Une année en relief pour CinéAtlas

L’enseigne marocaine termine l’année en demi-teinte, en attendant l’ouverture de ses deux prochains complexes, à Tanger et Casablanca.

Le complexe de trois salles à El Jadida, ouvert en octobre dernier, « a très bien démarré » selon son directeur Pierre-François Bernet, avant que la Coupe du monde et le succès du Maroc ne fassent leur effet. « Nous sommes dans nos prévisions en termes d’entrées, notamment grâce à des séances de rattrapages de films marocains [comme Trente millions, la comédie de Rabii Shajid] qui ont vraiment bien marché. » Une cinématographie nationale dont les habitants de la ville côtière, à 100 km au sud de Casablanca, sont particulièrement friands, à l’heure où ils se familiarisent progressivement avec le nouveau lieu. « Nous essayons de nous faire connaître, auprès des universités, des écoles… », explique le directeur.

À Rabat, au CinéAtlas Colisée, le public est « plus exigeant » et la programmation un peu plus diversifiée, grâce à un quatrième écran qui permet à l’exploitant de programmer, par exemple, La Conspiration du Caire « qui poursuit une excellente carrière ». Mais le défi est aujourd’hui bien plus difficile à relever dans le cinéma de la capitale, qui connaît une baisse de près de deux tiers de sa fréquentation, passée de 180 000 tickets en 2019 à 70 000 en 2022.

« Un déficit d’entrées qui plombe la trésorerie », à l’heure où les coûts des travaux des nouveaux CinéAtlas à Tanger et Casablanca s’accumulent, d’autant plus que les crédits de TVA « ne sont pas aussi facilement remboursés qu’en France ». Le circuit travaille au maximum avec des prestataires et fournisseurs locaux, bien qu’il soit obligé d’importer ses fauteuils d’Espagne et son équipement de projection de France (CinemaNext).

Dans la ville du nord, les cinq nouvelles salles qui réinvestissent les murs du Mauritania, cinéma historique de Tanger, sont en phase de finition, tandis qu’à Anfa, le nouveau quartier huppé de Casablanca, le cinéma lui aussi de cinq salles est toujours en construction, au sein d’un centre commercial en travaux.

Les deux complexes, dont les ouvertures sont attendues pour le premier semestre 2023, devraient permettre au circuit de retrouver des couleurs, après « une mauvaise année 2022 ». Même Avatar : La Voie de l’eau a du mal à décoller ; et pour cause, l’engouement de toute une population pour le parcours de l’équipe nationale de football en Coupe du monde. En face, le lancement du blockbuster mercredi 14 décembre, jour de demi-finale historique contre la France, « a eu l’effet d’un coup d’épée dans l’eau » – l’enseigne ayant même annulé les séances du soir.

L’objectif de la nouvelle année reste de « faire revenir ce public qui a décroché pendant la pandémie », en misant sur le tout-premium : qualité de projection, fauteuils double-accoudoir, design du hall, accueil et service irréprochables. Pierre-François Bernet veut s’assurer « que le public ne se sente pas déconsidéré ». Et, surtout, une offre de films à la hauteur des attentes des spectateurs, « soit deux à trois blockbusters par mois » comme Top Gun: Maverick et Thor: Love and Thunder, qui ont permis au cinéma de la capitale de connaître de beaux mois de juin et juillet. Et en ce sens, le line-up 2023 des studios « donne beaucoup d’espoir » au directeur de CinéAtlas, qui reste « un éternel optimiste ».