Les éditeurs de la Fnef présentent leur feuille de route pour 2024

Une partie des membres du bureau de la FNEF ©Joëlle Dollé

La Fédération nationale des éditeurs de films, qui regroupe 47 structures, dresse le bilan de 2023 de ses adhérents et détaille ses priorités et ses enjeux pour l’année.

Alors que le marché est « encore en recul par rapport à son niveau pré-crise », les éditeurs-distributeurs de la FNEF ont « porté l’essentiel [de son] rebond » en 2023, estime la Fédération dans un communiqué. 7 entrées sur 10 ont ainsi été générées par ses adhérents –  dont, pour rappel, les filiales françaises des majors à l’exception de Disney – soit 117,8 millions de tickets – via 276 films – sur les 180,76 millions comptabilisés par le CNC. Il s’agit d’une progression de 4,8 % par rapport à 2019 (112,4 M) et de 6,4 % sur la moyenne 2015-2019 (110,7 M, à périmètre identique d’adhérents). Par ailleurs, les éditeurs de la FNEF ont contribué à la TSA pour plus de 100 millions d’euros. 

En chiffres | Les éditeurs de la FNEF ont cofinancé et distribué en 2023 : 

  • les 5 premiers succès au box-office
  • 8 des 10 plus gros succès art et essai
  • 15 des 20 plus gros succès
  • 18 des 20 premiers films français
  • 41 des 50 premiers succès
  • 75 % des films du top 100

« Si les films ont rencontré le succès public, c’est évidemment en raison de leurs qualités intrinsèques, mais aussi parce qu’ils ont bénéficié des investissements à risque des éditeurs, dans un marché qui reste incertain et volatil : apport de minima garantis, expertise et connaissance des publics, investissements publicitaires, adaptation aux nouveaux usages… ». C’est cette prise de risque qui doit être encouragée et davantage soutenue d’après la Fédération, qui dresse ainsi plusieurs priorités pour 2024. L’année se profile avec plusieurs singularités : une offre de films américains plus clairsemée découlant des grèves hollywoodiennes, l’Euro de football de mi-juin à mi-juillet, puis les Jeux olympiques et paralympiques de Paris de juillet à début septembre. Mais, « le cinéma est une économie de l’offre, avec une forte réactivité du public aux propositions qui lui sont faites », souligne la FNEF, positive quant à la richesse et la diversité du line-up.

4 priorités pour soutenir les éditeurs-distributeurs

La Fédération n’en dresse pas moins ses demandes pour l’année qui vient. D’abord, conforter les piliers du métier d’éditeurs de films et encourager la prise de risque. Ces sociétés investissent avant tournage (minima garantis), assurent la promotion des films pour les rendre attractifs et visibles et mettent en place un plan de sortie adapté à la typologie et au potentiel des films et du public. « À l’occasion de la loi Cinéma qui sera débattue au Parlement en 2024, la FNEF sera fermement attachée au maintien des marges de manœuvre de l’éditeur-distributeur : celui qui porte le risque financier de sortie d’un film doit avoir le choix de sa stratégie commerciale. » La Fédération insiste également sur l’importance des soutiens automatiques et sélectifs du CNC et des marchés secondaires (ventes vidéo, chaînes TV, plateformes), et espère encore une lutte efficace contre le piratage.

Deuxièmement, rééquilibrer la prise en compte du métier d’éditeur par les autorités publiques. Sur ce point, la FNEF porte plusieurs demandes auprès de la mission de Jean-Paul Cluzel sur la distribution : déplafonnement du fonds de soutien automatique, plus de lisibilité sur la recommandation art et essai via la réforme, création d’un crédit d’impôt sur les frais de promotion des films, et une meilleure prise en compte de l’apport que représente l’offre de films de la diversité non-français et non-américains (18 % de la fréquentation 2023).

Troisièmement, conforter le retour du jeune public en salles. « Les éditeurs de la FNEF sont mobilisés pour lui proposer une programmation diversifiée, capable de le séduire. Il est important que le CNC soutienne cet effort. Développer le goût des 15-25 ans pour le cinéma, l’expérience collective en salles, est une mobilisation capitale pour notre filière, essentielle au renouvellement du public », note la Fédération, qui demande également un renforcement des dispositifs scolaires et du Pass Culture.

Quatrièmement, poursuivre un agenda social et environnemental ambitieux. Seule organisation reconnue représentative de la distribution au plan syndical, la FNEF a signé en octobre 2023 un accord sur les salaires minimaux de la branche, qui sera suivi par des négociations sur les classifications des emplois, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, les travailleurs en situation de handicap… « La digitalisation des pratiques, le renouvellement des techniques marketing, les évolutions de la programmation, les particularités du rythme de travail constituent par exemple des enjeux qui doivent être évoqués lors des négociations sur les accords de branche. » Enfin, « l’édition-distribution a très tôt contribué à la réduction de l’empreinte écologique du cinéma, puisqu’elle a entièrement numérisé la distribution de copies physiques et a cofinancé les équipements de projection numérique des salles de cinéma françaises dès 2010. La FNEF poursuivra en 2024 le travail avec le CNC pour sensibiliser le secteur aux actions éco-responsables ».

Une partie des membres du bureau de la FNEF ©Joëlle Dollé