[Complété] Le producteur Dominique Boutonnat a été nommé ce 24 juillet président du CNC par décret présidentiel en conseil des ministres.
Après l’annonce du départ de Frédérique Bredin le 10 juillet dernier et de la présidence intérimaire d’Olivier Henrard, Dominique Boutonnat a été nommé ce 24 juillet président du CNC. Le nom du producteur circulait depuis plusieurs jours, suscitant de nombreuses craintes de la profession en raison de son récent rapport sur le financement privé du cinéma et de sa proximité avec Emmanuel Macron, dont il a financé une partie de la campagne présidentielle en 2017.
Dès le 11 juillet, les cinéastes s’étaient opposés formellement à cette nomination, suivis le 17 juillet par 14 associations professionnelles, qui s’inquiétaient dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron et au ministre de la Culture de voir nommée à la tête du CNC « une personnalité qui pourrait remettre en question la diversité, la singularité et l’exception de son cinéma au seul profit de la rentabilité ».
Dans un communiqué, Dominique Boutonnat déclare : « Face aux grands bouleversements auxquels sont confrontés le cinéma et l’audiovisuel français, je suis honoré de présider le CNC, pour œuvrer, dans le dialogue et la concertation avec l’ensemble des professionnels, aux évolutions nécessaires des prochaines années. Celles-ci vont contribuer à préserver, renforcer et développer notre modèle, unique et envié du monde entier, dédié à la création dans toute sa diversité. »
Et d’ajouter : « L’encouragement de nouveaux dispositifs financiers privés est essentiel, alors que tout le secteur connaît une transformation radicale des usages, une révolution technologique, une diminution des investissements traditionnels et une concurrence internationale exacerbée, avec l’irruption des nouvelles plateformes numériques dans l’écosystème économique et culturel. L’enjeu des prochaines années, c’est de soutenir nos créateurs, protéger et défendre notre autonomie pour faire rayonner nos œuvres et projeter nos valeurs à l’international. »
La Société des réalisateurs de films, qui représente 300 cinéastes, a réagi dans un communiqué en regrettant « qu’une nouvelle fois, le gouvernement [ait] pris une décision de manière unilatérale sans écouter une grande majorité du secteur qui porte une vision différente et qui place au cœur de sa réflexion la dimension culturelle de notre industrie. » Elle dit désormais attendre « de connaître la feuille de route de Monsieur Boutonnat qui guidera son mandat lors des trois prochaines années ».
L’Union des producteurs de cinéma « salue » quant à elle cette nomination : « Parmi les sujets prioritaires sur lesquels l’UPC compte sur son action ferme et concertée avec les professionnels de la filière, figurent la transposition en droit français de la directive sur les services de médias audiovisuels à un niveau ambitieux d’investissement dans la création cinématographique, ainsi que l’adoption de mesures concrètes pour lutter contre le piratage », déclare l’UPC dans un communiqué.
De son côté, le Syndicat des producteurs indépendants « prend acte » de la prise de fonction de Dominique Boutonnat et « espère que le nouveau président du CNC sera un interlocuteur ouvert et attentif pour l’ensemble du secteur, permettant de développer encore la création patrimoniale française sous toutes ses formes. » Le SPI se dit également « attentif à ce que les réformes qui sont sur le point de s’engager ne remettent pas en cause la spécificité des financements de la production française ».
Les Cinéastes de L’ARP « saluent la nomination de Dominique Boutonnat à la tête du CNC et lui souhaitent la bienvenue, en attendant de le rencontrer pour se mettre au travail », précisant que « le CNC est un pivot dont les mécanismes doivent être modernisés et les objectifs de politiques publiques clarifiés ».
Enfin, la Fédération nationale des éditeurs de films « félicite » Dominique Boutonnat, rappelant « son attachement à un CNC fort et financièrement indépendant. […] Nous sommes convaincus que celui-ci aura à cœur de défendre et de promouvoir la diversité et la vitalité du cinéma en France, avec le souci de préserver le tissu des entreprises de l’édition, qui font la richesse de l’offre culturelle dans notre pays. » La FNEF remercier également Frédérique Bredin, « pour l’action qu’elle a menée ces six dernières années, tant au plan national qu’européen. Sous son mandat, l’appui du CNC a été précieux, notamment dans la lutte menée contre le piratage qui a connu des avancées remarquables ».
[Edit : Ajout de la déclaration de Dominique Boutonnat et de la réaction de la SRF. ]
[Edit 2 : Ajout des réactions de l’UPC, du SPI, de l’ARP et de la FNEF.]
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