Le Nom de la rose, la réédition miracle de l’année

Le Nom de la rose a été projeté dans la salle Infinite du Grand Rex.

La restauration 4K du polar médiéval est l’un des plus gros succès du patrimoine en 2024, avec 42 000 entrées depuis sa ressortie, le 21 février. Son distributeur, Les Acacias, revient sur la carrière de ce classique de Jean-Jacques Annaud, qui a fait l’objet d’une « étude de cas » le 16 octobre dans le cadre du MIFC au festival Lumière.

« J’ai éprouvé beaucoup de chagrin pendant une dizaine d’années… Le Nom de la rose, un de mes films préférés, n’était plus visible au cinéma », témoignait Jean-Jacques Annaud dans son livre Une vie pour le cinéma (2018). Le retour en salles de ce palimpseste cinématographique aux 4,9 millions d’entrées lors de sa sortie en 1986, dont la restauration 4K fut présentée pour la première fois l’année dernière au Festival Immagine Ritrovata de Bologne, sonnait alors comme une bénédiction. Rien pourtant n’augurait un tel succès en salles, si ce n’est le tremplin offert par le Festival Lumière en 2023, qui a permis de prendre le pouls de la popularité du film : « L’Institut Lumière nous a fait un beau cadeau en nous proposant de le diffuser à la Halle Tony Garnier en clôture du Festival. La projection a rassemblé près de 5 000 personnes ; cela nous a donné un petit indice sur la place qu’occupe ce film dans le cœur et l’esprit des gens », indique Jean-Fabrice Janaudy, gérant des Acacias et amoureux de l’œuvre depuis son jeune âge.

Avant cette restauration, le destin du film s’apparentait pourtant à un chemin de croix au regard des problèmes juridiques entre les producteurs allemands et italiens. TF1 Studio a toutefois réussi à sortir de cet imbroglio avec les droits de diffusion, faisant de la France le seul pays où le film est exploitable en salles, après plusieurs années d’invisibilité. « Ils ont ensuite assuré la restauration de l’œuvre, et comme nous gérons une partie du catalogue de TF1 pour la diffusion salle, il était évident que nous nous occupions de la distribution. »

Chronique d’un succès surprise

Cet amour de l’équipe pour le film s’est matérialisé en un intense travail de promotion sur les réseaux sociaux, avec la diffusion d’un nouveau film annonce, mais plus largement via des médias prescripteurs : « Le fait que Jean-Jacques Annaud se soit rendu disponible pendant plusieurs semaines pour assurer des entretiens dans la presse écrite, radio et télévisée a été une grande chance pour nous, car, quand il s’agit de patrimoine, les réalisateurs ne sont souvent plus là pour parler de leur film », manifeste Jean-Fabrice Janaudy. Malgré les passages remarqués en festivals et l’éminente campagne de communication, la distribution en salles s’est avérée plus alambiquée qu’il n’y paraît. « Le film n’est pas aussi populaire que Les Aventures de Rabbi Jacob ou Le Dîner de cons, mais il n’a pas non plus la place que l’on imaginerait dans la tête des cinéphiles. Le positionnement des cinémas n’était donc pas forcément évident de prime abord. »

Avant cette restauration, le destin du film s’apparentait pourtant à un chemin de croix au regard des problèmes juridiques entre les producteurs allemands et italiens. © Les Acacias

Sur la première semaine, seulement 29 salles ont répondu à l’appel, à l’instar du Champo à Paris ; néanmoins, le long-métrage a joui d’une exposition certaine à la faveur d’une séance unique dans tous les Pathé de France, dans le cadre du programme “Il était une fois”, qui a rassemblé 4 000 spectateurs. Bientôt, l’ambivalence du film allait se transformer en une force, puisque Le Nom de la rose a galvanisé un large éventail de spectateurs – jeunes comme plus âgés – sur sa première semaine, au nombre de 13 000 avec les avant-premières, pour une impressionnante moyenne de 43 entrées par séance. « Plusieurs séances étaient accompagnées par Jean-Jacques Annaud, comme au Grand Rex à Paris ; une première dans ce cinéma pour nous. Il voulait également rencontrer des collégiens et des lycéens. L’Omnia de Rouen et le Festival d’Arras, très enthousiastes, ont organisé des projections scolaires mémorables en sa présence. Il y a également eu la retransmission du débat au Jean Eustache de Pessac dans une trentaine de cinémas, via l’Unipop », ajoute le gérant des Acacias.

Mécaniquement, l’effet “Annaud” a pris et, depuis, Le Nom de la rose a été projeté dans 478 cinémas, « ce qui est beaucoup pour du répertoire. À notre niveau, c’est inespéré même ». Bilan de la carrière à date : 42 000 entrées : « Ça fait 29 ans que je travaille dans le secteur et ma rencontre avec Annaud a été, en toute franchise, l’un des plus beaux moments de ma vie professionnelle », conclut-t-il. 

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Le Nom de la rose a été projeté dans la salle Infinite du Grand Rex.

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