Fin du fonds Jeunes cinéphiles

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Lors de l’assemblée générale de la Chambre syndicale des cinémas Nord-Pas de Calais, le CNC a confirmé hier que le dispositif 15-25 ans ne sera pas renouvelé. La dotation qui y était consacrée sera reportée sur l’enveloppe art et essai… dont l’éventuelle réforme a aussi inquiété.

Au Kinepolis de Lomme hier, Corentin Bichet, chef du service exploitation du CNC, entérinait les doutes sur la poursuite du fonds Jeunes cinéphiles. Lancé en juillet 2021 et destiné à inciter les salles à des actions spécifiques pour les 15-25 ans, le dispositif a soutenu 212 salles dont 80 % art et essai, pour une dotation totale de 2 millions d’euros. Le président du CNC, Dominique Boutonnat, avait déjà annoncé lors du dernier congrès de la FNCF, cet arrêt probable afin de préserver l’enveloppe art et essai à 18 millions, somme octroyée depuis deux ans grâce aux mesures du plan de relance. Saluant le maintien de l’enveloppe globale, le président de la Fédération n’a toutefois pas caché sa déception : « Cet excellent dispositif va, au mieux, être pris en compte dans les nouvelles réformes art et essai ou, au pire, purement et simplement disparaître », a en effet réagi Richard Patry, soulevant aussi la question des salles non classées.

« Cela ne veut pas dire que nous abandonnons nos efforts pour les 15-25 ans, car il s’agit d’un sujet stratégique pour la fréquentation », a rassuré Corentin Bichet. « Nous allons y réfléchir dans le cadre de la réforme que nous menons avec les organisations professionnelles, afin d’en redéfinir ses contours. Nous attendions les préconisations du rapport Lasserre sur ces aspects. »

À ce sujet, le président de l’Afcae, Guillaume Bachy, n’a pas manqué de réagir sur « un rapport qui présente un ultra-libéralisme échevelé et vaillant, et de l’autre côté, une volonté d’être le plus conservateur possible, qui plus est dans un marché en pleine convalescence. On veut traiter le malade alors qu’il est à peine remis ». 

La sélectivité art et essai, qui selon le rapport Lasserre se baserait sur la potentialité commerciale des films et sur le nombre de points de diffusion, remettrait en cause « le rôle du collège de recommandation, et reposerait de fait sur la loi du marché et la seule stratégie des distributeurs », a abondé Guillaume Bachy. « Depuis la fin des VPF, il y a une amélioration de la rapidité d’accès aux films pour la petite exploitation et il ne faudrait pas qu’un dispositif tel que celui-là vienne remettre un coup de frein », a soulevé de son côté Richard Patry.

Guillaume Bachy, qui a fait état de la grande inquiétude de ses adhérents, regrette de surcroît que la question de la géographie des salles ne soit pas prise en compte. « Passer un film de Spielberg dans une salle de la ruralité, c’est déjà un travail art et essai ; l’accompagner d’une animation et d’une action en direction des jeunes, l’est encore plus. Le rapport ne parle pas du tout de cette part qualitative. » 

Ces premières réactions aux préconisations du rapport Lasserre, encore contenues, inaugurent les discussions interprofessionnelles qui vont suivre, non seulement sur la réforme art et essai, mais aussi sur les engagements de programmation. 

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