Portrait exploitante : Zindy Salgado

Arrivée en France il y a 14 ans, Zindy Salgado, née au Mexique, a récemment rejoint le réseau Utopia pour prendre la direction du futur multiplexe de Borderouge (Toulouse). Elle était auparavant à la tête de l’Odéon de Cherbourg, sous pavillon CGR.

À quel moment avez-vous décidé de faire ce métier ? 
Mon histoire avec le cinéma remonte à mes 18 ans, quand je suis tombée amoureuse d’un garçon très cinéphile. À l’époque j’étais étudiante en journalisme et j’ai fait le choix de m’orienter vers la critique cinématographique. Mon professeur de cinéma m’a alors incitée à découvrir le pays du cinéma, la France. Une fois ici, j’ai eu la chance de faire de belles rencontres, et surtout deux qui ont vraiment marqué ma carrière et m’ont encouragé à me tourner vers l’exploitation : Jean et Maryse Labé, les premiers à m’avoir donné ma chance et Fadila Chambelland qui m’a accueillie et formée pendant un an suite au rachat de son établissement, l’Odéon à Cherbourg, par le groupe CGR.

Qu’est-ce qui vous séduit en premier dans une salle de cinéma ?
En tant que professionnelle, c’est la richesse des rencontres avec les spectateurs, les réalisateurs et mes collègues de travail. En tant que spectatrice, c’est l’image sur grand écran, je suis très sensible à cet aspect de la projection, bien plus qu’à la qualité de son, des fauteuils, etc. Pour moi, elle a une place fondamentale dans la salle de cinéma.

Votre plus grand moment de solitude dans votre cinéma ?
Lors d’un débat avec Kad Merad, une de mes premières soirées à gérer en tant que jeune assistante. Le distributeur m’a fait signe d’écourter l’échange car le timing ne permettait apparemment pas de continuer plus longtemps. J’ai alors demandé à l’animateur de poser la dernière question. Kad Merad a répondu au micro, « Mais pourquoi la dernière question ? Je vais rester un peu » et il s’est assis sur la scène ; les spectateurs ont alors cru que c’est moi qui souhaitais mettre un terme à la rencontre !

Votre spectateur le plus insolite ?
Vanessa, une jeune femme sans-abri qui s’installait tous les jours devant le cinéma Odéon à Cherbourg. Un jour elle m’a raconté son histoire et m’a dit ne jamais avoir mis un pied dans une salle de cinéma. Pour moi c’était un coup de poing : elle croyait que ce n’était pas un endroit pour des « gens comme elle » et ce n’était pas une question d’argent. Je lui ai alors proposé d’entrer et d’aller voir un film et depuis, elle est devenue une spectatrice assidue. Elle est toujours sans domicile fixe mais ne rate pas une occasion d’échanger avec les spectateurs sur les films et d’assister aux débats et rencontres.

Le film culte que vous n’avez jamais vu ? Et votre excuse ?
Bagdad Café : l’année dernière, le film a fêté ses 30 ans et malheureusement je n’ai pas pu me rendre dans les cinémas où il était reprogrammé… et j’ai pour devise de toujours regarder les films sur grand écran… Ce n’est pas toujours facile.

Le navet que vous adorez ?
En toute franchise j’ai apprécié Les Tuche 3, alors que j’avais un a priori très négatif. J’ai passé un bon moment, surtout lors des clins d’œil à la politique française.

La musique de film sur laquelle vous vous brossez les dents ?
À vrai dire je me brosse les dents avec la radio ou un podcast sur une émission cinéma. En revanche, j’ai un petit faible pour la BO d’Alabama Monroe !

Qu’est-ce qui réveille le dragon qui est en vous ?
« Rater » une programmation : passer à côté d’un film, ne pas avoir senti son potentiel. C’est un véritable jeu d’échecs : trouver la bonne place pour chaque film.

Entre nous, quel est l’exploitant dont vous êtes fan ?
Sans vouloir paraître « corporate » : Patrick Troudet. Il a développé le réseau Utopia avec Anne-Marie Faucon et Michel Malacarnet, actuellement programmateur du réseau et directeur de l’Utopia de Bordeaux. J’avais beaucoup entendu parler de lui et de son travail, et je pense encore apprendre énormément sur la programmation grâce à lui.

Et quand tout est noir… quel film vous rend le plus heureuse ?
Le film qui me fait frissonner de joie à chaque fois : Mamma Roma de Pasolini, un film très riche et incarné pour la formidable Anna Magnani.

Bio express : 

2005 – Arrivée en France, sans parler un mot de français.
2009 – Assistante de direction du Casino à Auxerre.
2014 – Directrice de l’Odéon à Cherbourg.
Décembre 2018 – Arrivée dans le réseau Utopia (Tournefeuille) pour préparer l’ouverture du futur cinéma à Borderouge (juin 2019).

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