Le CNC défend ses actions contre les VHSS

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Alors que la légitimité de son président est remise en cause en la matière, le Centre national de la cinématographie a détaillé la teneur et la portée de sa mobilisation contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuelles.

Jeudi 29 février, dans le cadre de son audition par la délégation sénatoriale aux droits des femmes du Sénat, Judith Godrèche a demandé, outre la mise en place d’une commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma, le retrait de Dominique Boutonnat de la présidence du CNC, mis en examen depuis février 2021 pour agression sexuelle. Dans l’attente de son jugement qui devrait avoir lieu le 14 juin prochain, l’actrice-réalisatrice n’en a pas moins souligné la contradiction du Centre de proposer des formations contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels (VHSS), où « les producteurs se rendent en rigolant car ils vont faire [cette] formation dans une institution dont le président est accusé de violences sexuelles ». Dès le lendemain 1er mars, l’institution répondait indirectement avec le décompte du nombre de professionnels qui ont jusqu’à présent suivi ces formations, auxquelles sont désormais conditionnées les aides du CNC.

Concernant les professionnels de la production et de la distribution (cinéma, audiovisuel, jeux vidéo et industries techniques), ils sont 4 410, dont 4 240 ont déjà obtenu leur attestation, à avoir été formés contre les VHSS lors de 78 sessions organisées à travers la France et les Drom depuis octobre 2020. Les exploitants, auxquels l’obligation a été étendue depuis janvier 2023, ont de leur côté bénéficié de 23 sessions depuis mai 2022. Suivies par 1 219 responsables, elles ont permis la délivrance de 1 180 attestations. « Aujourd’hui, 5 904 professionnels sont inscrits ou ont déjà suivi la formation », a précisé le CNC, dont l’objectif est de former un total de 6 200 professionnels d’ici juillet 2024. Sachant que dès l’été 2024, ces formations seront élargies aux équipes de tournages. « En ciblant l’équipe de tournage dans son ensemble, c’est-à-dire le réalisateur, les chefs de postes de l’équipe technique, les comédiens, le CNC et l’Afdas vont décupler l’efficacité de cette action en touchant toutes les personnes directement concernées par les VHSS : à la fois les potentiels auteurs et les potentielles victimes », note le CNC. 

Le CNC a profité de ce point d’étape pour rappeler les autres mesures prises en matière de lutte contre les VHSS, comme son pouvoir de sanctionner, par un retrait des aides publiques, une production qui ne respecte pas le droit du travail en matière de protection des comédiens mineurs. 

Sur une initiative de la Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma (et en association avec le ministère de la Culture), le Centre a aussi mis en place, depuis juin 2020, une cellule d’écoute psychologique et juridique à destination des professionnels victimes de VHSS. Opérée par le groupe Audiens, cette cellule d’écoute est complétée par une consultation médicale « emprise » au Pôle santé du 7 rue Bergère (Paris 9e). 

Depuis début 2021, deux assureurs mutualistes (la Maif et Areas) ont mis en place une clause assurantielle couvrant les risques de faits de violence sexiste et sexuelle sur les tournages, « jusqu’à 500 000€ de frais liés jusqu’à cinq jours d’arrêt de tournage ». Toutefois, comme le précise le CNC, cette clause n’a encore jamais été utilisée, ses conditions de mise en œuvre faisant actuellement « l’objet d’une analyse pour une meilleure adaptation à la réalité des situations rencontrées sur les tournages ». 

Enfin, le CNC a rappelé la récente apparition du métier de coordinateur d’intimité sur les tournages, notamment anglo-saxons, comme un outil supplémentaire pour assurer la santé et la sécurité des acteurs. Actuellement il est exercé par seulement 4 personnes, toutes femmes, et toutes formées à l’étranger. « Il faut pouvoir former plus de coordinateurs en France pour pouvoir le répandre », estime le CNC qui accompagne les partenaires sociaux dans la démarche de faire reconnaître ce nouveau métier. 

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