Grève à Hollywood : les scénaristes reprennent le travail

La WGA en assemblée

Les auteurs de la WGA détaillent ce qu’ils ont obtenu des studios de l’AMPTP et appellent à la reprise du travail, après cinq mois de grève. Les acteurs américains, eux, rencontreront les studios le lundi 2 octobre.

Protection face à l’IA et meilleure rémunération, notamment sur les revenus issus du streaming : l’accord de principe conclu dimanche entre les scénaristes et les studios et plateformes hollywoodiens a été voté à l’unanimité ce mardi 26 septembre par le conseil d’administration de la Writers Guild of America (WGA). Si l’accord, conclu pour trois ans, doit encore être ratifié par les membres du syndicat, la reprise du travail a également été votée par les scénaristes à partir de ce mercredi 27 septembre. 
Dans la foulée, la WGA dévoile les points d’un « accord exceptionnel, avec des gains et des protections pour les membres dans tous les secteurs de leur activité.» 

Intelligence artificielle

Les scénaristes ont obtenu plusieurs garanties face à l’utilisation de l’IA. Tout d’abord pour qu’elle ne puisse pas « écrire ou réécrire du matériel littéraire ». De plus, un script généré par l’IA ne sera pas considéré comme du « matériel source », ce qui signifie qu’un scénariste pourra le retravailler tout en étant crédité comme auteur et percevoir ses droits. Un auteur peut choisir d’utiliser l’IA pour écrire, si la société de production pour laquelle il travaille y consent, mais celle-ci ne peut pas exiger de l’auteur qu’il utilise un logiciel d’IA. Elle doit aussi informer le rédacteur si les documents qui lui sont remis ont été générés, même en partie, par une IA. Et surtout, la WGA peut interdire « l’exploitation du matériel des scénaristes pour former l’IA ». Autrement dit, une intelligence artificielle ne pourra pas être nourrie par les scripts des auteurs du syndicat.

Amélioration des conditions d’emploi et des rémunérations

Plusieurs avancées de taille ont été obtenues sur les rémunérations des scénaristes. L’accord prévoit tout d’abord une augmentation des salaires minimums de 5 % lors de la ratification du contrat, puis de 4 % en 2024 et de 3,5 % en 2025. Les taux de cotisation au régime de santé, de pension et de retraite progressent de 11,5 % à 12 % lors de la 2e année de l’accord. Pour les contrats à forfait, un scénariste engagé sur la base de 200 % du minimum ou moins doit recevoir 50 % de ses honoraires dès le début du contrat. S’il n’a pas livré son scénario dans les 9 semaines, 25 % des honoraires sont payables sur facture, les 25 % restants sont dus à la livraison.

Concernant le streaming, pour un projet de long métrage destiné à une plateforme, d’un budget de 30 millions de dollars ou plus, la rémunération initiale minimale pour le script ou le scénario est de 100 000 dollars, soit une augmentation de 18 % par rapport au taux actuel et de 26 % de la base résiduelle. Si l’on y ajoute les revenus liés aux droits de diffusion à l’étranger, l’augmentation est de 49 % par rapport aux règles de 2020.

De meilleurs revenus sur la diffusion en streaming

Mais les studios ont aussi cédé sur le calcul des revenus des auteurs issus de la diffusion sur les plateformes. Ainsi, pour les séries qui sortiront dès le 1er janvier 2024, l’accord prévoit une prime en fonction du succès en SVOD. Lorsqu’une série ou un film rencontre une certaine audience sur une plateforme, c’est-à-dire lorsque « 20 % ou plus des abonnés nationaux du service » visionnent la production « dans les 90 premiers jours de sa sortie », la prime sera de 50 %, et calculée en fonction du nombre d’heures de visionnage.

Les droits des scénaristes seront désormais calculés aussi sur le nombre d’abonnés à l’étranger, ce qui représente une augmentation de 76 % sur 3 ans. Par exemple, le montant des droits étrangers de Netflix sur 3 ans passera de 18 684 $ actuellement pour un épisode d’une heure à 32 830 $. Les plateformes de streaming s’engagent d’autre part à communiquer, sous réserve de confidentialité, le nombre total d’heures diffusées des productions “maison” à gros budget, tant au niveau national qu’international. Enfin, il est prévu une prime de 150 % pour les épisodes pilote. À noter que les droits des scénaristes resteront identiques pour les services de streaming avec publicité.

Les derniers termes de l’accord détaillent les augmentations de rémunérations hebdomadaires pour l’emploi des scénaristes sur les séries, les primes pour les équipes de développement ou encore le nombre de semaines d’emploi garanti dans les “salles de développement”. 
Ces avancées ne signifient toutefois pas un retour à la normale immédiat pour l’industrie, après cinq mois d’arrêt d’écriture qui ont considérablement retardé la production. Et surtout, les acteurs de la SAG-AFTRA, eux, sont toujours en grève. S’ils partagent la plupart des revendications des scénaristes pour le cinéma, et demandent notamment et des protections juridiques contre la reproduction de leurs visages et voix par l’IA, ils étendent leurs demandes au domaine des jeux vidéo. Ils doivent se retrouver autour de la table avec les studios le 2 octobre pour négocier.

La WGA en assemblée

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