Campagne Hadopi-CNC : des vidéos pour dissuader les jeunes de pirater

Pauline Blassel, secrétaire générale de l’Hadopi et Vincent Florant, directeur du numérique au CNC, ont présenté la nouvelle campagne de communication visant à lutter contre le piratage audiovisuel.

D’après la récente étude de l’Hadopi, on sait que le piratage a coûté un milliard d’euros aux filières audiovisuelle et sportive en 2019. Et si l’on observe une baisse tendancielle des pratiques illicites, ces dernières n’ont pas diminué pendant la crise sanitaire et concernent encore 26 % des internautes, notamment les 15-24 ans. Aussi, le message essentiel à faire passer auprès des jeunes, c’est que « le streaming légal, c’est pas cher et ça permet de voir les contenus dans de bonnes conditions ». Parallèlement aux actions contre les sites et usages illicites, il s’est agi tout d’abord de promouvoir l’offre légale, grâce au moteur de référencement lancé par le CNC et mis en avant sur des sites tels qu’AlloCiné, Télérama ou SensCritique. L’idée étant de s’adresser en priorité aux 15-24 ans, puis aux 25-35 ans, âge où l’on s’oriente davantage vers l’offre légale. 

Éviter le ton moralisateur et culpabilisant

Mais aujourd’hui, une nouvelle campagne s’adresse directement aux jeunes sur les réseaux sociaux. L’Hadopi a en effet demandé à de jeunes créateurs de réaliser des vidéos dans un langage et avec des arguments pouvant toucher les 15-24 ans.  « Sachant que ce public a des pratiques décomplexées (les études ont montré que plus de la moitié considère que « le piratage, c’est pas grave »), il était important de ne pas adopter de ton moralisateur et culpabilisant », explique Pauline Blassel de l’Hadopi, « et l’on ne peut pas se contenter, auprès des jeunes, de l’argument de protection de la création ». 
En revanche, on sait que 92 % de ces consommateurs ont subi des nuisances ou préjudices tels que des virus, usurpations d’identité ou achats illicites. De plus, 82 % d’entre eux ne regardent pas les contenus en intégralité. « Dès lors, pour sensibiliser un public souvent passionné, nous mettons en avant la qualité de l’expérience des offres légales tout en pointant, en s’amusant, les désagréments rencontrés sur les sites illicites. »

D’abord à travers des visuels qui reprennent ce type d’éléments : une publicité intrusive dans une comédie romantique, un match de foot ultra pixelisé ou encore un logiciel malveillant caché dans un thriller. La campagne est complétée par des contenus vidéo, réalisés grâce au CNC en collaboration avec trois vidéastes.

On a tous de bonnes raisons d’arrêter de pirater

Parmi eux, Lola Dubini du collectif Rose Carpet, dont la chaîne traite avec humour de féminisme mais aussi de problématiques sociétales comme le piratage. « Nous sommes suivis par de très jeunes internautes, dont on sait la difficulté de demander de l’argent aux parents pour accéder aux offres légales. » Également musicienne, Lola Dubini sort bientôt un album dont les jeunes veulent des extraits en exclusivité. Elle a donc réalisé un clip se faisant hacker par un (faux) virus, « dans le but de montrer que tu veux quelque chose mais que tu ne l’as pas ». De son côté, Just Riadh s’est filmé regardant un match de boxe qui bugue sans arrêt et Anis Rhali pousse son « coup de gueule » en pointant le doublage en VF « claqué ».

« Nous misons sur une diffusion organique sur les réseaux sociaux et venons en renfort avec le message de la campagne qui redirige vers les plateformes du CNC et de l’Hadopi qui référencent plus de 450 offres légales », explique Pauline Blassel. La campagne a en effet été mise en ligne le 7 décembre sans aucune communication institutionnelle, « pour qu’elle soit montée par la cible et qu’elle lui appartienne ». Les vidéos ont été vues un demi million de fois en trois jours, et les réactions sont positives, « contrairement à celles que suscite généralement l’Hadopi ! »

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