Le mono écran art et essai Jean Renoir de la commune des Bouches-du-Rhône a déménagé de sa cité au centre-ville, dans un écrin agrandi et rebaptisé La Cascade qui ouvre ce vendredi 15 octobre à 18h.
C’est une nouvelle vie qui commence pour le Jean-Renoir de Martigues, qui devient un trois salles et le point central du complexe flambant neuf La Cascade, lui-même au centre de la Venise provençale. « Le projet remonte à 15 ans, quand la ville a commencé à penser à sa reconversion, alors que la filière cinéma se développait, notamment avec la création de Provence Studios* », raconte Henri Denicourt, directeur depuis 2008 du Jean-Renoir, « l’idée étant de ramener l’art et essai au plus près de la population, sur l’emplacement même où s’érigeait un cinéma au début du siècle… qui s’appelait La Cascade, en raison d’une source d’eau douce à cet endroit ». D’un écran unique situé dans une cité HLM du quartier Paradis Saint-Roch, le cinéma renaît ce vendredi 15 octobre en reprenant le nom historique de La Cascade. Et c’est bien autour et à partir du cinéma qu’a été conçu l’ensemble de l’îlot qui va redynamiser l’entrée Est de Martigues, en abritant 54 logements, sociaux et privés, des commerces et une brasserie. La maîtrise d’œuvre générale a été confiée au promoteur GCC, tandis que l’aménagement intérieur du cinéma et des jardins a été réalisé par l’agence d’architecture Tiers Lab, basée à Marseille. L’association Renoir gérera le cinéma en privé, selon une convention triennale avec la Mairie qui lui fournit les locaux.
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Des locaux pour un établissement plus grand, avec trois salles de 200, 70 et 50 places, autour d’un hall de 200 m² pouvant accueillir des événements et ouvert à l’arrière sur un jardin. « Le hall offre une grande place à la rencontre et au partage, un grand rideau en arc de cercle permettant d’isoler un espace, qui pourra servir par exemple de lieu de discussion avec un réalisateur ou pour les scolaires ». Henri Denicourt ajoute que « la salle 3 sera spécialement dédiée au jeune public, avec des gradins rétractables pour laisser place à une scène et accueillir des ateliers de création ». En revanche, pas de bar ou espace de restauration à l’intérieur même du cinéma, qui se veut complémentaire des commerces voisins et n’a pas vocation à leur faire concurrence.
70 % d’art et essai
Le fait de passer d’un à trois écrans est une évolution « magnifique » selon Henri Denicourt. « Nous allons pouvoir exposer les films plus longtemps et proposer davantage d’événements, en poursuivant nos missions : une programmation à 70 % art et essai, des films de patrimoine, un gros travail sur le jeune public et les scolaires avec beaucoup d’ateliers. » Le nouveau Jean-Renoir devrait ainsi conserver ses trois labels art et essai, grâce à l’implication de son équipe – Henri Denicourt est par ailleurs élu au conseil d’administration du GNCR et vice-président de l’association régionale Cinémas du Sud/TILT, et Catherine Mallet, en charge des scolaires et du jeune public, est membre du groupe Jeune public de l’AFCAE –, qui va augmenter d’un poste et demi. Le cinéma, coordinateur départemental École et cinéma, accueillera d’ailleurs les prochaines Rencontres nationales de Passeurs d’images, mi-novembre.
Pour rappel, la ville qui s’étend sur les rives de l’étang de Berre est géographiquement proche de gros équipements privés (le CGR à Vitrolles, le Pathé Plan de Campagne à Marseille…), mais aussi de beaucoup de salles en régie publique (Carry-le-Rouet, Port-de-Bouc, Fos-sur-Mer…), avec une complémentarité entre ces différents modèles et leur programmation. À Martigues même, qui compte près de 50 000 habitants, la Ville a défendu la construction du multiplexe Le Palace, qui réalise aujourd’hui entre 350 000 et 400 000 entrées. Une cohabitation qui ne pose pas de souci au Jean-Renoir, dont la programmation est différente et dont les spectateurs, selon l’exploitant, « sont habitués à attendre trois semaines après la sortie nationale pour découvrir un film ». L’ancien cinéma accueillait très peu d’habitants de son quartier populaire, qui représentaient seulement 1 % de la fréquentation, mais les spectateurs venant des villages voisins devraient continuer à se déplacer à La Cascade. « Quand j’ai repris la direction du Jean-Renoir en 2008, il réalisait 16 000 entrées. Dix ans après, nous sommes passés à 31 000 », relate Henri Denicourt, qui reste prudent, au vu de la période particulière que l’on traverse, sur des estimations. « Je ne suis pas devin, mais nous espérons aller vers 50 000 spectateurs la première année avec le nouveau cinéma. »
Focus complet à retrouver dans le Boxoffice Pro n°405 du 6 octobre 2021.
*Provence Studios, installé à 5 minutes du centre de Martigues, propose plusieurs plateaux de tournage sur une superficie totale de 22 hectares.
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