Ouvertes mercredi à l’heure où l’on apprenait l‘élection de Donald Trump, les Rencontres de l’Arp 2024 se sont clôturées ce vendredi par un débat sur la politique culturelle européenne, qui a bien résumé l’essentiel de ces trois jours d’échanges. Soit la nécessité d’une politique ambitieuse pour le cinéma, qui doit passer par la régulation, et ce au niveau européen.
« La démocratie, la liberté de création, l’indépendance, la transparence, la diversité, la parité, la culture comme élément politique indispensable ont été des valeurs qui ont guidé et éclairé les débats de cette 34e édition des Rencontres », résument les cinéastes de l’Arp dans leur communiqué final. Au terme de ces trois jours, les débats ont notamment permis d’aborder « les outils politiques essentiels qui permettent de défendre ces valeurs et la réussite sans cesse renouvelée du cinéma français et européen : l’exception culturelle, la chronologie des médias, le géoblocage, la directive SMA, la réglementation de l’IA, etc. ».
Ce vendredi, la ministre de la Culture, qui est intervenue en visioconférence, et le président du CNC par intérim, ont plaidé eux aussi en faveur de la régulation. « Accompagner le cinéma français pour lui permettre de rencontrer son public, et de rester l’un des plus créatifs au monde, c’est ma mission en tant que ministre de la Culture », a appuyé Rachida Dati, s’engageant au passage à défendre les dispositifs nationaux d’éducation aux images. Pour Olivier Henrard, « la régulation est plus que jamais indispensable à la vitalité du secteur » et le combat doit être porté au niveau européen, à l’heure où le parlement a été renouvelé et où l’on attend de nouveaux commissaires.
Sur l’importance de la diversité face aux super productions extra-européennes, les membres de l’Arp invitent de leur côté les pouvoirs publics et le CNC « à inventer dès aujourd’hui les solutions qui protègeront et favoriseront les “véritables” indépendants, définition qui se doit d’être repensée afin de répondre intelligemment à la montée de ces grands groupes, mais aussi à une nouvelle posture américaine qu’on ne peut pas imaginer amicale à la suite des dernières élections. »
Face à la révolution de l’intelligence artificielle, les débats ont montré qu’il ne servait à rien d’opposer innovation, technologie et création : « Ensemble, acteurs de la culture et acteurs de la tech, mettons en place les instruments pour guider le monde vers un chemin éthique de l’utilisation de l’IA, permettant son développement au service de tous sans fragiliser la créativité humaine et son écosystème. »
En matière de politique européenne, de nombreux participants à ces Rencontres en appellent à une vraie ambition culturelle de la part de l’UE, « en rapatriant le cinéma et l’audiovisuel dans une Commission Culture en mesure de peser pleinement sur ces enjeux. Ils exigent de l’UE une politique culturelle forte, orientée vers la création, avec des objectifs culturels et non seulement industriels, objectifs démocratiques, éducatifs, en pleine harmonie avec les différences nationales et régionales qui font notre force. C’est ce dont a besoin l’Union pour être souveraine. Cela doit se traduire dans tous les débats et propositions de textes concernant le géoblocage, l’IA Act, la Directive SMA, la Directive Droit d’Auteur, le plan MEDIA. Nous porterons une attention très particulière à la défense de l’Exception Culturelle, née à l’Arp et adoptée par l’UE en 1994. Si les institutions européennes négligent leur devoir de diversité culturelle, inscrit dans les textes, et tentent d’outrepasser leur compétence concernant la culture, définie lors du Traité de Lisbonne, nous serons à l’offensive et ce, avec l’ensemble des citoyens. L’Europe a toujours été respectée et admirée par le reste du monde pour sa culture riche et féconde. Ne jamais l’oublier. »
Plus largement, la culture concerne « tous les citoyens », et les initiatives du secteur, notamment face aux violences de tout type, ont montré combien le cinéma « pouvait changer les choses et devenir source d’inspiration pour toute la société ».
En conclusion, les cinéastes de l’Arp en appellent à la mobilisation, « pour continuer à porter une politique culturelle ambitieuse et un écosystème vertueux, au service des citoyens, de la création et de ses acteurs, et in fine au service de notre démocratie ! »
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