Depuis quatre ans, la Commission supérieure technique de l’image et du son a distingué une cinquantaine de salles, en leur décernant un de ses deux labels. Ils sont à nouveau présentés au Congrès FNCF cette année.
Accompagner, conseiller… mais aussi valoriser la qualité de projection et de confort des salles de cinéma est l’une des missions de la CST, via son département exploitation. Et dans un contexte où la consommation des images est partout, il ne s’agit pas seulement de mettre en avant le grand écran, mais aussi les efforts d’excellence de certains exploitants, qui misent sur un spectacle maximum. « Il ne faut jamais oublier qu’un film de cinéma est une œuvre qui, pour être appréciée, doit être vue dans les meilleures conditions possibles », souligne Mathieu Guetta, référent exploitation à la CST* et notamment en charge des labellisations “Excellence” et “Immersion”. Pour rappel, ces deux labels distinguent les salles qui, par l’exigence de leurs équipements et de leurs aménagements, vont au-delà des normes rédigées par l’Afnor, et pour le second mettent en œuvre « des dispositifs favorisant l’immersion des spectateurs ».
« L’idée vient d’Alain Besse, figure de la CST bien connue des exploitants, qui a longtemps supervisé les projections à Cannes et au Festival Lumière. Pierre-Édouard Baratange a ensuite mis en œuvre la labellisation, de la première, fin 2019, et jusqu’à sa retraite en 2022 », relate Mathieu Guetta, qui a donc pris le relais. « Nous n’en sommes qu’au début de cette démarche, relancée après l’arrêt forcé de la Covid. » À ce jour, 19 salles très diverses (art et essai de centre-ville ou de multiplexe, municipale ou institutionnelle…) sont labellisées Excellence et 34 Immersion, dont 30 Ice/CGR.
Comment sont attribués ces labels ?
C’est un groupe de travail dédié, réunissant les principaux installateurs, des représentants de la FNCF et permanents de la CST, qui décerne le label, à la demande de l’exploitant – parfois après que la CST ou un installateur l’a encouragé à le faire –, mais après étude de critères précis, établis en collaboration avec l’ensemble de la profession. « Nous nous basons sur les deux normes Afnor existantes : l’une sur les caractéristiques de la salle, l’autre sur l’image et le son. Elles représentent une sorte de plancher : si on est en dessous, c’est éliminatoire, dès que l’on est au-dessus, on cumule des points et on est éligible au label », explique Mathieu Guetta. L’exploitant commence donc par envoyer à la CST les plans de sa salle, la première chose à vérifier étant son architecture et tout ce qui concerne le confort de vision (distance du premier rang, angle de renversement des têtes, taille et forme de l’écran, hauteur du faisceau, largeur de l’assise de fauteuil, etc…), « ce qui permet de voir tout de suite s’il y a suffisamment de critères remplis ».
Deuxième étape, le comité examine l’équipement de la cabine avec l’installateur, ainsi que ses relevés lors de la dernière maintenance : ratios, quantité de lumière, rapport de contraste, colorimétrie, chaîne sonore, etc. Chaque critère est noté, une résolution 4K valant plus que 2K par exemple, un son 7.1 rapportant 10 points tandis qu’un son immersif permet d’en cumuler 25. « Nous tenons compte aussi de la maintenance par un personnel dédié – y compris de la propreté de la cabine et du hublot –, ainsi que de l’accessibilité (audiodescription, renfort auditif…). Un certain nombre d’indicateurs, sur la soixantaine de critères évalués, permettent d’envisager un label de façon théorique, ce qui sera confirmé par une visite. » Les critères sont les mêmes pour le label Immersion, mais adaptés à la 3D, qui n’implique pas la même rigueur au niveau de l’uniformité et de la quantité de lumière.
La démarche est payante pour l’exploitant : 980 € la première année (analyse des plans, visite de labellisation et fourniture du kit de communication), puis 500€ par an avec une contre-visite tous les deux ans. Le label est en effet attribué pour deux ans, puis renouvelable après chaque contre-visite.
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Une belle diversité de salles distinguées
Sachant que le label est attribué pour un écran, « un exploitant décide généralement de mettre en valeur une salle VIP, comme à Arpajon, ou sa plus grande salle, comme à Chartres. D’autres ont souhaité en labelliser plusieurs : les deux plus grandes à Anglet ou l’ensemble des sept salles à Yvetot », souligne le référent à la CST. « Pour le label Excellence, il n’y a pas de configuration standard requise – par exemple il n’est pas obligatoire d’être équipé en laser ou en son Atmos – et chaque salle a des spécificités qui retiennent l’attention. » Des salles aussi diverses que le Jean-Eustache à Pessac, qui se démarque par sa programmation art et essai mais n’en oublie pas la qualité de la projection, le Publicis à Paris, très pointilleux sur la maintenance, l’écran de 17 mètres de Chartres, ou encore l’espace entre les fauteuils de la grande salle du CNC. Quant au label Immersion, que CGR a obtenu pour ses salles Ice, il n’est pas réservé à un format premium particulier ou à une “marque”, en témoignent les salles de Neufchâteau ou de l’Artplexe à Marseille.
Le label obtenu, les cinémas peuvent facilement le rendre visible grâce au logo (matérialisé par la pose d’une plaque, et déclinable pour la communication print et digitale) et au spot de 20 secondes à diffuser en avant-programme. « Les exploitants peuvent aussi organiser une inauguration en invitant le public, les exécutifs locaux et les distributeurs, auprès desquels le label peut être un argument. » Car une distinction venant de l’historique institution technique représente indéniablement la reconnaissance d’un travail rigoureux. Le parc de salles labellisées a doublé en un an, et plusieurs demandes sont en cours. « Nous en sommes fiers ; car l’excellence de la projection est dans l’ADN de la CST ».
La CST à Deauville
Outre ses labels Excellence et Immersion qui seront présentés au Congrès des exploitants, la CST met l’accent cette année sur l’accessibilité et l’inclusion, en présentant différentes solutions adaptées aux salles, avec les sociétés les développant, ainsi que sa nouvelle formation en partenariat avec l’association Inclusiv.
*aux côtés de Jean-Michel Martin, permanent exploitation, et Éric Cherioux, directeur technique de la CST
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