Le CNC va lancer une mission sur la distribution

Olivier Henrard aux Rencontres de l'Arp, le jeudi 9 novembre 2023.

Lors des Rencontres de l’Arp, le directeur général délégué du CNC Olivier Henrard a rappelé les chantiers en cours, et annoncé une étude sur la distribution, dans l’idée de mieux soutenir sa prise de risque. 

Au cours du débat sur la “Création et diffusion du cinéma français”, proposé ce matin au Touquet par les cinéastes de l’Arp, la notion de “prise de risque” est revenue régulièrement : de celle des producteurs jusqu’à celle des exploitants, en passant, bien sûr, par celle des distributeurs indépendants. Éric Lagesse, dirigeant de Pyramide et coprésident du Dire, a ainsi souligné les investissements de plus en plus importants demandés au distributeur en amont, notamment sur le deuxième film d’un réalisateur au motif que son premier a bien marché. « Or ce sont les films qui génèrent des entrées qui nous permettent de continuer à prendre des risques. » Ce qui est de plus en plus rare. « La fermeture des salles a fait beaucoup de mal au cinéma d’auteur », estime en effet le distributeur, qui se réjouit des bons chiffres de la fréquentation globale, mais constate que le public, moins curieux, est revenu essentiellement sur « des valeurs sûres ». Et « pour lui donner envie, la réponse est politique : il faut concentrer les aides sur les films les plus pointus ».  

Aussi, parmi les chantiers du CNC énumérés par Olivier Henrard, on retiendra l’attention portée sur le secteur de l’édition-distribution, souvent montré comme le maillon structurellement le plus fragile de la filière. « S’il y a peu de défaillance – et même de nouveaux acteurs apparus ces dernières années , nous manquons de visibilité sur la réalité économique des sociétés de distribution. Le CNC va donc lancer une mission, qui sera confiée à une personnalité extérieure, pour établir un état des lieux du secteur, questionner la pertinence de la régulation et de nos soutiens aux distributeurs et faire des propositions pour accompagner davantage leur prise de risques. »

Les autres axes de travail du Centre ont été rappelés, à commencer par l’éducation à l’image, qui a aussi été au centre des débats de ce jeudi. L’accent est toujours mis sur “Ma classe au cinéma”, « même si l’Éducation nationale prend seule certaines décisions », comme récemment sur la formation des enseignants. L’accompagnement des dispositifs est en revanche « dans les mains du CNC », qui, à travers les nouvelles conventions avec les Régions, est parvenu à pousser pour des actions de médiation. Le renforcement du soutien aux « ciné-clubs » sera aussi au cœur de la coopération avec les collectivités territoriales. Par ailleurs, en 2024, « le CNC va remettre à niveau très substantiellement les moyens alloués à la Cinémathèque française ». Pour protéger la diversité, Olivier Henrard a cité le récent décret allant dans le sens du rapport Lasserre, ainsi qu’une « convention sur les lignes directrices pour de nouveaux engagements de programmation, qui devront trouver un miroir avec des engagements de diffusion ». La réforme art et essai, qui « aboutira au printemps 2024 », devra « valoriser davantage les exploitants qui prennent de vrais risques ». L’évolution de la chronologie des médias se poursuit, en attendant les nouvelles négociations au premier trimestre 2024, et sur la souveraineté de nos œuvres, sujet cher aux cinéastes de l’Arp, une mission a été lancée en juillet sur la propriété intellectuelle pour mieux la définir au niveau européen, le rapport étant attendu pour le printemps. Enfin, sur l’intelligence artificielle, le CNC « va s’y pencher sur les prochains mois. Alors qu’aux États-Unis, des garde-fous ont été trouvés pour les acteurs et les scénaristes, l’Europe et la France doivent aussi prendre leurs responsabilités ».

Olivier Henrard aux Rencontres de l'Arp, le jeudi 9 novembre 2023.

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