La société de distribution fondée en 2011 par Frédéric Corvez et Mathieu Piazza a été mise en liquidation judiciaire le 21 mars dernier. Les autres activités d’Urban Group continuent.
Les mauvaises nouvelles continuent pour la distribution indépendante. Après Rezo Films il y a deux semaines, voilà qu’Urban Distribution met également la clé sous la porte. L’aboutissement d’une année 2023 « tragique », pendant laquelle le distributeur a « beaucoup investi en MG et frais de sorties pour des résultats trop infimes », confie le président Frédéric Corvez.
Parmi les sorties du distributeur l’an dernier, seul SHTTL (dernier film en date du catalogue de Urban Distribution) a dépassé les 8 000 spectateurs. « Beaucoup d’argent et d’espoir investis, pour un résultat malheureusement pas à la hauteur. Nous avons sorti en février Amore Mio, la première réalisation de Guillaume Gouix, qui comptait notamment Élodie Bouchez à son casting. L’investissement financier était très important mais, à l’arrivée, la combinaison était trop faible pour espérer être rentable. » Finalement sorti sur 35 copies, le film ne réalise en effet que 3 500 entrées sur un peu plus de 400 séances en première semaine.
La liquidation judiciaire d’Urban Distribution a été prononcée le 21 mars. Une décision qui « soulage » Frédéric Corvez à cause de « l’énergie que prennent toutes les activités d’Urban ». Désormais, le dirigeant se concentre sur ses filiales de production et de ventes, qui rencontrent « un beau succès », et compte développer la branche post-production, « sans que cela ne devienne un business trop important ».
L’aventure avait commencé en 2004, avec la création de la société de ventes Urban Sales, qui s’occupait majoritairement de films étrangers. Par la suite, le groupe s’étoffe avec Urban Factory (production), Reservoir Docs (vente de documentaires), GoMedia (post-production), et donc Urban Distribution, lancée en 2011, dans laquelle Frédéric Corvez voit « une opportunité de travailler davantage avec des films français », tout en entretenant « un lien fort avec le public ». La nouvelle structure fait ses premières armes aux côtés de Marjane Satrapi (La Bande des Jotas, 2013), Tsai Ming Liang (Les Chiens errants, 2014) ou encore Jean-Luc Godard (3x3D, co-réalisé avec Peter Greenaway et Edgar Pêra, 2014). Au total, près de 70 films sont accompagnés en un peu plus de 10 ans d’activité.
De la distribution, Frédéric Corvez garde en tête des « rencontres marquantes ainsi que des moments pétillants, comme lors de la projection de Saya Zamurai de Hitoshi Matsumoto au Festival du film asiatique de Deauville, en 2012. Le DCP ne voulait pas fonctionner à 30 minutes de la séance, alors que 30 membres de la délégation japonaise avaient fait le déplacement ! Heureusement le problème a été résolu, et la séance a pu se dérouler sans encombre. » Cependant, ce nouvel arrêt d’activité, après celui de Rezo Films, confirme que « 2024 sera une année compliquée pour la distribution et l’exploitation ; il faudrait que les pouvoirs publics en prennent conscience et agissent en conséquence ».
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