Nombreux étaient les professionnels du spectacle et du cinéma à avoir répondu à l’appel de nombreuses organisations syndicales à manifester dans toute la France contre les décisions imposées à la Culture. Des représentants du cinéma étaient dans le même temps reçus par Roselyne Bachelot.
Il est à peine midi que déjà la place de la Bastille, à Paris, est noire de monde. Professionnels, étudiants, politiques : c’est une foule éclectique qui s’est mobilisée pour afficher son désarroi. C’est en effet ce mardi 15 décembre que musées, théâtres et cinémas étaient prêts à reprendre leurs activités. Le gouvernement en a décidé autrement, fixant une clause de revoyure le 7 janvier pour décider d’une autre date de réouverture. C’est d’abord cette décision, prise sans concertation avec le secteur, qui était au cœur de la contestation à Paris et dans plusieurs villes de France. L’incompréhension et la colère étaient toujours palpables face au traitement subi par les lieux culturels alors qu’en parallèle, grands magasins et transports en commun restent bondés sans distance de sécurité. D’où le dépôt hier soir d’un recours en Conseil d’État par un certain nombre d’organisations dont la FNCF pour contester cette fermeture prolongée. Réponse attendue jeudi soir.
Le slogan « De l’air, de l’air, de l’air pour la Culture » s’est élevé à plusieurs reprises de la place de la Bastille, où il régnait une ambiance conviviale et festive. Au gré des déambulations à travers la foule, quelques pancartes attirent l’attention. Entourés par deux énormes marionnettes virevoltantes, on peut lire « Exception culturelle – The End – un film du gouvernement français » ou encore « L’art est une arme de construction massive ». Plus loin, « Le 7e art, 5e roue du carrosse » est brandi à deux pas des Cinémas indépendants parisiens qui affichent en rouge un éclatant « #NonEssentiel ». Pour le cinéma, l’instant est historique puisque jamais un rassemblement d’une telle ampleur n’avait été organisé. « C’est beau de voir tout le monde uni lorsque l’on sait que le reste du temps, on a tendance à se tirer un peu dans les pattes », glisse, taquin, un exploitant.
Réunion avec la ministre
Pendant que la Bastille s’animait sur fond de l’Internationale, Roselyne Bachelot recevait, depuis 11h30, des représentants du cinéma, des musées, des monuments nationaux et des organisations syndicales. L’occasion d’évoquer la rallonge de 35 millions d’euros accordée par Jean Castex, mais aussi d’entendre les requêtes concernant la reprise. Sur ce point, le flou persiste puisqu’il faudra compter, à partir du 7 janvier, entre quinze jours et trois semaines pour rouvrir, afin de permettre notamment aux distributeurs de préparer leurs sorties. Soit fin janvier, début février, même si rien n’a été décidé. « J’entends les messages mais aussi ceux de toutes les personnes qui se sont mobilisées aujourd’hui partout en France. Nous préparons l’avenir », a tweeté dans la soirée la ministre de la Culture.
Nul doute qu’elle a aussi dû voir, dès 17 heures, des enseignes de cinéma s’illuminer à travers tout le territoire. Une autre forme de message, initiée par la Fédération nationale des cinémas français, pour rappeler l’importance des salles dans la vie et le paysage urbains. Mais surtout de marquer le coup symboliquement : à cette heure-ci, des films dans toute leur diversité auraient dû avoir les honneurs du grand écran. Qui reste pour l’heure tristement noir.
Partager cet article