Le SFAC, l’ami américain qui aide au financement de la création française

Les représentants du SFAC au Studio Show 2019. ©Sfac

Au pays de l’exception culturelle, les filiales françaises des studios ne sont pas que des pourvoyeurs de films hollywoodiens, mais aussi, comme le démontre le SFAC*, des contributeurs de taille à la création cinématographique française, pourtant coupés pour l’heure du soutien automatique à la production. 

Même dans le domaine du cinéma, « les relations franco-américaines ont toujours été constituées d’un mélange d’amour et de défiance, de fascination et de critique », observe avec sérénité Olivier Snanoujd. Mais le président du SFAC n’en revendique pas moins la pleine intégration des filiales des studios à l’écosystème au pays de l’exception culturelle. Ainsi, le cinéma américain a contribué à la production de « l’autre grand cinéma mondial, le cinéma français, qui, lui-même, finance des films d’auteurs de toutes origines et tous horizons. Il en résulte un paradoxe vertueux qui fait de nos sociétés américaines les premières contributrices nettes du fonds de soutien, limite leur part de marché à un niveau très inférieur à celui des autres pays occidentaux mais fait tout de même de la France un des grands marchés mondiaux ».

Forte contribution aux multiples dispositifs financiers

Ainsi, depuis 2009, la TSA reversée par les membres du SFAC (chiffres Disney inclus jusqu’à 2014) au CNC atteint 580 millions d’euros. En 2019, avec 55,2 % de part de marché sur les 213 millions d’entrées record, le cinéma américain est même devenu le premier le premier contributeur à la production de films français. Le dispositif est complété par la taxe sur les ventes de vidéo (TSV), à hauteur de plusieurs millions d’euros collectés auprès des studios américains depuis une dizaine d’années, et, bien entendu, les 73 millions d’euros de VPF (hors données Disney) que les membres du SFAC auront reversé jusqu’à fin 2021 pour contribuer à la modernisation des salles et de leurs équipements numériques. 

De fait, il faut aussi noter que les filiales des majors américaines distribuent aussi du made in France. Ces 20 dernières années, les membres du SFAC ont sorti 99 films français qui ont réalisé plus de 85 millions d’entrées (chiffres Disney pour la période 2000-2014 inclus), versant, sur cette même période, plus de 200 millions d’euros de minimums garantis aux producteurs français et investissant 78 millions d’euros dans les frais d’édition de films nationaux. Ainsi, en tant qu’acquéreurs de mandats de distribution de productions françaises, les membres du SFAC ont accès au fonds de soutien de la distribution, « ce qui réduit leur risque financier et contribue à renforcer l’intérêt d’investir en local », note le syndicat. En témoigne le nouveau label créé par Sony Pictures avec Moana Films, Parasomnia, autour du cinéma de genre français.

Accéder au compte de soutien automatique en tant que coproducteurs

Pour le co-vice-président du syndicat, Frédéric Moget, cette « tradition d’investissement » doit désormais pouvoir aller plus loin, notamment en ouvrant la voie du compte de soutien automatique à la production aux filiales de studios américains en tant que coproducteurs. « La crise que nous vivons – qui nous impose de reconquérir nos spectateurs – permet aussi de mettre en valeur l’expérience du cinéma et la notion du “film qu’il faut voir au cinéma”. À la fois pour l’expérience en salle – taille de l’écran, ampleur de l’immersion sensorielle – mais aussi pour la qualité des films qui sont produits. Nous devrons plus que jamais prendre en compte ce phénomène à l’occasion de la production d’un film, de sa présentation en salle et de sa promotion », estime Frédéric Moget. Et à Olivier Snanoudj de conclure en soulignant le besoin de « s’assurer, alors que de grands bouleversements secouent les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel et des médias, que la régulation demeure équilibrée afin de garantir la pérennité de la diffusion en salle ». 

Retrouvez l’intervention de Xavier Albert, en tant que vice-président du SFAC, lors du Forum Boxoffice Hollywood Année Zéro

TOP 10 des productions françaises distribuées par des membres du SFAC depuis 2000 :

RangFilmDistributeurEntréesAnnée
1LES BRONZÉS 3 : AMIS POUR LA VIEWARNER10 229 4832006
2LA VÉRITÉ SI JE MENS ! 2WARNER7 407 9582001
3UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLESWARNER4 449 3922004
4CHOUCHOUWARNER3 824 3762003
5L’ARNACOEURUNIVERSAL3 781 5202010
6BABYSITTING 2UNIVERSAL3 241 9652015
7LE BOULETWARNER3 159 5912002
8THE ARTISTWARNER3 064 8732011
9LES SEIGNEURSWARNER2 729 0992012
10LE RENARD ET L’ENFANTDISNEY2 514 9262007

*Studios membres : Warner Bros, Universal Pictures, Sony Pictures et Paramount Pictures. The Walt Disney Company a quitté le syndicat en 2014.

Les représentants du SFAC au Studio Show 2019. ©Sfac

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