Portrait exploitante : Priscilla Schneider

Lancement de notre nouvelle rubrique avec Priscilla Schneider, qui depuis 15 ans dirige et anime le mono-écran de Frontignan (Hérault), 152 fauteuils et 55 000 entrées. Depuis l’an dernier, elle travaille avec Charles Vintrou du GPCI qui a repris la délégation de service public de la salle municipale, et porte avec lui le projet d’un nouveau complexe de 6 salles dans la commune.

À quel moment avez-vous décidé de faire ce métier ?
Pendant un stage au cinéma de Lunel, l’Athénée. J’avais 22 ans, presque fini mes études etne savais pas encore précisément comment le cinéma, ma passion depuis toute petite, allaitdevenir mon métier. Je devais m’occuper de l’accueil d’Agnès Varda, qui venait rencontrer des classes cinéma de Lunel. Et à ce moment-là, j’ai ressenti une émotion physique, si forte que je me suis dit que ma place était là : dans un cinéma, dans la rencontre entre des œuvres et des spectateurs. Et puis, passer trois jours avec Varda, c’était assez marrant : aller acheter ses poignées de porte à Bricomarché (pour des chambres d’hôte qu’elle a créées avec sa fille), retourner sur les lieux de tournage et retrouver les figurants de Sans toit ni loi [tourné dans l’Hérault, dont certaines scènes à Lunel, ndlr]… Ce fut une révélation.

Qu’est-ce qui vous séduit en premier dans une salle de cinéma ?
C’est la matière vivante ! On travaille avec les films, mais aussi avec les gens. La salle de cinéma, c’est le bout de la chaîne, l’endroit et le moment, passionnant, où l’on accompagne les films, où l’on découvre comment les spectateurs les reçoivent.

Votre plus grand moment de solitude dans votre cinéma ?
Il y a quelques années, j’avais organisé avec mes médiateurs ado une soirée sur le thème de l’amour. Nous avions programmé Jeux d’enfants de Yann Samuell, avec Guillaume Canet et Marion Cotillard. Nous avons donc monté la copie 35 mm normalement, la salle était bondée… et au lancement de la projection, apparaît sur l’écran Un jeu d’enfants de Laurent Tuel avec Karin Viard et Charles Berling ! Un thriller, pas du tout approprié pour la soirée ! Le bon titre était indiqué sur la boîte, mais la pellicule à l’intérieur n’était pas celle du bon film. Nous avons finalement passé La Môme à la place, mais ce fut terrible et impossible à anticiper.

Votre spectateur le plus insolite ?
Ah je pense à Nicole. Nicole, c’est la dame du bout de la rue du cinéma. Pas de télé, pas de portable… mais elle est toujours au courant de tout et passe au ciné au moins 3-4 fois par semaine. Elle nous confectionne des tours de tête en laine, nous apporte des gâteaux… Bref, notre petite maman du CinéMistral.

La chose la plus inavouable que vous avez faite dans une salle ?
À votre avis ?!?… Mais c’est un secret… Ha ha ha !

Le film culte que vous n’avez jamais vu ? Et votre excuse ?
C’est un Star Wars, mais je ne sais même plus quel numéro. L’excuse ? C’est que ce n’est pas du tout ma came ! J’en ai un peu honte et n’ose pas l’avouer aux membres de mon asso de spectateurs de science-fiction. Mais à BoxOffice, je le dis !

Le navet que vous adorez ?
Les Tuche, ça me touche ! J’ai une affection particulière pour ce film, du “Chatiliez grand public”. Mes enfants adorent, et j’aime partager ça avec eux.

La musique de film sur laquelle vous vous brossez les dents ?
En me brossant les dents, j’écoute plutôt la radio. Mais la BO proche de moi que j’écoute régulièrement et sur laquelle je danse avec mes enfants, c’est celle de La La Land.

Entre nous, quel est l’exploitant dont vous êtes fan ?
Si je pense à quelqu’un qui m’a donné envie de faire ce métier, et même s’il n’a pas été exploitant très longtemps, c’est Thierry Laurentin, aujourd’hui chez Mars Films. Il m’a transmis beaucoup à l’époque où j’ai travaillé avec lui au Diagonal de Montpellier, en le regardant, en l’écoutant, et en lisant son livre Rêveries d’un cinéphile engagé.

Et quand tout est noir… quel film vous rend le plus heureuse ?
Le film dont je ne me lasse jamais, c’est La Strada. Un des films préférés de mon panthéon.

Bio express

1998 : 1er poste au Diagonal de Montpellier (service jeune public et éducation à l’image)
2003 : Directrice du CinéMistral de Frontignan, pour la SNES (DSP)
2015 : Directrice du Comœdia de Sète
2017 : Reprise de la DSP du CinéMistral avec Charles Vintrou (GPCI)


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