Dans notre rubrique de l’été, nous vous proposons un tour d’horizon hebdomadaire de l’histoire et des singularités des cinémas mythiques de Paris. Nous achevons notre tournée au Balzac.
L’unique grande salle est inaugurée le 6 mai 1935 avec le film Nuit de noces de King Vidor. À l’époque, elle propose des films américains en version originale. Avec Le Lincoln, c’est le seul complexe élyséen proposant des films d’auteur.
Les années 50, 60 et 70 constituent la grande période du Balzac. De nombreux réalisateurs français doivent leur renommée à ce cinéma, à l’image de Henri Decoin, René Clément, Marcel Carné, Jacques Becker, Jacques Tati, Claude Chabrol, Pierre Etaix… Au-delà des projections, l’établissement s’inscrit en plein coeur de l’actualité cinématographique de son temps en organisant de prestigieuses avant-premières et en accueillant les stars et les réalisateurs phares de l’époque.
En 1975, le Balzac s’équipe de deux nouvelles salles, plus petites. Il en profite pour varier sa programmation et garder plus longtemps les films à l’affiche.
D’importants travaux de rénovation ont lieu en 1993. Toutes les salles sont refaites en conservant leur cachet original, un bar et un lieu d’exposition sont aménagés dans le hall d’accueil. Quelques années plus tard, la décoration est réactualisée : nouveaux éclairages, nouveaux fauteuils, nouvelle moquette, revêtements muraux en cuir dans les couloirs…
Une tradition familiale
Jean-Jacques Schpoliansky est le directeur le plus connu du Balzac. Il en a pris la direction après la mort de son père, en 1973, et est resté 44 ans aux commandes.
A 27 ans, Jean-Jacques Schpoliansky était régisseur adjoint pour Buñuel et René clément. Il a donc pris la succession de son père, qui lui-même, en 1946, avait récupéré la salle du grand-père, réquisitionnée pendant la guerre. Le Balzac est dans la famille Schpoliansky depuis 1935. « Quand je suis arrivé, j’ai essayé de comprendre la situation du Balzac ou il n’y avait alors qu’une seule salle » confiait Jean-Jacques Schpoliansky dans les colonnes de Boxoffice en septembre 2017, au moment où il devait enfin passer le flambeau. Le Balzac était alors le cinéma de référence des films français sur les Champs Elysées et en avait l’exclusivité : Les vacances de monsieur Hulot, les tontons flingueurs, Manèges, Jour de fête, La ronde, Casque d’or, La guerre des boutons, La piscine. « A l’époque il y avait une combinaison inamovible qui s’appelait Helder-Scala-Vivienne, quatre salles qui pendant 23 ans ont passé les mêmes programmes. Il y avait aussi d’autres combinaisons comme Normandie-Rex-Rotonde, Pathé Wepler-Marignan avec les premières exclusivités puis les deuxièmes » développait-t-il.
Avec le temps, les salles de cinéma des Champs-Elysées sont devenues des multiplexes et les indépendants ont eu de plus en plus de difficultés à survivre. Pour contrer ce mouvement général, Jean-Jacques Schpoliansky s’est efforcé de trouver des solutions pour se rapprocher du public en proposant des expériences originales, tranchant avec le côté impersonnel des multiplexes. « Alors que j’étais un incroyable timide, j’ai commencé à faire des présentations de films en salle pour prévenir les spectateurs que le Balzac risquait de fermer s’il n’y avait pas plus de public. J’ai animé mes salles en essayant d’apporter un plus dans l’accueil, les animations » explique-t-il plus tôt cette année dans les colonnes du Parisien. Au-delà de la projection de films, le Balzac est devenu au fil du temps un lieu de vie et de culture : Jean-Jacques Schpoliansky, en outre, organisait des plateaux repas avec des chefs étoilés.
Dans le même temps, il a revendu ses parts à son associé David Henochsberg et au groupe Etoile Cinémas qui a nommé Priscilla Gessati à la tête du cinéma l’année dernière. « La salle accueille de nombreux événements : festivals, avant-première, séances spéciales avec rencontres et débats, et la musique est toujours à l’honneur avec des concerts de jazz tous les samedis en avant-séance et des spectacles type ciné-concert » explique la jeune exploitante.
Parmi les séances spéciales, l’événement « Pochette Surprise » mis en place pour les enfants propose la diffusion de plusieurs films courts, souvent muets, datant des premiers pas du cinéma avec des réalisateurs comme Charlie Chaplin, Laurel et Hardy, Harold Lloyd ou encore Buster Keaton.
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