L’Afcae déploie un programme anniversaire à son image : collectif et inventif. Des séances labellisées à un colloque de haut vol, en passant par une collection de portraits vidéo et un futur ouvrage, l’association célèbre non seulement son histoire, mais, surtout, un “mouvement” art et essai pas prêt d’accrocher la poussière.
Cela fait près d’un an que Caroline Grimault, secrétaire de l’Afcae, et les cinq autres administratrices qui composent le groupe de travail dédié aux actions-anniversaire planchent sur les festivités, avec l’équipe salariée. « Nous avons joué sur le collectif et le participatif, mobilisant toutes les forces vives, d’abord au sein du conseil d’administration, puis nos partenaires et notre réseau », témoigne la directrice du Katorza de Nantes. D’autant plus que, comme le souligne le délégué général David Obadia, « l’idée est de construire cet anniversaire avec les adhérents, de lancer la dynamique et que les 1 250 salles qui composent aujourd’hui le mouvement s’en emparent ». Et ce, avec le soutien de France Télévisions, partenaire de ces 70 ans.
Portraits d’un mouvement
Et elles ont déjà commencé à le faire, notamment à travers les (auto)portraits vidéo (de 90 secondes environ) qu’elles sont invitées à réaliser sur leur structure, leur équipe, leur public… Six premières réalisations avaient été dévoilées lors des Rencontres nationales art et essai de 2024. L’Afcae en a reçu, depuis, une trentaine de plus, et compte atteindre au moins, 70 ans oblige, le nombre symbolique de 70 portraits. De quoi prouver, au-delà de sa diversité et de sa modernité, que le mouvement art et essai résonne « à travers les films, mais aussi à travers ses lieux : les salles, les associations territoriales, les festivals… ».
La Rochelle, Angers, Arras, Beaune, Deauville, Lumière… et Cannes 2026 : de nombreux festivals partenaires participent également aux célébrations, en intégrant une séance “70 ans de l’art et essai” dans leur programme. Une manière de mettre en exergue, pour la responsable du groupe de travail, « la cohérence d’un cinéma que découvrent les festivals, puis que font vivre les salles ».
Toutes les structures adhérentes sont, par ailleurs, invitées à organiser une ou des séances labellisées “70 ans de l’art et essai”. « Quel que soit le film recommandé autour duquel la séance est organisée, qu’il s’agisse d’une avant-première, d’une séance coup de coeur surprise ou d’un film de répertoire, cette séance sera surtout l’occasion d’un échange convivial autour de l’art et essai, entre l’équipe de la salle et les spectateurs », détaille Caroline Grimault. Ou encore, comme le suggère David Obadia, « de parler des coulisses de la programmation, d’organiser un quiz, de proposer un événement festif… Tous les champs sont possibles ». Un kit d’accompagnement sera très prochainement mis à disposition des salles pour les aider à organiser ces séances ; une initiative sur laquelle l’Afcae reviendra en détail lors des Rencontres de Cannes, et qui permettra, à terme, de « mesurer le nombre d’occasions qui ont été créées pour faire vivre l’art et essai partout sur le territoire à travers l’échange, et combien de spectateurs ont été sensibilisés ».
Une opération nationale
Un autre événement, cette fois-ci à dimension nationale, prendra la forme d’une semaine ou d’une quinzaine, « courant octobre », autour des films soutenus, avec des retransmissions simultanées de rencontres avec des équipes de films, « comme celles proposées lors du Festival Télérama/Afcae ». Pour Caroline Grimault, « ce travail des groupes de soutien sera l’occasion d’impliquer les distributeurs, nos premiers partenaires. Cette semaine permettra également de mettre à l’honneur des salles qui font un travail remarquable, mais qui du fait de leur taille ou leur implantation, n’ont pas le même rayonnement national ou régional que d’autres établissements ».
À noter par ailleurs que, des Rencontres Jeune Public de septembre prochain à celles Répertoire de mars 2026, tous les rendez-vous “pro” que l’Afcae organise pour les mois à venir seront « traversés » par cet esprit anniversaire, avec des volets dédiés aux 70 ans du mouvement.
Festif… et réflexif
La cinéphilie, d’hier, d’aujourd’hui et de demain : c’est, dans les grandes lignes, la thématique qui sera explorée par le colloque de trois jours prévu pour début décembre prochain, de manière à poser « une production de pensée » comme point d’orgue des festivités. Si le détail des échanges et des intervenants restent à déterminer, David Obadia – accompagné de Myriam Djebour ainsi que de l’universitaire et critique Antoine de Baecque dans la conception du projet – précise que l’événement se déroulera à Paris. « Et chaque jour dans un lieu différent : au Collège de France, à l’École nationale supérieure, et au CNC ou au ministère de la Culture. Initié dans le cadre des 70 ans de l’art et essai, ce colloque s’inscrira aussi dans les festivités des “130 ans du cinéma” portées par le CNC et le ministère, avec l’ambition de remettre la cinéphilie au cœur du débat, en dépassant son image jugée parfois trop élitiste. » Tout un programme – et une réflexion – , qui sera bien entendu prolongé de projections en salles et, à terme, d’une publication des actes du colloque. Mais ces dernières ne seront pas la seule “trace” papier que cet anniversaire lèguera à la postérité. Un livre, composé des collaborations d’une vingtaine de cinéastes invités à donner leur « vision fictionnalisée de la salle de cinéma » est en cours de gestation. « Nous avons déjà une éditrice, ainsi que quelques accords de principe de la part des cinéastes », se réjouit David Obadia.
En attendant, le premier temps fort des festivités est imminent, avec la soirée “70 ans de l’Afcae”, ce mardi 13 mai, pour tous les adhérents et partenaires, sur la plage Vega de Cannes. De quoi clôturer en beauté les Rencontres nationales art et essai 2025… et surtout débuter la fête !
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