Distributeurs et exploitants demandent des aides massives pour pallier la chute du box-office liée au passe sanitaire

© Norbert Scanella / Panoramic / Bestimage

[Mis à jour] Dans un communiqué, la Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF) et la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) en appellent aux pouvoirs publics pour compenser le préjudice économique causé par ces nouvelles mesures.

L’impact de la mise en place du passe sanitaire dans les cinémas, ou a fortiori d’une jauge limitée à 49 spectateurs, ne s’est pas fait attendre : le box-office national a ainsi plongé de plus de 70 % sur la journée du mercredi, par rapport au mardi. Certains films en seconde semaine d’exploitation ont même chuté plus brutalement, à l’instar de Fast 9 (-92 %). « C’est une catastrophe industrielle pour les éditeurs-distributeurs de films qui avaient fait le pari de relancer le marché cinématographique en plein été, au bénéfice de toute la filière. Ils ont pris tous les risques en investissant dans les œuvres et dans leur promotion, afin de proposer une offre riche et diversifiée à destination de tous les publics », déplore ainsi la FNEF. De son côté, la FNCF critique que « l’extension du passe sanitaire au seul secteur de la culture ait été mise en œuvre de façon prématurée sans aucune préparation ni anticipation », pointant par exemple le règlement « au jour le jour de nombre de sujets comme le contrôle d’identité » par le gouvernement. Une mesure « précipitée » qui sonne comme « le coup de grâce pour une profession qui avait déjà été très durement éprouvée, et qui se sent aujourd’hui sacrifiée », abonde la fédération des éditeurs. 

Un véritable coup d’arrêt alors qu’une réelle dynamique s’était enclenchée depuis la fin juin, initiée par le succès de la Fête du cinéma, puis portée conjointement par le Festival de Cannes et d’importantes locomotives américaines, permettant aux salles d’enregistrer plus de 6,5 millions d’entrées sur la première quinzaine de juillet. Mais depuis mercredi, les signaux sont plus alarmants, et la FNEF craint pour la survie du secteur : « Sans les investissements des distributeurs, la production de films est condamnée et l’exploitation en salles ne peut survivre. Sans équilibre économique et financier, les films seront massivement déprogrammés des salles au bénéfice des plateformes numériques, signant ainsi la fin de notre modèle culturel. »

C’est pourquoi les éditeurs/distributeurs demandent aux pouvoirs publics de mettre en place un plan d’aides massif en faveur de la distribution, autour de deux priorités : 

  • Une indemnisation des frais engagés pour les films dont l’exploitation a été quasiment stoppée, et pour les films à venir dont les investissements ne peuvent plus être récupérés ; 
  • Une compensation de la chute de la fréquentation pour tous les films en exploitation.

Dans l’attente de la conclusion de la procédure devant le Conseil d’Etat – l’audience a lieu à 15h –, la FNCF « exige une action rapide et déterminée » des pouvoirs publics, :

  • Instaurer à nouveau le Fonds de solidarité, les exonérations de charges et le dispositif d’activité partielle dans les mêmes modalités qu’au mois de mai lors de la réouverture des salles.
  • Initier un plan de soutien massif pour la prise en charge des coûts de mise en œuvre du passe sanitaire et bien sûr de compensation de la baisse massive de la fréquentation.

Pour la FNEF, « si un signal n’est pas donné aux acteurs économiques du secteur dans les prochaines heures, il faudra s’attendre à n’avoir dans les salles qu’un écran noir. Le pays de l’exception culturelle se doit de sauvegarder les œuvres, les entreprises et les talents qui constituent sa force vive. C’est une question de survie pour toute une filière. »

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