Les acteurs de l’éducation aux images expriment leur inquiétude

Ouverture des Rencontres nationales de l'Archipel des lucioles, le 14 novembre

Les coordinateurs Maternelle, École et Collège au cinéma, réunis actuellement pour leurs Rencontres nationales à Saint-Jean-de-Luz, s’alarment de la directive du ministère de l’Éducation nationale, qui remet en cause la formation – et la participation – des enseignants à certains dispositifs.

L’Archipel des lucioles, qui coordonne au niveau national les différents dispositifs scolaires, a publié une tribune le 14 novembre, pour demander aux ministères de tutelle « de confirmer que les formations des enseignants et les séances de cinéma continueront à être proposées sur le temps scolaire ». En effet, le guide du Remplacement de courte durée (RCD), adressé au mois d’août aux chefs d’établissements scolaires et qui remet en cause le visionnement des films en salle, se traduit déjà par une désaffection de nombreux enseignants de collège et lycée, qui se sont désinscrits des dispositifs… et n’amènent plus leurs élèves au cinéma. 

Après les réactions des exploitants, entendues lors du congrès de la FNCF en septembre, le débat qui a ouvert les Rencontres nationales de L’Archipel des lucioles a montré la colère des acteurs de terrain. Les termes de « sidération » et de « violence » sont revenus souvent face à une directive élaborée de façon unilatérale par le ministère de l’Éducation nationale, « sans concertation avec les partenaires », comme l’a souligné Patrick Facchinetti, délégué général de l’Archipel des lucioles. Or les dispositifs scolaires qui, pour rappel, touchent 2 millions de jeunes chaque année, « reposent sur un partenariat entre enseignants, salles de cinéma et différents médiateurs ». Le fameux RCD a en outre été annoncé sans préméditation, y compris au niveau des rectorats. Du côté de la DAAC (Délégation académique à l’action culturelle) de Créteil, « nous n’étions pas au courant, alors que nous sommes chargés d’organiser la formation des enseignants », témoigne Isabelle Bourdon qui, face à la « violence » de la directive, a décidé de ne pas l’appliquer. En Bretagne, où les effets sont particulièrement flagrants, on dénombre déjà une baisse de 47 % du nombre d’enseignants formés, et un quart de leurs élèves ne participant plus aux dispositifs. De façon générale, les différents coordinateurs voient dans la récente directive « une injonction contradictoire » avec celle du 100 % EAC (Éducation artistique et culturelle) voulue par le gouvernement, et l’impossibilité pour eux de respecter le cahier des charges des dispositifs scolaires.

Représentant l’Éducation nationale, Eric Rostand, conseiller cinéma de la mission EAC du ministère, s’est dit « à l’écoute des retours de terrain pour faire des ajustements ». Il a notamment précisé que les formations des enseignants devaient désormais se dérouler non pas « hors temps scolaire », mais en dehors du « face-à-face pédagogique » entre professeurs et élèves. Reste à voir si les sorties culturelles relèvent de ce « face-à-face pédagogique » et si le texte peut être amendé en ce sens.

Du côté du CNC, Laurent Vennier, nouveau directeur des politiques territoriales, a bien rappelé combien l’éducation aux images reste « la pierre angulaire de l’action du Centre », avec notamment le déploiement national en 2023 de Maternelle au cinéma, d’Étudiants au cinéma et de Toute la lumière sur les Segpa, et l’objectif de doubler le nombre de médiateurs à travers les conventions État/Régions. Et il a affirmé que « L’accès aux œuvres, dans toute leur diversité, aux lieux culturels, y compris en matière de transports, doit être renforcé. Mais aussi l’accès, pour tous les enseignants et médiateurs, aux formations et ressources nécessaires, pour que l’accompagnement des enfants et des jeunes puisse se faire toujours avec le même niveau d’exigence et de qualité. Le CNC est à vos côtés sur l’ensemble de ces sujets. »
Quant à l’idée de renforcer les ciné-clubs, qui est un projet du député Quentin Bataillon, la cheffe du service des publics à la direction des territoires, Léa Luret, a précisé que, si c’était une piste que le CNC aimerait développer « pour mobiliser les jeunes sur tous les fronts et tous les temps, il ne s’agit absolument pas de se substituer aux dispositifs de Ma classe au cinéma, mais au contraire de s’appuyer sur le travail pédagogique déjà fait pour développer la cinéphilie des jeunes en général ».

Ouverture des Rencontres nationales de l'Archipel des lucioles, le 14 novembre

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