La Médiatrice du cinéma a publié son rapport annuel, avec comme question centrale l’accès aux films porteurs pour la moyenne exploitation et les salles Art et Essai.
Au cours de l’année 2018, le rapport nous apprend que 68 demandes de saisines ont été formalisées, soit 21 de moins qu’en 2017. Les médiations sont principalement demandées par les exploitants (53 sur 68) très majoritairement issus de la moyenne exploitation (74 % des 53 saisines). La proportion d’établissements demandeurs non classés Art et Essai a sensiblement augmenté (à hauteur de 40 %) bien que la majorité des demandeurs restent classés Art et Essai (60 %). La plupart des demandes sont relatives à l’accès aux films ou plus largement aux conditions de placement d’un film. 61 demandes (soit 90 %) ont eu pour objet l’organisation d’une réunion de conciliation entre exploitant et distributeur en vue du règlement d’un litige relatif au placement d’un ou plusieurs films (contre 83 % en 2017, soit une augmentation de 7 points).
Les films les plus demandés en 2018 par les exploitants ont été Le Grand Bain (10 demandes) et Green Book (6 demandes). Dans la diversité des films demandés, on note une majorité de films français (32) ; viennent ensuite films américains (16), européens (6), puis d’autres nationalités (7). Les demandes augmentent considérablement lors de la seconde partie de l’année, avec un pic en octobre (il s’agit d’une constante chaque année). À Paris, les demandes ont baissé et comptabilisent 25 % de l’ensemble des demandes en France contre 33 % en 2017 et 48 % en 2016. Quant à l’issue des demandes de médiation, le rapport note une hausse des demandes d’injonction et une baisse des rejets d’injonction. Dans 51 cas (75 %), une solution a été trouvée et 13 cas n’ont pas permis de faire émerger un accord à l’amiable. À noter par ailleurs que 12 distributeurs ont pris l’initiative de 15 médiations.
Au 18 mars 2019, 58 avis ont été émis par le Médiateur sur les engagements de programmation et de diffusion reçus entre 2018 et 2019 pour 2019-2021. 11 provenaient de groupements et d’entente, 28 d’entreprises propriétaires (dont 25 exploitants de 8 écrans et plus). Les engagements pris pour ces dates sont actuellement en cours d’homologation par le CNC.
Temps forts 2018 et perspectives 2019
La recommandation Art et Essai a priori, mise en place cette année, est un outil précieux pour d’éventuelles médiations. Mais 2018 a encore été marquée par de nombreuses demandes des salles Art et Essai des grandes villes concernant des films porteurs. Ces établissements ont alerté le Médiateur sur ce qu’ils estiment être une stratégie, de plus en plus récurrente de la part des distributeurs, privilégiant une sortie dans les complexes « Grand Public » de ces villes.
Pour 2019, une réflexion est en cours afin d’effectuer un bilan de la recommandation d’août 2017 sur les 2 et 3 écrans. Les professionnels concernés sont invités à établir une typologie de films qui pourraient bénéficier de la multiprogrammation. En outre, un questionnaire a été envoyé aux organisations professionnelles afin d’évaluer l’impact de la recommandation et la faire évoluer.
Par ailleurs, de nouvelles problématiques liées à la multiplication d’offres “Premium” apparaissent. La Médiation, tout en reconnaissant que ces technologies participent de la promotion, du renouveau et de l’attractivité de l’expérience en salles, suit attentivement le développement des avant-premières massives qui sont susceptibles de perturber le marché. C’est pourquoi des précisions à apporter à la recommandation de septembre 2017 sur la sortie anticipée d’un film sont en cours d’étude. En outre, une attention particulière sera portée à la l’attribution de labels qui peuvent dans certains cas fausser le jeu de la concurrence. Une recommandation visant à rappeler certains principes partagés vient d’être rédigée.
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