États-Unis : Après les scénaristes, les acteurs se mettent en grève

New York, NY - Picketers hold signs outside NBC Universal during the SAG-AFTRA strike in NYC. Actors are demanding a new contract with better wages, benefits and protections against AI. Pictured: SAG AFTRA Strike

Suite à l’échec des négociations avec les studios et services de streaming, le syndicat américain des comédiens est officiellement entré en grève ce jeudi à minuit, rejoignant les scénaristes. 3 points pour comprendre ces événements.

  1. Quelle est la situation ?

Depuis le 2 mai dernier, les scénaristes de la Writers Guild of America (WGA) sont en grève, après l’échec des négociations avec les principaux studios et plateformes de l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP). Les auteurs américains réclament une hausse de leurs rémunérations, face à l’inflation et alors que les revenus issus du streaming ont explosé, ainsi qu’un encadrement de l’intelligence artificielle, pour empêcher les studios de recourir à l’IA pour générer des scripts, ou reproduire les voix et image des talents. Des revendications logiquement partagées par la Screen Actors Guild – American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA), regroupant 160 000 actrices et acteurs, qui était en négociation depuis plus de quatre semaines avec l’AMPTP. Faute d’accord à l’échéance des discussions, et en raison de réponses « insultantes », la SAG-AFTRA a donc voté, comme pressenti, le début de la grève, effective depuis ce jeudi soir, minuit. « Nous n’avions pas le choix. C’est nous qui sommes les victimes. Nous sommes victimes d’une entité très cupide », a dénoncé Fran Drescher, la présidente du syndicat lors d’un point presse. « Si nous ne nous levons pas maintenant (…) nous risquons tous d’être remplacés par des machines et des grandes entreprises qui se préoccupent plus de Wall Street que de vous et de votre famille. » Pour l’AMPTP, « une grève n’est certainement pas le résultat que nous espérions car les studios ne peuvent fonctionner sans les artistes qui donnent vie à nos émissions de télévision et à nos films. Le syndicat a malheureusement choisi une voie qui entraînera des difficultés financières pour d’innombrables milliers de personnes qui dépendent de l’industrie ».

  1. Quels impacts ?

La production américaine se retrouve à l’arrêt, avec les tournages de films, séries et émissions TV suspendus aux États-Unis et dans le monde. Cela va obligatoirement impacter le calendrier de livraison des nouveaux projets, bien que sur le volet cinéma, les premiers effets se feront davantage ressentir à partir du second semestre 2024. À plus court terme, les conséquences sont notables puisque les statuts de la ​​SAG-AFTRA interdisent notamment aux membres d’assister aux avant-premières, de donner des interviews pour leurs projets ou de les promouvoir via les réseaux sociaux. Ainsi, dès l’annonce de la grève, le casting d’Oppenheimer a décidé de quitter l’avant-première londonienne du film de Christopher Nolan, organisée jeudi soir. La promotion du Barbie de Greta Gerwig va, elle aussi, se retrouver impactée, alors même que ces deux productions concentrent d’importants enjeux pour l’industrie. À moyen terme, les talents ne peuvent également pas participer à des remises de prix – les Emmy Awards, datés le 18 septembre, envisagent ainsi un report – et autres conventions, comme la prochaine Comic-Con de San Diego, ou même se rendre dans des festivals pour accompagner leurs films. De quoi fortement impacter l’aura des prochaines éditions de la Mostra de Venise (30 août au 9 septembre), de Telluride (31 août au 4 septembre) ou Toronto (7 au 17 septembre).

  1. Une grève historique

C’est la première fois depuis 1960 que scénaristes et acteurs débrayent conjointement. À l’époque, ils revendiquaient un certain pourcentage des profits réalisés par la revente à la télévision des films tournés depuis 1948. C’est Ronald Reagan (futur président des États-Unis) qui dirigeait la Screen Actors’ Guild et était finalement parvenu à négocier un nouvel accord sur les droits résiduels avec les studios. En 1980, les acteurs s’étaient à nouveau mis en grève, tandis que le dernier débrayage des scénaristes remonte à 2007-2008 et avait duré 100 jours, coûtant plus de 2 milliards de dollars à l’industrie. Que les deux métiers se retrouvent à nouveau sur les piquets de grève est donc historique et témoigne de l’ampleur de la situation qui, pour certains observateurs, pourrait s’étendre au minimum jusqu’à l’automne. 

New York, NY - Picketers hold signs outside NBC Universal during the SAG-AFTRA strike in NYC. Actors are demanding a new contract with better wages, benefits and protections against AI. Pictured: SAG AFTRA Strike

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