Depuis le 1er mai, le festival a lancé la première phase concrète de son concept, alliant parcours urbain et jeux en réalité augmentée pour accéder aux soirées cinés qui se dérouleront en juin dans plusieurs cinémas de Paris et de Budapest.
« Il y a encore quelques détails techniques à régler mais l’application est bel et bien opérationnelle », lance Alix Menard, partagée entre le stress et l’excitation liée à la concrétisation de ce projet. Celle qui pilote le développement et l’ancrage local chez Étoile Cinémas porte avec le graphiste Robin Pierre le Festival Imperceptibles, officiellement lancé il y a deux jours.
Cette première étape repose donc sur une application qui expose, via une carte interactive de Paris ou Budapest (suivant la localisation), les emplacements de plusieurs points d’intérêts. Un rapide parcours urbain permet de trouver une des « planques » – affichettes dessinées par Robin Pierre et placardées sur des murs – que l’utilisateur doit scanner pour accéder à une animation en réalité augmentée.
Chaque énigme plonge dans un univers différent (horreur, anime, queer, ambiance estivale,…) et ouvre, une fois résolue, la billetterie pour réserver l’une des séances secrètes en lien avec l’univers précité (place à 6 € et partage classique entre exploitant et distributeur). À cet instant, l’utilisateur peut choisir de prendre sa place ou de poursuivre son périple urbain à la recherche d’autres cachettes, afin de débloquer d’autres soirées événements susceptibles de l’intéresser (et au passage d’accroître ses chances de gagner un voyage à Budapest). Ce n’est que le jour-J que l’identité du film projeté sera révélée. « Il s’agit d’avant-premières, de reprises ou de titres inédits qui ne sont pas sortis ou ne sortiront pas au cinéma, forcément art et essai et européens », détaille Alix Menard, qui note que le Grand Prix Futur@Cinemas décroché en décembre dernier au Sommet des Arcs a facilité les discussions avec les distributeurs.
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Financièrement soutenu par Europa Cinémas via le réseau Étoile Cinémas, sorte de « mère-porteuse » du projet, le Festival va ensuite prendre ses quartiers du 1er au 11 juin dans plusieurs salles de Paris et de Budapest. Dans la capitale française, le Studio des Ursulines (pour une programmation surtout jeune public), le Balzac, le Luminor et l’Épée de bois sont de la partie, intégrant la manifestation dans leurs actions liées au fonds Jeunes cinéphiles lancé l’an passé par le CNC. En Hongrie, ce sont six établissements du réseau indépendant Budapest Film Zrt. qui participent : « Parmi les critères demandés par Europa Cinémas, il fallait choisir un pays assez mal doté en cinémas. La Hongrie était dans ce cas mais paradoxalement, Budapest est une ville assez bien pourvue. » De quoi faciliter l’organisation du festival – malgré l’impossibilité d’avoir une billetterie commune faute de devise similaire – tout en ayant une portée plus large, « en opposition avec la politique de Viktor Orban [Premier ministre hongrois, ndlr.] avec des thématiques assez queer et féministes ».
Si le format de cette première édition ne bougera pas, Alix Menard et Robin Pierre ont déjà prévu que la deuxième se cantonnera aux cinémas français, en s’élargissant par exemple à la banlieue parisienne et aux Hauts-de-France. En parallèle, le tandem réfléchit sérieusement à adapter cette manifestation, pour lui permettre d’être reprise et déclinée plus facilement à d’autres occasions. « Imperceptibles pourrait être un outil à disposition de festivals existants qui peineraient à attirer des jeunes afin d’y organiser des séances secrètes. Mais aussi pour les distributeurs qui ciblent également ce public pour communiquer différemment sur leurs films », relève la cofondatrice, qui souligne par ailleurs que, grâce à Instagram, Imperceptibles est en train de rassembler plusieurs communautés, majoritairement jeunes, concernées par les différentes séances thématiques. Un panel qui devrait sans nul doute éveiller l’intérêt des professionnels penchés sur le rajeunissement de leurs spectateurs. « D’une manière générale, il était important de lancer ce festival pour le faire connaître, mais sans que sa tenue chaque année ne soit une fin en soi », complète Alix Menard.
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