Après vingt-sept ans de bons et loyaux services, les huit salles du Mazarin, exploitées par la SAS Imberdis, ont fermé début août pour laisser place au Ciné Mazarin. Passage au numérique, ajout de deux salles, augmentation du nombre de fauteuils… Pour son déménagement, le cinéma historique de Nevers s’est offert une cure de jouvence en entrant de plain-pied dans la modernité avec, à terme, un objectif ambitieux : doubler sa fréquentation.
Le 15 août dernier, les Neversois ont enfin pu découvrir ce qu’ils attendaient depuis plusieurs années déjà : le Ciné Mazarin, successeur du Mazarin, cinéma historique de Nevers. Seule exploitation de la ville depuis la fermeture du Palace en 1989, le Mazarin avait ouvert ses portes en 1984. À l’époque, le complexe ne compte que six salles, auxquelles deux autres seront rajoutées une dizaine d’années plus tard. «Le Mazarin correspondait vraiment à ce qui se faisait dans les années 80», souligne Line Davoine, propriétaire du réseau CinéAlpes, qui exploite dix-sept cinémas. Le lieu étant trop étroit pour que des salles soient rajoutées et n’étant pas adapté à une rénovation de grande ampleur, Gérard Davoine avait opté, courant 2009, pour la construction d’un multiplexe. Il sera finalement érigé sur les anciens entrepôts de la Sernam, à 150 mètres seulement des locaux d’origine. «La municipalité avait à cœur de maintenir le cinéma en centre-ville», précise Line Davoine. En juin 2011, la première pierre est posée. Les travaux se terminent quelques jours seulement avant l’ouverture, qui intervient le 15 août dernier. Financé à 100 % par la SAS Imberdis, qui a délégué sa gestion à CinéAlpes, déjà exploitant du Mazarin, ce projet aura nécessité un budget de 8 millions d’euros. Un investissement conséquent qui prend tout son sens au vu des infrastructures de ce nouveau cinéma.
«Un multiplexe de nouvelle génération»
10 salles équipées en numérique – dont quatre disposent de la 3D passive -, 1816 places (pour seulement 1127 auparavant), 5000 m2 de locaux, un projecteur 4K… Pour les spectateurs du Mazarin, habitués à des locaux devenus vétustes au fil du temps, la transformation est saisissante. Afin de proposer un confort maximal, des fauteuils club, avec des accoudoirs de 60 cm de large, ont également été installés. Ce déménagement aura aussi été l’occasion d’augmenter la capacité de chacune des salles, mais aussi la taille des écrans. Enfin, le complexe est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite, qui pourront bénéficier de 49 fauteuils sur l’ensemble du site. «C’est un multiplexe de nouvelle génération», indique Line Davoine, ajoutant que «nous avions deux buts en construisant ce cinéma : faciliter le parcours du spectateur et faire en sorte que ces nouveaux locaux créent une rupture avec leur quotidien. Pour ce faire, nous avons beaucoup travaillé sur les lumières et les couleurs. ». Les couleurs chaudes (rouge, violet, orange…) trustent désormais les murs et le sol du Ciné Mazarin, conférant au multiplexe un aspect convivial. Petit plus pour les spectateurs : en dépit du lourd investissement engendré par la construction de ce nouveau cinéma, le prix des places n’a pas augmenté.
Une programmation diversifiée
Au-delà de la simple amélioration de ses infrastructures, la construction de ce site devrait également avoir une influence sur la programmation du Mazarin. Selon Line Davoine, passer de huit à dix salles permettra notamment «d’apporter de la diversité et de garder certains films à l’affiche plus longtemps ». La programmation, justement, est très hétérogène, mêlant blockbusters américains, films d’auteurs et œuvres à destination du jeune public. Le Ciné Mazarin diffuse des films d’Art & d’Essai par l’intermédiaire de l’Association des Cinéphages de Nevers (ACNE), qui en assure la programmation. Chaque semaine, l’ACNE propose entre un et deux films art et essai, précédés d’un court-métrage, les jeudis, lundis et mardis. Si, pour le moment, la VO n’est proposée que pour ce type de longs-métrages, Thomas Graux, le programmateur, réfléchit à la possibilité de l’étendre aux blockbusters et «aux films d’auteurs reconnus, comme ceux de Woody Allen par exemple », précise Line Davoine. «Nous essayons de mettre en avant toutes les facettes du 7e Art», ajoute-telle.«Comme le Ciné Mazarin est le seul cinéma de Nevers [qui compte 39000 habitants, NDLR], c’est plus facile ». D’autant plus facile que les multiplexes les plus proches, le Méga CGR de Bourges et le Cap’Cinéma de Moulins, se trouvent à une soixantaine de kilomètres du site, qui ne souffre donc pas vraiment de la concurrence.
Des prévisions ambitieuses
L’ajout de deux salles et de 700 places, conjugué à la mise en place d’infrastructures modernes, pousse le Ciné Mazarin à voir grand. Pour les années à venir, et une fois sa vitesse de croisière atteinte, le multiplexe mise sur 360 000 à 380 000 entrées par an. Un objectif ambitieux pour le cinéma, qui avait accueilli 190000 spectateurs en 2011. Mais les premiers retours des spectateurs semblent conforter les attentes d’Isabelle Zananiri, sa directrice. Le jour de l’ouverture du multiplexe, la matinée «portes ouvertes » avait attiré plus de 600 personnes, apparemment pleinement satisfaites par ce nouveau site. «Le cinéma était très attendu par les spectateurs », assure Line Davoine. Et les plans d’expansion de CinéAlpes ne sont pas prêts de ralentir puisqu’un multiplexe de 11 salles et 2064 fauteuils est actuellement en construction à Mâcon (Saône-et-Loire), où il devrait ouvrir fin 2012.
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