La comédie d’Artus a franchi le cap symbolique ce week-end. Retour en chiffres sur une carrière aussi exceptionnelle qu’inattendue, qui reflète le fabuleux destin de quelques comédies familiales françaises à la fréquentation prolongée
Il aura fallu attendre sa seizième semaine d’exploitation pour qu’Un p’tit truc en plus dépasse les 10 millions (M) de spectateurs. Si la forte communication sur les réseaux sociaux – ainsi que le succès qu’elle a rencontré – présageait une belle performance, rien ne laissait penser que la comédie distribuée par Pan Distribution atteindrait de telles hauteurs. Et pourtant, un premier jour historique à 250 000 tickets pour 145 entrées par séance (e/s) bouscule une fréquentation jusqu’alors très pâle, et fait passer l’année 2024 au-dessus du niveau prépandémique pour la première fois.
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Les chiffres donnent le tournis. Sept semaines en tête du box-office, 31e plus gros succès en France et le dixième plus important pour une comédie française*… Un p’tit truc en plus est devenu un événement qui a attiré les spectateurs les plus occasionnels, qui ne s’étaient pas rendus au cinéma depuis plusieurs années, en plus d’occuper une place importante dans le débat public, notamment sur la place accordée aux personnes handicapées dans la société.
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Un parcours digne d’un phénomène français
La comédie d’Artus est le deuxième film de la décennie à dépasser les 10 M d’entrées, après les 14,2 M d’Avatar : La Voie de l’eau, et le premier film français à réaliser cet exploit depuis les 12,3 M de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? en 2014. Sa trajectoire se rapproche toutefois davantage de la comédie d’UGC que du blockbuster américain, en témoigne le taux de transformation par rapport à la première semaine. Ce coefficient est obtenu en divisant les entrées totales d’un film par celles réalisées lors de sa première semaine, et rend compte de sa performance dans le temps. Depuis 2010, un long métrage qui écoule au moins 5 M de tickets affiche, en moyenne, un taux de transformation de 3,72 ; Un p’tit truc en plus en est déjà à 9,1, le deuxième résultat le plus important derrière les 9,2 d’Intouchables, qui s’était arrêté à 19,4 M d’entrées. Le long métrage de Pan devrait donc très certainement dépasser le taux de transformation de celui de Gaumont dans les prochains jours.
Il apparaît également que les quatre premiers films de la liste sont des comédies familiales françaises, à savoir Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? (taux de 7,4), La Famille Bélier (7,7 M d’entrées en 2014, taux de 7,7), et donc le long métrage d’Artus et celui de Toledano et Nakache. Ces quatre films ont fait preuve d’une excellente tenue en restant de nombreuses semaines à plus de 100 000 entrées : Intouchables s’est maintenu au-dessus de ce niveau pendant 15 semaines, 14 pour La Famille Bélier, 20 pour le Bon Dieu et, à l’heure actuelle, 15 pour Un p’tit truc en plus. À l’inverse, certains blockbusters américains ont obtenu depuis 2010 un cumul important, mais n’ont pas fait preuve de la même longévité par la suite. Par exemple, en 2019, Avengers : Endgame réalise 6,9 M d’entrées mais ne reste que six semaines au-dessus des 100 000, pour un taux de transformation de 2. Un cap tenu huit semaines pour Le Roi Lion de 2019, qui obtient un taux de 3,1 alors qu’il écoule plus de 10 M de tickets.
Le taux de transformation met ainsi en valeur une certaine typologie de films qui “rassemble” dans la durée, celle de comédies familiales françaises, souvent teintées de drame. En raison d’une combinaison au démarrage souvent inférieure à d’autres longs métrages, elles se déploient davantage dans le temps et deviennent alors des phénomènes pour les salles de cinéma, continuant à les remplir semaine après semaine. Des films avec un p’tit truc en plus, en somme.
*Chiffres arrêtés au 19 août 2024.
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