Portrait exploitante : Claudine Cornillat

Après les vallées de l’Ain, Boxoffice s’arrête dans la capitale pour le portrait de Claudine Cornillat, directrice du mythique mono-écran Max Linder et des 4 salles du Capitole à Suresnes (Hauts-de-Seine). Du 24 au 28 avril, elle organise avec François Acquaviva, dirigeant du cinéma Le Fogata (Corse), la 2e édition de Lisula Ciné Musica, dédié aux films dont la musique est l’élément central.

À quel moment avez-vous décidé de faire ce métier ? 
Lors de mes études en gestion à Paris-Dauphine, je participais à une commission cinéma à la MJC de Courbevoie chargée de la programmation du cinéma local. C’est ce qui m’a décidée à faire un mémoire sur les nouvelles formes d’exploitations, à l’époque où les salles art et essai émergeaient en banlieue. J’ai interviewé des figures emblématiques du cinéma et c’était mon premier pas dans le milieu, alors que j’étais davantage prédestinée aux ressources humaines via mon master en gestion. J’ai ensuite vraiment débuté comme animatrice cinéma dans un centre culturel.

Qu’est-ce qui vous séduit en premier dans une salle de cinéma ?
L’odeur des matériaux, des fauteuils…Je trouve que cela contribue fortement à l’identité d’une salle. Il y des odeurs particulières, une atmosphère, qui se dégagent de chaque cinéma. C’est ce qui est le plus fort pour moi.

Votre plus grand moment de solitude dans votre cinéma ?
C’était pendant l’hommage rendu à mon associé Simon Simsi (décédé en 2018) au Max Linder. À l’apparition de sa photo, je me suis sentie vraiment orpheline car l’histoire du Max Linder avait été menée avec lui, et bien seule alors que toute la profession était rassemblée dans la salle.

Votre spectateur le plus insolite ?
C’est un quadragénaire surnommé PlasticMan : vêtu d’un tee shirt et de nu-pieds été comme hiver, il porte toujours des sacs en plastique sans qu’on sache ce qu’il y a dedans ! C’est un grand passionné de cinéma de genre, il va dans toutes les salles de la capitale et est du coup bien connu également de mes collègues parisiens.

La chose la plus inavouable que vous avez faite dans une salle ?
Il m’est déjà arrivé de regarder un autre film sur mon portable. Je m’ennuyais mais ne pouvais pas partir et comme il n’y avait personne autour de moi, j’ai regardé autre chose !

Le film culte que vous n’avez jamais vu ? Et votre excuse ?
Shining de Stanley Kubrick car je n’aime pas les films sur la folie, le passage à l’acte, qui font qu’on en rêve la nuit car ils peuvent arriver dans la vraie vie !

La musique de film sur laquelle vous vous brossez les dents ?
La musique du Mépris car elle est très mélancolique, belle, forte, que c’est un film de Godard…Et quand j’ai besoin que ça bouge un peu plus, c’est We Will Rock You de Queen, que j’écoute souvent depuis Bohemian Rhapsody.

La réplique pour un rendez-vous ?
« Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire. » (Pierrot le fou de Jean-Luc Godard).

Qu’est-ce qui réveille le dragon qui est en vous ?
L’inégalité de traitement réservée aux cinémas indépendants parisiens, notamment sur la programmation, l’accès aux films. Aucun distributeur ne peut s’affranchir de sortir ses films dans les circuits de la capitale, du coup, ce sont nos salles qui en font les frais. Et au Max Linder, dans ma salle unique, ce sont les durées d’exploitation demandées qui sont trop longues par rapport à la nécessaire diversité de la programmation !

Entre nous, quel est l’exploitant dont vous êtes fan ?
J’ai admiré les parcours de Marin Karmitz (MK2) et Anne-Marie Faucon et Michel Malacarnet (Utopia). Ce sont des exploitants qui m’ont inspirée par leur passion du cinéma et leur façon atypique d’aborder l’exploitation.

Et quand tout est noir… quel film vous rend le plus heureuse ?
L’Homme qui tua Liberty Valance  de John Ford !

Bio express :

1992 : responsable du cinéma au conseil général des Hauts de-Seine
1996 : ouverture d’Espace Ciné à Epinay-sur-Seine
1999 : ouverture du Capitole à Suresnes
2004 : reprise du Max Linder avec Simon Simsi


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