Du Périgord au Luberon, ces deux cinémas indépendants de centre-ville, de respectivement six et trois écrans, s’apprêtent à écrire une nouvelle page de leur histoire.
Tenu par la famille Vialle depuis trois générations, Le Rex de Sarlat (Dordogne) a été vendu à Cédric Aubry, président des Cinémas Confluences, et Julien Robert. Une surprise quand on connaît la passion d’Arnaud Vialle pour faire vivre son établissement, dont il avait repris les rênes en 2006, à la suite de ses parents et grands-parents. Le cinéma, classé art et essai depuis 35 ans et doté des trois labels, avait réalisé 153 000 entrées en 2019, fort de sa convivialité et de son travail assidu en direction de tous les publics, jeunes et scolaires en particulier.
« La période que nous venons de traverser nous a beaucoup fait réfléchir et je souhaite passer à une autre étape de ma vie », explique Arnaud Vialle. « L’exploitation est un métier de passionné qui nécessite beaucoup de temps et d’implication personnelle. Je suis confiant et heureux de cette passation, sachant que les Sarladais continueront de bénéficier d’un cinéma dynamique dans leur ville ».
À l’occasion de cette acquisition dont il est actionnaire majoritaire, Cédric Aubry s’associe avec Julien Robert, directeur du Confluences Varennes-sur-Seine. « Sarlat est loin de mes bases. Si je me lance dans ce projet, avec beaucoup d’humilité, c’est parce que je suis content d’accompagner Julien Robert qui souhaite devenir exploitant et sera totalement impliqué en local », commente le directeur général. « La famille Vialle et les équipes en place ont fait un formidable travail d’animation et de programmation. Nous nous devons d’être à la hauteur de ce cinéma dont l’exploitation est déjà optimisée. Notre objectif est de continuer à faire aussi bien, avec l’avantage du soutien logistique et des économies d’échelle que permet l’intégration à un groupe. » C’est la première association pour Confluences, qui posera son enseigne dès fin janvier.
Et c’est une étape importante pour le Rex, qui s’était réinventé au fil des années, mais toujours au sein de la famille Vialle. D’une salle unique de 700 places, inaugurée en 1957 par Jeanne et Martial Vialle, transformée en complexe de quatre écrans par Maïthé et Bernard Vialle dans les années 80, le cinéma avait été métamorphosé par leur fils Arnaud en 2014, pour devenir le Rex actuel, doté de six salles mais aussi d’un hall de 160m² et d’un bar à vin. Un vrai “lieu de vie”, accueillant expositions et rencontres culturelles, pour un cinéma privé mais dont Arnaud Vialle tenait à la mission de service public. « Tout cela a été porté par le dynamisme et l’expertise de Blandine Bollier, ma compagne, que je tiens à remercier, ainsi que les équipes, les distributeurs et partenaires avec lesquels j’ai partagé 26 ans de passion », conclut Arnaud Vialle. De son côté, Julien Robert conservera l’équipe actuelle et poursuivra la ligne éditoriale du Rex.
Même timing, à quelque 600 kilomètres de là, dans le Luberon, où Jimi Andreani et Jean-Paul Enna, propriétaires du César à Apt (Vaucluse) depuis 2018 – mais où ils étaient chez eux en tant que programmateurs depuis vingt ans – prennent leur retraite et cèdent leur fonds de commerce au groupe Confluences, qui a pu par ailleurs en acquérir les murs. « C’est un achat coup de cœur plutôt qu’un enjeu économique ! Le Luberon est une région que j’adore. Ce cinéma est un écrin qui fonctionne avec une équipe dynamique, dont Victoria Andreani, la fille de Jimi », explique Cédric Aubry. Triplement labellisé art et essai, le site de trois salles et 413 fauteuils, qui accueille notamment chaque année le Festival des cinémas d’Afrique du Pays d’Apt, avait réalisé 63 000 entrées en 2019. Ses deux exploitants locaux avaient, là aussi, totalement rénové le hall, pour créer un espace particulièrement chaleureux.
« Quand nous avons racheté Le César, qui était passé quelques années dans les mains de Cap’Cinéma puis de CGR, nous avons regagné 10 000 entrées en un an », relate Jimi Andreani. Mais le Covid a tout bouleversé. « Au vu de notre âge, il devenait difficile pour Jean-Paul et moi de nous projeter dans la durée pour redynamiser à nouveau l’activité, d’autant plus que les relations avec les distributeurs sont devenues éprouvantes. Et pour moi, aujourd’hui, après les effets des confinements, il y a une vie en dehors du cinéma. » La transmission à Cédric Aubry s’est faite « de façon simple et évidente, et il garde l’équipe en place », poursuit l’exploitant récemment retraité, mais qui reste président de l’association gérant le Cinématographe de Château-Arnoux (Alpes-de-Haute-Provence) et continue, avec son complice Jean-Paul Enna, à programmer les Rencontres du Sud à Avignon.
De son côté, Cédric Aubry ne s’arrête pas là puisque il entamera en janvier l’extension du Confluences Mennecy, premier cinéma historique du groupe. Trois nouvelles salles et 100 fauteuils supplémentaires, portant la capacité totale à six écrans et 425 sièges, seront prêts à accueillir les spectateurs dès la fin du premier semestre 2023. « Ce seront des salles de 35 sièges chacune, qui permettront de diversifier la programmation et de proposer de l’événementiel et des locations », explique l’exploitant.
Revoir l’Émission avec Cédric Aubry
L’entrepreneur, qui est aussi fournisseur de cinémas clé-en-main, a par ailleurs commencé la construction du Grand Club, complexe de trois salles à Gien pour le compte de Clémence Zacharie et Grégoire Reynaud pour une ouverture en mai 2023. Cedric Aubry accompagne les projets d’autres exploitants à l’instar de l’établissement de la famille Fourneau à Romorantin ou celui d’Éric Dubot à Challans.
Au printemps 2023, Cinéma Confluences comptabilisera donc huit sites et 40 écrans. « Je suis très optimiste pour le cinéma malgré cette période difficile. Je pense que le marché va sensiblement revenir à la normale fin 2023 ou 2024. Néanmoins, la question de la hausse des prix de l’énergie est vraiment cruciale. La plupart des contrats arrivent à échéance fin décembre. Le début d’année sera dangereux pour beaucoup de salles », alerte Cédric Aubry.
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