Les deux salles du Normandy vont connaître un troisième dirigeant en moins de dix ans.
À partir du 1er mai, Cinelab France devient le nouvel exploitant du complexe des Hauts-de-Seine, qu’il opérera via une concession de service public attribuée par la mairie de Vaucresson, propriétaire des murs, pour cinq ans. Le nouveau délégataire succède à UGC, qui avait repris l’exploitation du Normandy à C2L en 2019, ce dernier ayant repris la gestion à Patrick Chaperon en 2015. « Je lorgnais déjà le cinéma à cette époque mais j’étais arrivé trop tard. Lorsque l’occasion s’est présentée de nouveau, il était donc logique que je me positionne », raconte Michel Enten, président de Cinelab, sans cacher le plaisir de diriger « cet établissement historique octogénaire, réputé dans la profession ».
Pour la petite histoire, le Normandy a ouvert ses portes en 1939, comptant à l’époque une salle unique dotée de 450 fauteuils et d’une large scène. Déjà érigé au cœur d’un parc bordant l’avenue de la République, le site arbore alors une façade caractéristique à colombages. Les années passent et l’établissement se taille petit à petit une belle réputation grâce à des présentations de gala de films avec équipe ; l’un des moments marquants reste sans nul doute l’avant-première mondiale du Corniaud, le 16 mars 1965 en présence du casting. Le cinéma est alors détenu par M. et Mme Claude François, avant de passer dans le giron de la municipalité à la fin des années 1970, qui en délègue alors la gestion à la société Les Vrais Instants de l’Image en 2005. Trois ans plus tard, Le Normandy prend une autre dimension avec l’ouverture d’une deuxième salle de 104 places et la rénovation de la grande salle, dont la capacité a été réduite à 210 sièges, complétée par l’agencement d’un espace café-lunch. Il présente un habillage plus moderne, avec un hall vitré et une enseigne épurée, conçu par l’architecte Gilbert Long.
Renouer avec le passé
Une configuration toujours d’actualité alors que l’établissement rouvre le 3 mai prochain avec la projection de Chantons sous la pluie à 20h30 ; le changement de délégataire nécessitant la fermeture temporaire du site entre le 27 avril et le 2 mai. Désormais aux commandes, Michel Enten se montre ambitieux : « J’aimerais que Le Normandy redevienne la grande salle d’avant-premières qu’elle était par le passé. Nous essayons donc de planifier les prochaines projections avec équipes, ces séances événementielles étant celles qui attirent le plus de monde en ce moment. » Si l’établissement est classé, l’exploitant souhaite accroître la place de l’art et essai, avec quelque 55 % de séances dédiées, avec l’objectif de décrocher le label Jeune public, puis Patrimoine/Répertoire, à l’instar des autres cinémas qu’il dirige.
En effet, outre cette nouvelle concession de service public, Cinelab bénéficie déjà d’une belle présence francilienne, exploitant trois sites dans les Yvelines – L’Atalante de Maisons-Laffitte (mono-écran), Le Fontenelle de Marly-le-Roi (deux écrans) et Le Louis Jouvet de Chatou (deux salles) dont il a repris la DSP début 2021 – ainsi qu’un cinéma dans le Val-d’Oise – L’Eden de Montmorency (deux salles). Avec ces quatre établissements et sept écrans, le réseau dirigé par Michel Enten a frôlé les 100 000 entrées en 2021. Une barre qu’il franchit largement avec l’ajout du Normandy – objectif de 55 000 spectateurs pour 2023 –, au sein d’une zone largement occupée par le groupe UGC.
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