Xavier Albert : « Le contexte nécessite une réponse disruptive qui sera bénéfique à la filière »

INTERVIEW – Mourir peut attendre est désormais daté à novembre 2020. Et si Trolls 2 sortira bien en salles le 14 octobre en France, il s’apprête déjà à faire une tournée mondiale en premium VOD. Même avenir online pour The Hunt et Emma., retirés du calendrier français. Fort des nombreux débouchés de sa maison-mère NBCUniversal et de son actionnaire Comcast, Universal Pictures peut-il compter sur le marché VOD pour traverser la crise ? Réponse de Xavier Albert, directeur général de la branche cinéma française.

Quelles conséquences a cette crise pour vous et quels seront ses effets sur le secteur à plus long terme ?

La situation est très sensible et incertaine, nous ne pouvons faire que de la politique fiction. Si les salles rouvrent mi-mai, les films que nous venons de sortir, Le Voyage de Dr Dolittle et Invisible Man ne seront même pas encore dans la fenêtre VOD. Pour Invisible Man, nous avons réalisé 600 000 entrées ; nous aurions pu atteindre les 800 000 voire 850 000. Nous ne les récupérons pas en VOD. Quelle autre solution avons-nous ? C’est un marché qu’il faut regarder à un niveau microéconomique, au cas par cas.

Pour le secteur, il y aura un avant et un après. Et dans cet après, nous devrons être créatifs, ensemble, pour faire revenir le public, en réfléchissant à une opération de communication et tarifaire d’envergure, pourquoi pas un été du cinéma. Il faut trouver un compromis entre les distributeurs et les salles, mais il est nécessaire de réviser la chronologie des médias.

The Hunt, initialement prévu le 22 avril, sortira en VOD

L’aménagement provisoire de la chronologie des médias est donc pour vous incontournable ?

À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle ! Dans ce contexte, la chronologie des médias est un sujet qui nécessite une réponse disruptive qui sera bénéfique à la filière. Au niveau du groupe Universal, notre premier objectif est de défendre la salle, mais il faut aussi comprendre que lorsqu’un film s’arrête en pleine exploitation, les frais de sortie et de promotion sont une perte sèche pour le distributeur. 

Durant cette période atypique, je suis pour le raccourcissement de la fenêtre VOD, au minimum à trois mois au lieu de quatre, pour les films qui ont souffert de cet arrêt brutal, même ceux qui ont réalisé plus de 100 000 entrées. Au sein du SFAC, [Syndicat franco-américain cinématographique], nous sommes alignés sur notre position.

Mais attention, cet aménagement n’est pas l’eldorado, il s’agit d’un pansement sur une plaie béante. Le marché de la VOD en France n’est pas très porteur, notre public n’y est pas éduqué comme cela peut être le cas ailleurs. La réalité, c’est que nous devons nous serrer les coudes collectivement.

Trolls – Tournée mondiale, prévu le 1er avril, sortira bien en salles le 14 octobre 2020

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