Maxime Saada : « Le cinéma français est très largement financé par des fonds privés »

Maxime Saada lors des Rencontres de l'ARP 2022 © Susy Lagrange pour l'ARP

Dans un entretien accordé au Film Français ce 19 mai, le président du directoire du groupe Canal+ confirme la résolution du conflit avec Disney, avec la diffusion d’Avatar 2 dès le 14 juin. Il insiste par ailleurs sur la valeur du cinéma français, dont il est le premier financeur privé, et son attachement à la fenêtre salle.

« Je pense que nous atteindrons plus de 200 millions d’entrées salles cette année », estime Maxime Saada, se réjouissant à la fois de la qualité et du volume du cinéma français et de la résilience des salles, citant notamment le succès de Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, distribué par Studiocanal. Alors que le sénateur Karoutchi pointait, il y a quelques jours dans son rapport, une sur-abondance de financements publics pour le secteur, le président Saada rappelle que « le cinéma français est très largement financé par des fonds privés, au premier rang desquels Canal+. » Il précise en effet que « Canal+ et Ciné+ investissent plus de 200 M€ chaque année, soit plus que toutes les autres chaînes et plateformes réunies.»  

Maxime Saada souligne aussi l’importance du crédit d’impôt, « essentiel au cinéma français ». Pour lui, « il faut pérenniser ce système. Plus généralement, il faut veiller à l’équité entre tous les acteurs publics comme privés, plateformes comme chaînes de télévision ».

Concernant l’accord de la chronologie des médias, qui a vu la fenêtre de Canal+ passer de 8 à 6 mois, Maxime Saada explique « ne pas souhaiter avancer davantage afin de préserver la valeur de la fenêtre salle. Car au-delà de l’aspect financier, seule la salle fait d’un film un événement. » D’autant plus que « la position des plateformes dans la chronologie des médias est déjà très avancée au regard de leur contribution […] et si les plateformes sont aujourd’hui à 15 ou 17 mois, je rappelle qu’elles ont la possibilité de choisir le même régime que Canal+. » Notons que le conflit avec Disney, concernant la mise à disposition des titres du studio américain sur la chaîne cryptée dès 6 mois, « sera résolu dès les prochains jours ». Pile à temps pour les 6 mois d’Avatar : La Voie de l’eau, qui sera disponible en France sur Canal à partir du 14 juin… et dans le reste du monde sur Disney+, dès le 7 juin.

Plus largement, Maxime Saada confirme que Canal+ a proposé un nouvel accord avec le cinéma français « pour un montant supérieur à 1 milliard d’euros sur 5 ans en intégrant les obligations d’OCS ». La proposition est ouverte : « Il faut que les organisations du cinéma aient envie de saisir cette offre. »

Il faut aussi que Canal soit rassuré sur le taux réduit de TVA dont il bénéficie, en contrepartie de son financement du cinéma français et européen. « On nous menace de passer à une TVA de 20% avec des arguments incompréhensibles de notre point de vue en nous considérant comme une plateforme délinéarisée. Or près de 90% de la consommation de Canal+ est linéaire et 95% des coûts de programme sont directement liés à la diffusion. Nous n’avons jamais eu autant de chaînes qui rencontrent un vrai succès, à l’image de Canal+ Grand Écran, lancée il y a un an. Nous avons également renouvelé notre fréquence TNT. La balle est dans le camp du gouvernement », souligne le directeur du groupe.
Au vu d’une demande toujours plus forte pour les films – en témoignent les plus de 100 000 jeunes ayant souscrit en quelques semaines à l’offre -26 ans, dont « 88 % sont venus pour le cinéma, contre 80 % pour les séries et 48 % pour le sport » – Canal s’apprête par ailleurs à lancer une nouvelle chaîne. Canal+ Box-Office deviendra ainsi « un nouvel outil de valorisation du cinéma » pour mettre en avant « les films les plus puissants de l’offre » – ceux des studios américains – et sera lancée le 30 août prochain à l’occasion de la Mostra de Venise.

Maxime Saada lors des Rencontres de l'ARP 2022 © Susy Lagrange pour l'ARP

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