À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le CNC publie son étude annuelle sur la place des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle, où l’exploitation confirme être la filière la plus féminisée du secteur.
Dans sa nouvelle synthèse où l’on retrouve une grande partie des chiffres communiqués fin novembre 2020, lors des dernières assises pour la parité, l’égalité et la diversité du collectif 50/50, le CNC confirme que la part des films réalisés ou co-réalisés par les femmes a été de 26 % en 2019 – elle n’était que de 20 % en 2010 – et met en valeur l’émergence d’une nouvelle génération particulièrement prolifique. Entre 2010 et 2019, 38 femmes (soit 7,4 % des réalisatrices) ont réalisé au moins trois films. Pendant cette période, 12 d’entre elles signent leur premier film, contre 10 hommes.
Avec 606 films d’initiative tricolore (co)réalisés par des femmes sortis dans les salles du pays entre 2009 et 2018, la France arrive en tête des huit pays européens étudiés, représentant à elle seule près du tiers (30,6 %) des productions féminines.
Niveau part des films (co)réalisés par des femmes dans la production nationale, l’Hexagone devance nettement les pays d’Europe du Sud (12,8 % en Italie, 16,7 % en Espagne) ainsi que le Royaume-Uni (15,5 %), mais reste à la traîne de celle des pays d’Europe du Nord. Dans un volume global de productions nationales certes plus faible, entre 2009 et 2018, 26,6 % des films finlandais, 29,4 % des films norvégiens et 35,7 % des films suédois sortis en salles étaient réalisés ou co-réalisés par des femmes.
L’exploitation, une longueur d’avance…
Alors que les femmes représentent 44,5 % des intermittents travaillant dans la production de films de fiction en 2018, elles composent 51,7 % des équipes des salles françaises en 2018. Sur cette année, on dénombrait près de 8 300 femmes employées dans le secteur de l’exploitation, leur nombre ayant augmenté de 9 % depuis 2009 – avec un taux de croissance près de quatre fois supérieur à celui des hommes sur la même période (+2,5 %).
… mais toujours des défis à relever
Toutefois, les femmes cadres restent minoritaires dans le secteur de l’exploitation cinématographique, bien que leur part soit passée de 37,8 % en 2009 à 39,5 % en 2018. Au sein des effectifs permanents, les femmes se révèlent aussi plus jeunes que les hommes ! En 2018, leur moyenne d’âge était de 30,7 ans, soit 3 ans de moins que leurs confrères. Ainsi, 61,6 % des salariées permanentes sont âgées de moins de 30 ans en 2018, tandis que la majorité des hommes (51,5 %) dépasse cet âge.
Observant aussi qu’au-delà de 30 ans, les femmes sont proportionnellement moins nombreuses que les hommes quelle que soit la tranche d’âge considérée, l’étude CNC met en exergue les actions entreprises dans le secteur pour soutenir les jeunes exploitants. Parmi elles, les prêts participatifs pour faciliter l’acquisition de petites salles par les jeunes exploitants, la commission de réflexion des jeunes exploitants de la FNCF ou encore le réseau EVE à destination des jeunes exploitantes.
Les chiffres confirment aussi la surreprésentation des femmes en matière de temps partiel, mais révèlent aussi une forte augmentation du temps partiel chez les hommes, leur part étant passée de 57 % en 2009 à 68 % en 2018.
Enfin, les différences salariales entre hommes et femmes persistent, quel que soit le type de contrat. En 2018, le salaire annuel brut d’une permanente est 5,1 % inférieur à celui d’un homme si elle est en CDD, et 12,3 % inférieur si elle est en CDI. Mais les écarts salariaux se réduisent progressivement, notamment grâce à un meilleur accès des femmes aux postes de cadres. En 2018, une femme en CDD touchait ainsi près de 5 100 € de plus de salaire annuel brut moyen qu’en 2009 (+23,6 %, contre +21,6 % pour les hommes). De même, le salaire annuel brut moyen d’une femme en CDI en 2018 a été revalorisé de près de 5 000 € par rapport à 2009, soit une augmentation de 21,0 % (+15,5 % pour les hommes).
Retrouvez l’intégralité de l’étude CNC (mars 2021) par ici.
Un programme de mentorat par le Collectif 50/50
« Plus que jamais, le besoin de transmission et d’accompagnement par la société civile envers la jeunesse s’impose », estime le Collectif qui lance un programme de mentorat dans le prolongement de ses actions en faveur de la parité et de l’égalité des chances.
Une session expérimentale, mise en place en mars 2020 – auprès d’un public identifié par l’association Mille Visages (créée en 2006 par Houda Benyamina) et la Fondation Culture et Diversité – a permis de mesurer le besoin et la nécessité de l’initiative. Deux premières sessions seront organisées en mai et octobre prochains pour les jeunes professionnel·le·s justifiant d’une première expérience dans le secteur. Les sessions suivantes alterneront ensuite avec des sessions destinées à un public plus jeune, amené à penser à son orientation post bac ou en réinsertion scolaire.
« Le projet de mentorat du Collectif s’appuie sur un accompagnement sur mesure pour maîtriser les codes du secteur, comprendre l’écosystème dans lequel le/la mentoré.e se destine à évoluer », concluent les organisateurs. « Cette transmission doit être inclusive, paritaire et intersectionnelle pour que la diversité se reflète aussi dans le cinéma et l’audiovisuel de demain. »
Le programme de mentorat bénéficie en outre du partenariat de Netlix.
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