Nous avons appris le 15 octobre dernier la disparition de Jeanine Colin, à l’âge de 96 ans. Figure emblématique du monde de l’exploitation, Jeanine Colin naît en 1922 à Saint-Dizier (Haute-Marne). Dès l’âge de 6 ans, elle s’amuse avec son frère à organiser des séances de cinéma dans la cave de la maison familiale.
C’est au printemps 1945 qu’elle entre véritablement dans le métier en rachetant avec l’aide de ses parents un appareil de projection mis aux enchères. Elle organise alors des tournées de cinéma ambulant dans la région de Bar-le-Duc (Meuse). Alors que la France d’après-guerre continue d’utiliser des tickets de rationnement, elle a l’idée de proposer viennoiseries, confiseries, chocolat et café aux spectateurs lors des projections : le succès est immédiat et la vente de confiserie reste le point fort de l’exploitante lorsqu’elle se sédentarise, d’abord dans les Vosges, puis de nouveau à Bar-le-Duc, où elle propose également des animations aux accents circassiens (prestidigitateurs, acrobates…).
En 1954, elle rachète le Trianon de Caen, 1 030 fauteuils, et y propose des événements exceptionnels dans les années 1960 : avant-premières du Jour le plus long en présence des vedettes du film, du ministre de la Guerre et de chars d’assaut, ou encore de La Conquête de l’Ouest avec cavaliers professionnels… et des tours de chant, avec Johnny Hallyday, Charles Aznavour et Dalida. Commerçante aguerrie, Jeanine Colin sait faire évoluer ses affaires : après son expropriation du Trianon par la mairie, elle transforme un bar-tabac en salle spécialisée dans le cinéma pornographique, qui fait alors fureur.
Après d’autres aventures en dehors de l’exploitation, Jeanine Colin fait en 1982 l’acquisition du Drakkar à Yvetot (Seine-Maritime), cinéma de 4 salles qu’elle revend en 2008 à Richard Patry et Noe Cinémas. Elle achète également deux salles dans l‘Essonne, les cinémas Stars à Arpajon et les 4 Perray à Sainte-Geneviève-des-Bois, dont elle confie la direction à ses deux fils, Richard et Frédéric, en 2006. Pour Jeanine Colin, la relation de proximité avec ses “clients” était le cœur de son métier d’exploitante.
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