Portrait exploitante : Priscilla Gessati

Ces derniers mois n’ont pas été des plus simples pour Le Balzac, en première ligne des violences qui ont émaillé Paris les samedis de manifestation. Encore dans la paperasse administrative, Priscilla Gessati, directrice des 3 salles, s’est prêtée au jeu du portrait de Boxoffice.

À quel moment avez-vous décidé de faire ce métier ?
Après 10 ans d’intermittence sur les plateaux de cinéma, j’ai repris mes études puis enchaîné avec un premier job chez Europa Cinemas. Je n’avais jamais imaginé m’occuper d’une salle et j’ai trouvé fascinant ce métier, ce lieu où les films prennent vie, où ils rencontrent un public qui souvent ne sait pas comment fonctionne l’industrie. J’aime distiller des explications à mes spectateurs quand je présente les films et ils adorent !

Qu’est-ce qui vous séduit en premier dans une salle de cinéma ?
La devanture, forcément ! Mais surtout le confort, de la place entre les rangées de fauteuils (comme au Balzac !).

Votre plus grand moment de solitude dans votre cinéma ?
Quand, sans technicien dans le cinéma, j’ai dû replugger une carte ICP sous la conduite de la hotline. Durée prévue de l’intervention : 30 min, j’ai pu relancer 2h30 plus tard, après que le technicien a compris qu’il me donnait des indications pour un modèle différent, parce que, là, c’était le projecteur calé dans une niche. Et c’était l’été.

Votre spectateur le plus insolite ?
J’ai commencé un recueil. La phrase insolite qui me fait encore rire : une dame sort du documentaire de Wim Wenders sur le Pape et, émerveillée, s’exclame « Et celui qui fait le Pape, il est formidable, c’est un acteur connu ? »

Le film culte que vous n’avez jamais vu ?
Plein. Et zéro excuse. Faudrait prendre le temps. Heureusement, je m’y consacre chaque année à Lyon, pendant le Festival Lumière. J’ai pu découvrir des films qu’il n’aurait pas fallu voir autrement : 2001, L’Odyssée de l’espace ou encore Apocalypse Now.

Le navet que vous adorez ?
Je n’en ai pas vraiment mais je me souviens avoir marché pour The Last Face, le film de Sean Penn montré à Cannes et quasi pleuré à la scène de la brosse à dent. Difficile à assumer en sortie de projection.

La musique de film sur laquelle vous vous brossez les dents ?
J’ai écouté en boucle « Fishbach » après avoir entendu « Un autre que moi » dans un film russe à Honfleur (Jumpman d’Ivan Tverdovski). Sinon, super classique : je peux écouter en boucle « Les Moulins de mon cœur ».

La réplique culte pour un rendez-vous ?
« Vous voulez pas un whisky d’abord ? » (La Cité de la peur d’Alain Berberian).

Qu’est-ce qui réveille le dragon qui est en vous ?
Le pop-corn et les téléphones en projection.

Entre nous, quel est l’exploitant(e) dont vous êtes fan ?
Christine Beauchemin-Flot dont, par une convergence des astres, je suis le travail au Select d’Antony depuis plusieurs années et qui réussit à lier exigence, qualité et satisfaction du public. Ses conseils sont précieux.

Et quand tout est noir… quel film vous rend le plus heureuse ?
Amici miei, Monicelli. Irresistibles supercazzole !

Bio express :

2011 : Chargée d’études et de communication à Europa Cinemas.
2014 : Responsable par intérim du Ciné Lumière (Londres).
2017 : Publication chez DIXIT de « L’Exploitation cinématographique en France ».
2017 : Direction des 3 salles du Balzac (Paris).