Le cinéma français prend la défense de Mignonnes

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[Mis à jour] Attaqué par des élus ultra-conservateurs aux États-Unis pour ses « images sexualisées », le film de Maïmouna Doucouré reçoit le soutien de plusieurs organisations professionnelles du cinéma français.

En août, Netflix, qui détient les droits internationaux du long métrage, a lancé la communication de Mignonnes avec une affiche montrant les jeunes actrices dans des positions provocantes. S’est ensuivi une première vague de critiques obligeant la plateforme à s’excuser et à retirer le visuel « inapproprié » et « non représentatif de ce film ». Mais le mal était fait puisque la polémique est tombée dans le débat politique de la présidentielle américaine, alimentée par la frange conservatrice du Parti républicain qui dénonce les « images sexualisées » du film et en appelle au boycott, menaçant de saisir la justice.

Ce tollé n’a pas manqué de faire réagir quelques acteurs du cinéma français, à commencer par les cinéastes de l’ARP qui ont apporté leur soutien à la réalisatrice Maïmouna Doucouré. « Ce film est emblématique de l’indispensable liberté d’expression dont le cinéma, dans toute sa diversité, a besoin pour aborder des sujets dérangeants, donc nécessaires à l’exercice de la démocratie », écrivent-ils. Pour la Société des réalisateurs de films, également aux côtés de la cinéaste, « interdire à un film de représenter ce qu’il dénonce, c’est une censure, insupportable ». Pour sa part, le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) a « fermement dénoncé » la double attaque contre la liberté de la création et l’émancipation des femmes. Des accusations « en totale contradiction avec la démarche cinématographique de l’auteure et le sens même du film. [Mignonnes] dénonce un fait existant et bien réel : l’hypersexualisation des jeunes filles et les dangers des réseaux sociaux et n’en fait en aucun cas l’apologie ». Face à l’obscurantisme, le refus de l’affirmation des femmes et le culte de la censure, le syndicat salue « la sensibilité extrême d’un film qui parvient à exprimer le parcours difficile d’une adolescente qui échappe au joug des diktats patriarcaux pour s’en émanciper et construire sa propre personnalité et son propre destin ». Et conclut en mettant en garde Netflix « contre toute tentation de se soumettre aux injonctions de lobbies réactionnaires, hostiles à la liberté d’expression ». Position également partagée par UniFrance, pour qui « l’appel au boycott du film et à sa suppression sur la plateforme, les messages de haine et d’insultes et les procès d’intention envers la réalisatrice et ses producteurs, nous paraissent représenter une grave menace pour l’espace que le cinéma doit ouvrir : la discussion, la réflexion et le dépassement de ses propres préjugés ».

En France, Mignonnes cumule 78 000 entrées depuis sa sortie le 19 août sous bannière Bac Films. Face à la polémique, son président, David Grumbach, n’a pas caché son incompréhension dans les colonnes du Monde : « Au départ, nous pensions qu’il s’agissait juste d’un problème entre Américains. Nous sommes à présent très inquiets de cette dérive réactionnaire qui heureusement n’a pas cours en France. »

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