Portrait exploitant : Pascal Robin

Direction la Nouvelle-Aquitaine et la ville de Châtellerault, où Boxoffice a rencontré Pascal Robin, directeur et programmateur du mono-écran Les 400 coups. Il s’apprête à finaliser un chantier important : la climatisation. « C’est parfois les choses les moins compliquées apparemment qui prennent un temps fou. »

À quel moment avez-vous décidé de faire ce métier ?
Hier… en juillet 1988.

Qu’est-ce qui vous a séduit en premier dans une salle de cinéma ? 
C’était mon premier job d’été, au cinéma Saint Gilles à Pornic. J’ai été emballé par le contact avec le public, à la caisse et au contrôle. Le fait que le public était mélangé, estivants et Pornicais habituels, me plaisait beaucoup. Une de mes premières missions (j’avais 17 ans) était aussi de mettre en place le planning des bénévoles. J’ai tout de suite beaucoup aimé la variété des activités.

Votre plus grand moment de solitude dans votre cinéma ?
Ce n’était pas directement au cinéma mais je me suis senti bien seul lors d’un rendez-vous professionnel. Je demande à un réalisateur de venir présenter son film aux 400 coups, je lui fais tout mon petit boniment, il accepte de venir présenter son film, je cite le titre du film et il là il me dit : « Euh, ce n’est pas moi qui ai réalisé ce film…» La honte.

Votre spectateur le plus insolite ? 
Chaque spectateur est unique, ou du moins se croit unique parce que la salle de cinéma entretient une relation très intime et personnelle avec chacun. Je pense à ces quelques spectatrices très régulières qui, dès qu’elles arrivent à la caisse du cinéma, demandent invariablement si « leur » place est libre.

L’anecdote la plus croustillante dans votre cinéma ?
J’ai la chance de laisser ces plaisirs à ceux qui ont à faire « un tour de salle » après les séances… Non, blague à part, c’est beaucoup plus calme, quel dommage.

Le film culte que vous n’avez jamais vu ? Et votre excuse ?
The Rocky Horror Picture Show. Je n’étais pas au bon endroit au bon moment… Et je préfère le riz cuit.

Le navet que vous adorez ?
Papy fait de la résistance, qui n’est pas vraiment un navet. « C’est solennel sans être pesant », n’est-ce pas ? Les dialogues qui fusent, le rythme et surtout la présence extraordinaire de Jacqueline Maillan me réjouissent au plus haut point.

Le film que vous regrettez de ne pas avoir vu au cinéma quand il est sorti ?
Trois places pour le 26. J’aimais déjà beaucoup le cinéma de Jacques Demy. J’ai entendu des critiques assez sévères et j’ai eu peur d’être déçu. C’était bête. C’est une faute cinéphilique morale !

La musique de film sur laquelle vous vous brossez les dents ?
Another day of sun, l’ouverture de La La Land. Ça donne la pêche !

La réplique culte pour un rendez-vous ?
Pour un déjeuner de travail : « Il est gouleyant. Il a de la cuisse, il attaque sèchement le palais, il manque pas de retour. Vous pouvez servir. » Mes enfants lorsqu’ils qui étaient tout-petits la savaient par cœur et que je les entend la dire !

Qu’est-ce qui réveille le dragon qui est en vous ?
Les circulations des rares DCP établies de longue date avec confort et qui prennent du retard parce que le DCP reste en rade quelque part. Ce qui t’oblige à payer un envoi en chrono pour la salle suivante, parce qu’avant ça a traîné… Grrr. C’est la double peine.

Entre nous, quel est l’exploitant dont vous êtes fan ?
Dans la profession, il y a beaucoup de gens talentueux. Je voudrais saluer le travail de grande qualité que mène Luc Lavacherie au Gallia Cinéma de Saintes. Il écrit merveilleusement sur le cinéma et sait, par son goût, sa culture, sa vision libre des films, créer des animations d’une grande richesse. Son cycle de conférences est passionnant. Recevoir avec facilité et intelligence de grands réalisateurs, comme Alain Cavalier par exemple, m’impressionne.

Et quand tout est noir… quel film vous rend le plus heureux ?
Les scènes de merveilleux. Je citerais deux films, probablement en lien avec ma fibre jeune public : Peau d’âne, notamment la scène où ils (…) « se gaveront de pâtisseries… ». Et dans Mon Voisin Totoro, quand Mei tombe sur le gros Totoro endormi, quand le chat bus arrive, quand une nuit, les graines semées poussent de façon prodigieuse, quand… Bref, si on connaît bien un film, on file direct à la séquence qui nous transporte le plus.

Bio express :

1995 : Responsable cinéma au Conseil général des Hauts-de-Seine
2001 : Directeur du cinéma les 400 coups à Châtellerault
2013 : Élu au Conseil d’administration du SCARE
2018 : Vice-président des Cinémas Indépendants de Nouvelle-Aquitaine

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