Cinéma La Clef : le processus de rachat est finalisé après cinq ans de lutte

Après de nombreuses négociations, le prix de l’acquisition est passé de 2,9 millions d’euros à 2,3 millions. © Boxoffice Pro / Robinson Bourges

À l’occasion d’une conférence de presse, La Clef Revival a officialisé le rachat du cinéma associatif du Ve arrondissement, fermé depuis 2019, et divulgué les ambitions pour sa réouverture. Du 27 au 30 juin, l’association offrira un avant-goût de son projet, avant d’entamer des travaux, d’une durée d’un an. 2,7 millions d’euros ont été nécessaires pour sauver la Clef, qui se veut toujours indépendante et participative.

Au terme d’une éprouvante lutte, longue de cinq années et ponctuée d’occupations, de tentative de rachat et de conflits intestins, le cinéma La Clef s’apprête à accueillir à nouveau du public ; à l’occasion d’une ouverture éclair du 27 au 30 juin, puis dans un an, à l’issue d’importants travaux de rénovation. Ce nouveau chapitre s’est ouvert ce lundi 17 juin avec la signature des documents actant le rachat des murs, détenus par le Comité social et économique de la Caisse d’Épargne Île-de-France, par La Clef Revival, l’association aux commandes de cette reprise. Après de nombreuses négociations, le prix de l’acquisition est passé de 2,9 millions d’euros à 2,3 millions : « Si vous ajoutez les frais de notaire, d’avocats fiscalistes et d’architectes, le prix s’élève à 2,7 millions d’euros », complètent les membres de l’association, à l’occasion d’une conférence de presse à La Clef. 

À la faveur d’une campagne de levée de fonds, qui a vu de nombreux dons affluer, notamment de personnalités comme David Lynch, Leos Carax, Mathieu Amalric, ainsi que de contributions de plusieurs mécènes, dont Quentin Tarantino, la Clef Revival a réuni deux millions d’euros. Désormais, les donations permettront d’assurer les travaux de désamiantage, d’installation électrique et de plomberie, d’un montant de 600 000 €, afin de mettre le bâtiment de 800 m2 aux normes ERP, alors que 300 000 € doivent encore être collectés : « On espère recevoir des subventions du CNC, de la Région et de la Mairie de Paris, qui habituellement financent en partie les travaux de réhabilitation de cinéma. »

« La propriété d’usage et le bien collectif »

Petit retour en arrière. En 2020, l’association avait créé un fonds de dotation, dénommé Cinéma Revival, dans le but de sauver les lieux et garantir la tenue de sa mission d’intérêt général. Ce même fonds est aujourd’hui propriétaire du bâtiment, dont la gestion est confiée à La Clef Revival. « Nous nous sommes fait accompagner par la foncière solidaire Bellevilles pour compléter notre plan de financement. Nous avons donc emprunté 400 000 € auprès du Crédit Coopératif et 400 000 € auprès de la Nef, détaille Victor Billet, producteur et membre de l’association. Ces prêts seront remboursés sur seize ans, grâce aux loyers solidaires payés au fonds de dotation. » Sur les conseils de la Foncière Antidote et à l’image du réseau de cinémas alternatifs des Kinoclimates, le modèle sera basé sur une construction commune et un gestion partagée : « C’est tout le sens de notre projet, fondé sur la propriété d’usage et la notion de bien collectif : permettre aux spectateurs et spectatrices d’imaginer et de construire ensemble un cinéma qui s’accorde à leurs désirs ! Pour ce faire, on conservera une gouvernance collégiale, où les décisions sont prises en commun », communique l’association. Les murs seront ainsi séparés de leur usage et la gestion sera partagée entre toutes les associations ou collectifs désireuses de faire vivre le lieu, par le biais entre autres, d’une programmation collective. Une programmation centrée, par ailleurs, sur des films rares, militants et internationaux, particulièrement du patrimoine et parfois sans visa. 

Les membres du collectif La Clef Revival ont assuré une conférence de presse pour officialiser le rachat du cinéma. © Boxoffice Pro / Robinson Bourges

Un accord avec le CNC a également été trouvé pour que toutes les séances restent à prix libre, l’un des marqueurs forts de l’occupation, tout en restant dans un système redistributif vertueux : sur chaque entrée, une part sera bien reversée au distributeur du film et une autre collectée par le CNC pour contribuer au financement du cinéma indépendant. Enfin, deux salles de post-production seront aménagées, puis louées à des jeunes cinéastes et des sociétés de productions émergentes, ce qui permettra d’assurer l’équilibre financier de l’association, tandis qu’une autre servira aux activités des membres. Deux salariés viendront appuyer l’association sur la maintenance et l’administration. Tout un programme, dont les quatre jours de projections à prix libre et de réjouissances la semaine prochaine donneront un avant-goût.

Après de nombreuses négociations, le prix de l’acquisition est passé de 2,9 millions d’euros à 2,3 millions. © Boxoffice Pro / Robinson Bourges

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