultramarine et les surcoûts auxquels les exploitants font face dans ces territoires, il faut préserver aussi la dynamique des marchés et mettre un terme aux effets néfastes de la sous-distribution qui n’est aujourd’hui plus adaptée à ces territoires. 

Le partage des recettes, dans la transparence et dans une équation économique équilibrée, avec les titulaires de droits, constitue la seule clé permettant le dynamisme du marché et la diffusion de la diversité cinématographique.

N’ayant pas été consultés préalablement à l’adoption en première lecture au Sénat, les deux co-présidents de ce nouveau syndicat ultramarin, frappés par l’absence totale d’étude d’impact sur ce texte, espèrent pouvoir, cette fois, être entendus et pris en compte devant l’Assemblée nationale. 

Ils en appellent ainsi notamment à une audition de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ainsi que de la Délégation aux Outre-mer, cette dernière recevant, dès le mercredi 18 octobre 2023, les représentants du SECOM. Ils relèvent, par ailleurs, l’absence d’audition de la FNCF, de la FNEF, du DIRE, du SDI ou du CNC, pourtant souvent incontournables quant des modifications portant sur l’exploitation cinématographique et le Code du cinéma, sont en jeu. »

Yves Ethève,
Co-président de l’UNICFU,
Gérant de la Holding Ethève, programmateur de salles de cinéma à la Réunion et l’Océan Indien,
Exploitant le Multiplexe Ciné Grand Sud de Pierrefonds Saint-Pierre, le Multiplexe Ciné CAMBAIE de Saint-Paul,
ainsi que le Ciné LACAZE, 1re salle labellisée Art et Essai dans l’Océan Indien

et 

Philippe Aigle, 
Co-président de l’UNICFU
Gérant de la SAS KI TII RE, 
Exploitant le Multiplexe MK2 DUMBEA de Nouméa en Nouvelle-Calédonie

Ciné Grand Sud à Saint-Pierre, La Réunion © Groupe Ethève