À l’occasion d’une table ronde organisée lors du Festival de Cannes, la ministre déléguée chargée des personnes âgées et des personnes handicapées a rencontré des professionnels du cinéma pour échanger sur la place des personnes en situation de handicap au sein de la filière.
En France, 12 millions de personnes (soit près de 18 % de la population) sont concernées par le handicap, qu’il soit sensoriel, physique ou cognitif. Dans ce contexte, Fadila Khattabi, ministre chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, confirme que « l’information sur l’accessibilité du secteur est la première étape à franchir dans cette marche vers l’inclusion totale ». Un point de vue partagé par l’ensemble des panélistes, à l’instar d’Amalric Gérard, acteur aperçu notamment dans Plus belle la vie, et dont le premier long métrage, L’Ennemi public n°0, sort en salles ce 29 mai sous pavillon OpeRett. Tous les participants ont travaillé bénévolement sur le film – qui est aussi le premier au monde intégralement tourné en caméra immersive 360° – afin que les recettes aillent à la recherche médicale sur le Syndrome de Rett. Un modèle exemplaire qui illustre aussi, comme le rappelle le réalisateur, le rôle pédagogique du cinéma sur ces sujets, tandis que la ministre souligne que « les multiples regards sur les personnes handicapées, tels qu’Un p’tit truc en plus ou encore les Jeux paralympiques, leur offrent une importante visibilité ».
La nécessité d’informer induit la nécessité de former. Pour Agathe de Foucher, secrétaire générale de la Fédération nationale des cinémas français, « il est important que les agents de cinéma soient en capacité d’accueillir des personnes porteuses de handicap ». Et notamment pour mieux communiquer, comme souligne Marion Rosset, directrice générale d’ADDE, société spécialisée dans la conceptualisation, fabrication et installation de matériel audiovisuel : « les personnes valides vont parfois voir un film avec des sous-titres SME sans le savoir, car cela n’a pas été communiqué par le cinéma ».
Ces formations – telles que celles lancées par Ciné Sens ou la CST et l’association Inclusiv – doivent, enfin, aboutir à des actions. Julien Marcel, directeur général de The Boxoffice Company et Président de la fondation culture & handicap (sous égide Perce-Neige), rappelle l’importance de « trouver des solutions techniques et partager des normes communes, avec l’aide des pouvoirs publics, des associations et des entreprises privées ». Un travail main dans la main donc, car « il faut ajouter les pierres à l’édifice de manière collective », affirme Richard Patry, président de la FNCF.
C’est ainsi « à la société de s’adapter aux personnes porteuses de handicap, et non l’inverse », explique Fadila Khattabi, qui compte suivre de près toutes les innovations mises en place pour améliorer l’accessibilité des espaces culturels. À ce titre, après la montée des marches de l’équipe d’Un p’tit truc en plus durant laquelle l’acteur et réalisateur Artus a porté une personne handicapée physique, la ministre a assuré que « dès 2025, les marches du Festival devraient être accessibles pour tout le monde ».
À côté du sujet de l’accessibilité des personnes à mobilité réduites (PMR) et des personnes atteintes de déficiences sensorielles, le sujet du handicap mental et des troubles du spectre de l’autisme a également été présent dans les échanges, notamment avec la présence de la cofondatrice de Culture Relax, Catherine Morhange. Aux côtés de Julien Marcel, également membre du conseil d’administration de l’association, cette dernière a rappelé l’importance de prendre en compte tout ce qui peut éloigner certains publics et insisté sur le défi de l’acceptation par la société des nécessaires adaptations. « Avec ou sans handicap, le cinéma, c’est pour tout le monde ! », a rappelé la présidente de l’association qui organisera partout en France le 25 mai des séances Relax du film d’Artus.
Par ailleurs, en marge de cette rencontre, Fadila Khattabi a tenu à saluer la signature par la Fondation Perce-Neige et la Ville de Boulogne-Billancourt d’un pôle culturel inclusif comportant 5 salles de cinéma : « Une très belle initiative qui va permettre à de nombreuses personnes porteuses de handicap de s’insérer, d’avoir une vraie vie sociale. C’est un très beau projet qui correspond pleinement à la société inclusive que nous appelons de nos vœux. »
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