Le CNC a fait le bilan de son plan lancé il y a trois ans pour accompagner la filière cinéma dans sa transition écologique, et qui est voué à se renforcer.
« Grâce à ce travail collectif, nous avons pu mettre en place une politique qui, dans sa cohérence et son ambition, n’a pour l’instant pas d’équivalent dans le monde », a introduit le nouveau président du CNC, lors de la journée sur la transition écologique organisée le 11 mars. Une rencontre qui visait d’abord à faire le bilan du plan Action ! « et à réfléchir ensemble à de nouvelles pistes pour les trois prochaines années ».
Pour rappel, ce plan s’est dans un premier temps échelonné de 2022 à 2024 autour de quatre grands axes : mesurer, former, structurer et accompagner la filière. La politique environnementale du CNC a été lancée en 2021, avec la création de l’Observatoire de la transition écologique, pour poser des diagnostics. Des sondages auprès de tous les secteurs de la filière ont d’abord montré une implication croissante des professionnels, dont 87 % déclarent avoir mis en place des pratiques écologiques en 2023, soit 9 points de plus qu’en 2022… certes motivés par les contraintes financières et réglementaires, comme la hausse du coût de l’énergie pour les exploitants, ou l’éco-conditionnalité des aides à venir pour les producteurs.
Par ailleurs, plusieurs audits ont permis de mesurer l’impact environnemental des différents secteurs soutenus par le CNC : les salles en 2022 – suivi d’une étude sur les projecteurs xénon et laser l’an dernier – , les studios de tournage en 2023 et les studios d’animation en 2024.
Des études précieuses pour Gaëtan Bruel, qui souhaite désormais les inscrire dans une démarche plus prospective. « J’ai donc demandé aux équipes de l’Observatoire de la transition écologique de travailler à la définition de trajectoires cohérentes avec la stratégie nationale bas carbone (SNBC), pour toute la filière. » Les diagnostics environnementaux vont se poursuivre, avec notamment un audit de la distribution cette année.
De la sensibilisation des professionnels à la conditionnalité des aides
La sensibilisation passe aussi par la formation. D’abord dans les écoles de cinéma, par une formation initiale à l’éco-production, conçue avec le Bureau des acclimatations, la Base et Flying Secoya, et qui a déjà été suivie par 3 500 étudiants de 25 écoles depuis 2022. Quant à la formation continue qui s’adresse aux exploitants, Gaëtan Bruel a insisté « sur le fait que c’est une démarche incitative ». Le but étant, là encore, « d’aider les professionnels à réduire leur consommation et leur impact sur l’environnement en leur donnant des outils très concrets ».
Du côté de la production, les aides du CNC sont conditionnées depuis 2024 à la remise d’un double bilan carbone – un prévisionnel et un définitif –, y compris pour le jeu vidéo et l’animation depuis le 1er mars. Sur les 2 000 bilans reçus à ce jour, les premiers enseignements montrent, sans surprise, de gros écarts de l’impact carbone selon le coût des projets, mais aussi selon les outils (SeCO2, Carbon’Clap et Carbon Stage) et les méthodes utilisées. Pour une meilleure évaluation des résultats, il est donc envisagé d’établir une méthodologie commune et d’agréger les outils.
Pour l’heure, il suffit de réaliser et de fournir ces bilans carbone : les aides ne sont pas attribuées en fonction du résultat. Cela pourrait évoluer, du moins sous forme d’incitation, comme l’a demandé Rachida Dati. « La ministre de la Culture souhaite que le CNC puisse proposer, d’ici le mois de mai, un coup de pouce aux porteurs de projets qui feraient leurs meilleurs efforts. Nous travaillons donc en ce moment même à un dispositif incitatif attaché au référentiel Afnor », a en effet indiqué Gaëtan Bruel.
Ce référentiel Afnor, mis à disposition des professionnels depuis l’an dernier, est un mode d’emploi pour une production écoresponsable, adapté aux spécificités de chaque projet et qui recense 28 actions impactantes. Pour le président du CNC, il a pour vocation, à terme, « de devenir une norme et le socle de mesures incitatives pour aider les professionnels ».
De façon plus générale, les normes environnementales peuvent devenir une nouvelle opportunité pour la filière, comme cela a été débattu lors de la journée au CNC. Et la France peut devenir un exemple, comme l’a souligné Gaëtan Bruel. « Je me réjouis de voir ces sujets s’imposer dans les discussions à l’échelle de l’Europe. La France a beaucoup à apporter, grâce à tout ce que nous avons mis en place depuis quatre ans. Et elle est toujours ouverte aux bonnes idées des autres. »
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