Le 30 janvier, le président du CNC, tout en insistant sur sa volonté de rassembler, a prévenu que 2020 serait « une année chargée », rythmée par trois grands chantiers : la réforme de l’audiovisuel, les négociations et la revue des aides du Centre.
La nouvelle loi, qui intégrera les plateformes, devra consolider les « principes fondamentaux de notre modèle », à savoir des obligations d’investissements de la part des diffuseurs, une protection de la production indépendante, le respect des auteurs et des créateurs et le renforcement de la lutte contre le piratage. Le CNC veut démarrer dès maintenant des négociations interprofessionnelles, pour lesquelles ont été nommés des « facilitateurs », Pierre Sellal et Florence Philbert. Dans ce contexte, le débat sur la chronologie des médias sera rouvert comme évoqué début novembre aux Rencontres de l’ARP.
« Il ne s’agit pas d’un exercice budgétaire, c’est une revue stratégique. »
Sur la revue générale de tous les dispositifs du CNC, Dominique Boutonnat a précisé qu’il ne s’agissait pas d’un exercice budgétaire : l’équilibre financier ayant été en grande partie atteint en 2018, avec la baisse des soutiens à l’audiovisuel et au cinéma, il s’agit maintenant pour le président d’entamer « un vrai exercice stratégique » sur les objectifs à atteindre. Il faut clarifier les 150 dispositifs existants et relever trois grands défis.
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Tout d’abord l’indépendance : celle des auteurs, en préservant le droit moral d’auteur à la française, et celle des producteurs, qui passe par « des obligations d’investissement réservées aux producteurs indépendants » et « l’autonomie économique des entreprises ». Sur ce dernier point, le fonds public d’investissement de 225 M€ et le renforcement des prêts de l’IFCIC sont opérationnels et le CNC lance une conférence des financeurs, dont la première réunion sera organisée fin mars.
Le deuxième défi est de développer l’internationalisation de nos œuvres et l’attractivité de notre territoire, notamment en étudiant un rapprochement entre UniFrance et TVFI. Le président du CNC souhaite aussi lancer un plan studios, pour offrir dans l’Hexagone des plateaux de tournage à la pointe des nouvelles technologies et installer une présence permanente à Los Angeles d’où viennent les trois quarts des tournages étrangers en France.
« Sur ce continent numérique où sont les jeunes, on n’est pas du tout assez présent. »
Enfin, le troisième défi concerne le problème de l’accès à nos œuvres et la reconquête des jeunes. Déplorant que les moins de 25 ans ne représentent plus que 28 % des entrées en salles et ne voient en moyenne que quatre films par an, qu’ils privilégient les séries américaines et les plateformes, Dominique Boutonnat veut agir sur trois fronts principaux : aller chercher les jeunes partout, notamment avec des médiateurs dans les salles et l’éducation à l’image ; amener nos œuvres sur les plateformes (et « c’est tout l’enjeu de la réforme de la chronologie des médias ») et enfin, faire des films qui s’adressent à eux. « En ce qui concerne le CNC, on pourrait davantage ouvrir la composition de nos commissions à la diversité de la société française dans son ensemble, ses générations, ses cultures, ses imaginaires », a indiqué Dominique Boutonnat qui, dans ce sens encore, salue les nouveaux diffuseurs français comme Salto et les accords conclus par Canal+ avec des plateformes.
Ces trois défis vont guider la revue des aides du CNC. Dès février, une cartographie de l’ensemble des régimes d’aides sera établie et présentée la deuxième quinzaine de mars. Le Centre travaillera aussi avec des experts du secteur et hors secteur pour devenir un laboratoire d’idées qui prolonge le sens de son action. En conclusion et de façon générale, Dominique Boutonnat a insisté sur la nécessité d’un travail collectif : « On a besoin de vous, de vos idées, de vos analyses, de vos projets. Le CNC est l’exemple même de cet esprit collectif : il vit, il vibre avec le secteur. »
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