Rencontre avec Rémi Bonhomme, directeur artistique du Festival de Marrakech

Rémi Bonhomme © Festival de Marrakech

À quelques jours de la cérémonie d’ouverture, Boxoffice Pro s’est entretenu avec le directeur artistique du Festival de Marrakech sur le cru 2023, l’impact d’une nomination marrakéchoise dans la carrière d’un film et sa place dans l’écosystème du cinéma mondial.

Comment définiriez-vous la programmation 2023 ? Quels ont été les défis pour constituer cette sélection ?

Avec mon comité de sélection, nous avons visionné plus de 800 films pour concevoir cette programmation riche de 75 œuvres, en provenance de 36 pays. Cette édition est marquée par une représentation très forte du cinéma africain, à travers 15 films marocains mais aussi des cinéastes du Sénégal, de Madagascar, d’Afrique du Sud, du Rwanda, du Nigeria ou du Burkina Faso. Ces 75 films sont le reflet de nos enthousiasmes et de notre souhait qu’à travers ces œuvres, le public puisse s’émouvoir, s’interroger, être bousculé, comme trouver autant de manières de mieux comprendre le monde.

Pour la compétition réservée aux premiers et seconds longs métrages, nos choix ont été guidés par le désir de découvrir des voix singulières aux univers déjà très affirmés. Les films en lice pour l’Étoile d’or explorent plusieurs genres cinématographiques, de la fable moderne au film noir en passant par la farce politique et le documentaire, présent à travers deux films : Bye Bye Tibériade de Lina Soualem et La Mère de tous les mensonges d’Asmae el Moudir, deux récits familiaux qui questionnent la transmission de la mémoire et l’histoire d’un pays. Le documentaire est d’ailleurs un genre très représenté cette année dans toutes les sections du festival.

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Que peut avoir l’impact d’une nomination à Marrakech pour les films ?

Les enjeux d’une sélection au festival de Marrakech se situent à plusieurs niveaux. Pour les films marocains présentés dans les différentes sections, le festival représente une rampe de lancement pour préparer une sortie dans les salles marocaines. L’exposition au festival est l’opportunité de bénéficier d’une couverture par la presse nationale, très présente. Ces dernières années, la filière de la distribution s’est remarquablement structurée et développée au Maghreb et au Moyen-Orient, permettant à un nombre plus important de films indépendants d’accéder aux écrans. Le processus de sélection des festivals du monde arabe se déroule désormais en dialogue avec les distributeurs régionaux dont nous prenons en compte les enjeux stratégiques ainsi que les calendriers de sortie. Ces discussions concernent autant des films aux sorties importantes sur plusieurs territoires que celles, plus confidentielles, à l’échelle d’un pays. Concernant les premiers et seconds films internationaux présentés en compétition officielle, l’impact d’une sélection à Marrakech se situe au niveau de l’exposition auprès de la presse et de l’industrie internationale. L’atout du festival de Marrakech est de placer ces nouveaux talents au cœur de sa programmation, leur donnant ainsi une visibilité forte, notamment grâce à la présence de jurys prestigieux. En 2022, Chevalier noir de Emad Aleebrahim Dehkordi, récompensé de l’Étoile d’or par Paolo Sorrentino, a pleinement bénéficié de cette exposition médiatique après une première mondiale assez confidentielle au festival de San Sebastián. Son vendeur international, Indie Sales, et son distributeur français, Jour2Fête, ont pu s’appuyer sur cette deuxième fenêtre d’exposition offerte par Marrakech pour poursuivre leur travail.

Évolution du festival ces dernières années, sa place dans l’écosystème du cinéma mondial, importance du cinéma de patrimoine… L’interview sera à retrouver en intégralité dans le hors-série Boxoffice Pro spécial Ateliers de l’Atlas, à paraître en ligne et à Marrakech le 27 novembre 2023.

Rémi Bonhomme © Festival de Marrakech