Comment les collectivités investissent-elles dans les salles de cinéma aujourd’hui ? Gros sujet au programme de la formation AFCAE, consacrée cette semaine à la création et la modernisation des salles, notamment à travers le projet de « L’îlot La Cascade » à Martigues, dans les Bouches-du-Rhône, qui abritera le nouveau Jean-Renoir.
« Nous sommes entrés dans une nouvelle époque : c’est aujourd’hui, et non pas dans le monde d’après, qu’existent les opportunités », estime Florian Salazar-Martin, élu de la ville de Martigues et vice-président de la FNCC (Fédération Nationale des Collectivités pour la Culture), dont les propos ont galvanisé la rencontre en ligne de l’AFCAE du matin du 30 mars. Aujourd’hui en effet, ce sont les communes qui subventionnent le plus la création de salles et globalement, « la somme apportée à la culture par les collectivités locales a dépassé le financement de l’État », soulignait Rafael Maestro, responsable du Groupe des Associations Territoriales de l’AFCAE, lors de cette session où ont été détaillés tous les dispositifs d’aides territoriales, et notamment le nouveau plan sexennal Petites villes de demain. Plus largement, si l’on n’a jamais autant parlé des petites villes et de ruralité qu’à l’heure de la crise sanitaire, il y a maintenant quelques années que les collectivités de France ont repensé leur relation à l’économie. Les communes ont racheté des cafés, des épiceries… et des salles de cinéma, rappelle l’élu de Martigues qui dit avoir une vision « entre culture, économie et biodiversité » pour aller « dans le sens de l’intérêt commun ». Et c’est en ce sens que la mairie de Martigues finalise un projet global, l’îlot la Cascade, qui imbriquera, en cœur de ville, logements, commerces et salles de cinéma.
« Là où il y a des gens, il faut que le cinéma soit »
Pour rappel, la ville est géographiquement proche de gros équipements privés (le CGR à Vitrolles, le Pathé Plan de Campagne…), mais aussi beaucoup de salles en régie publique avec une complémentarité forte entre ces différents modèles. À Martigues même, qui compte près de 50 000 habitants, la Ville a accompagné la construction du multiplexe Le Palace, qui réalise aujourd’hui entre 350 000 et 400 000 entrées. « À l’époque, nous avons défendu le projet en CDAC, en bonne intelligence avec les cinémas privés et les autres communes du territoire, car nous avions besoin de cet équipement, dans l’intérêt des populations. » Aujourd’hui l’établissement de 11 salles, implanté en zone commerciale, cohabite avec « une belle complicité » avec le mono écran art et essai Jean-Renoir, situé dans un quartier populaire et financé en majeure partie par la Ville de Martigues. « Nous voulons lui donner de l’amplitude et le réimplanter en cœur de ville », explique Florian Salazar-Martin, ce qui a suscité une « grosse bataille politique » locale, certains n’étant pas convaincus de la priorité d’un tel investissement. Mais pour l’élu, c’est bien le 7e Art qui « va redonner du sens à la ville ». Ainsi tout l’îlot la Cascade est construit et conçu à partir du cinéma, « qui sera le vecteur de cette ambition : un espace pour mixer les usages ».
Un chantier particulier puisque la maîtrise d’œuvre générale a été confiée à un promoteur privé, auquel la mairie rachète le cinéma. « Ce qui a posé quelques soucis avec le CNC et la Région qui ne subventionnent pas les projets privés », d’où l’importance, pour Florian Salazar-Martin, « d’être accompagnés par l’ADRC sur la méthode ».
Dans son nouvel écrin, qui devrait être achevé à l’été prochain, le nouveau Jean-Renoir abritera trois salles de 200, 70 et 49 places, un hall d’accueil de 200 m2 avec des espaces de convivialité et de partage, sans lesquels un cinéma d’aujourd’hui… n’est pas un cinéma pour demain.
Revoir l’intégralité des sessions de formation AFCAE du 30 mars :
« Le rôle des collectivités dans l’investissement »
« Quelles salles pour demain ? »
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