Le président de la FNCF était l’invité du premier numéro de L’Émission Boxoffice Pro du 26 novembre. Il a commenté les dernières annonces concernant la réouverture des salles, et plus largement les évolutions du secteur.
Comme la plupart des professionnels du spectacle, dont les théâtres privés avec lesquels la FNCF réclamait la possibilité de proposer des séances en soirée dès la réouverture, Richard Patry s’est montré déçu mais combatif au sujet du fameux horodatage accordé pendant le couvre-feu. La ministre de la Culture ayant en effet indiqué que les spectateurs pourraient rentrer sereinement chez eux, en montrant leur billet, « cet horodatage ne servira à rien puisque les cinémas devront fermer à 21h, comme l’ensemble des commerces » a estimé le président de la FNCF. Sachant toutefois qu’il reste trois semaines avant la réouverture, il compte bien utiliser ce temps pour essayer de convaincre de la nécessité de pouvoir accueillir des spectateurs jusqu’à 20h. « Nous avons absolument besoin d’une séance aux alentours de 20h, séance qui compte dans le modèle économique de l’exploitation, et pour laquelle nous allons nous battre. » Bien sûr, « cela ne doit pas gâcher notre plaisir de rouvrir ! », a ajouté Richard Patry qui envisage cette réouverture avec optimisme.
« Les exploitants ont toujours dit que la totalité des films présents la semaine du 28 octobre seront remis à l’affiche dans de bonnes conditions : ils tiendront leurs engagements. »
En effet, nous sommes dans une situation différente de celle qui avait suivi le premier confinement. « Cette seconde fermeture n’aura duré que six semaines et il y avait des films de grande qualité et une immense diversité quand elle est intervenue. Les exploitants ont toujours dit que la totalité des films présents la semaine du 28 octobre seront remis à l’affiche dans de bonnes conditions : ils tiendront leurs engagements. » Sur l’offre qui suivra, Richard Patry s’est réjoui de la sortie de Wonder Woman 1984 avancée au 16 décembre : « Un blockbuster pour réouvrir, ça va nous aider, comme on l’a vu avec la sortie de Tenet sur la fin de l’été. » Avec en outre les films pour enfants, les films français et nombreux titres art et essai qui suivront, l’offre est plus conséquente qu’en juin dernier… même si, bien sûr, avec un peu moins de 40 nouveaux films d’ici la fin de l’année contre les 60 sur l’ensemble du mois de décembre 2019, « nous ne sommes pas dans l’euphorie. »
La nouvelle réouverture datée sur un mardi est avant tout le résultat du partenariat avec les théâtres, pour lesquels c’est le jour de lancement de la semaine « L’important, c’est de réilluminer nos enseignes et d’accueillir à nouveau notre public en cette période de fin d’année, capitale pour la fréquentation. » Et pour cela, la FNCF relancera une grande campagne, reprenant notamment le film de promotion de juin dernier, « remonté mais toujours avec la chanson de Gilbert Bécaud ». Il sera diffusé sur tous les médias classiques et web, certaines chaînes de télévision ayant déjà donné leur accord de diffusion. « Nous allons aussi avoir besoin du soutien des talents », a ajouté Richard Patry qui appelle les distributeurs à les faire revenir massivement dans les salles pour défendre leurs films.
« Le marché américain est un marché directeur dont on a besoin, qui représente 50 % de nos entrées et dont j’ai peur qu’il se désintéresse de la salle de cinéma. »
Plus largement sur l’avenir des salles de cinéma, les transformations en cours outre-Atlantique en matière de rapport exclusivité salle/VOD-SVOD ne sont pas de nature à rassurer Richard Patry. « Le marché américain est un marché directeur dont on a besoin, qui représente 50 % de nos entrées et dont j’ai peur qu’il se désintéresse de la salle de cinéma. » Le président de la FNCF regrette que les studios aient à leur tête « des dirigeants qui viennent de l’univers internet, focalisés sur le revenu immédiat au lieu de l’étaler. C’est une grosse erreur. »
À l’inverse, en France, les négociations se poursuivent avec les plateformes et les nouveaux entrants. « Il faudra bien sûr adapter la chronologie des médias pour eux, mais personne ne semble attaquer la fenêtre salle de quatre mois », a estimé Richard Patry, ajoutant que « même nos pires opposants évoluent, reconnaissant l’intérêt capital de la salle pour le lancement des films. Mais il faut rester prudents sur les fenêtres suivantes et ne pas affaiblir les financeurs majeurs que sont les chaînes historiques, payantes et gratuites. »
Enfin, interrogé sur les éventuelles nouvelles aides étatiques au secteur, le président de la FNCF a salué l’engagement du ministère de la Culture et remercié le CNC et ses agents. « Ils ont fait un travail remarquable. Les dossiers du deuxième volet du compte de soutien automatique majoré sont ouverts et les sommes promises pour ce mois de décembre. Les aides art et essai seront versées dès janvier. Et comme promis lors du Congrès de septembre, 80 % du fonds de compensation des pertes de recettes ont été versés aux salles, soit 40 millions d’euros », s’est félicité Richard Patry en rappelant le déplafonnement des 50 millions initialement prévus pour le fonds suite au nouveau confinement. « Nous allons négocier avec le ministère et le CNC en janvier et février, quand nous aurons la nature exacte des chiffres. »
Le replay de L’Émission Boxoffice Pro du 26 novembre 2020 :
Partager cet article