En amont de l’édition 2023 des rencontres, organisée du 20 au 22 juin au Lux de Caen et au Café des images d’Hérouville-Saint-Clair, entretien express avec les co-présidents du Syndicat des distributeurs indépendants.
Dans quel état d’esprit abordez-vous ces rencontres du cinéma indépendant 2023 ?
Jane Roger : Dans un esprit toujours positif et surtout combatif, avec la ferme intention de démontrer la vitalité de la diversité des sociétés qui composent le SDI.
Etienne Ollagnier : Les Rencontres de 2022 ont rencontré un grand succès, et ont été un grand moment de convivialité. Nous espérons une édition 2023 encore plus belle !
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Si les rencontres de l’an dernier se déroulaient dans un marché encore compliqué, cette année le contexte semble différent. Quel est votre analyse sur la dynamique actuelle et celle dont bénéficie l’art et essai ?
Jane : C’est une reprise à prendre avec précaution et à analyser minutieusement, sans se ruer dans un discours de vainqueur. Certes, le marché a repris, mais il y a un écart de plus en plus violent entre des films surexposés qui récoltent la majeure partie des entrées et des films extrêmement fragilisés qui n’arrivent plus à trouver de salles et encore moins de séances pour exister. L’art et essai n’est pas un tout uniforme, il se compose de films extrêmement variés au niveau de leur accès au marché. Si l’art et essai porteur bénéficie de la dynamique actuelle, ce n’est pas le cas de l’art et essai recherche qui souffre et qui est en danger.
Etienne : Ce qui frappe, c’est la polarisation du marché. Et dans ce contexte, nous nous inquiétons de la difficulté à faire exister certaines œuvres et en particulier les premiers films, indispensables au renouvellement des talents. Dans un marché tout de même plus favorable, il nous arrive heureusement d’avoir de bonnes surprises, mais l’équilibre est très fragile.
Quels sont les sujets majeurs sur lesquels la distribution indépendante doit se mobiliser pour assurer la pérennité de la diversité dans les salles ?
Etienne : Nous devons nous mobiliser sur plusieurs sujets importants : le versement de l’aide Canal+ et de la contribution CNC, si nécessaire à l’équilibre des films français et suspendu depuis le début de l’année ; la réforme de l’art et essai ; le maintien d’aides à la distribution, particulièrement importantes pour les sociétés fragilisées par la crise…
Jane : Figurent également dans nos préoccupations le maintien du rôle du CNC comme un régulateur du marché et non comme acteur du marché avec une logique de rentabilité ; un assouplissement d’accès aux aides à la distribution pour certaines sociétés du SDI ; la récompense aux salles qui prennent de réels risques en programmant des films de la diversité et non pas uniquement de l’art et essai porteur ; et la redéfinition du label art et essai des films avec un système de points selon la fragilité du film et de bonus aux exploitants qui les programment.
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