Retour en trois parties sur les origines de la carte culte d’UGC, à l’occasion de ses 25 ans, à travers un extrait de Hollywood Année Zéro de Julien Marcel (éd. Boxoffice, 2021).
La carte UGC Illimité naît enfin le 29 mars 2000 et est valable dans les 42 cinémas UGC de France, dont seize à Paris. À sa sortie, la carte s’attire les foudres des concurrents d’UGC. Le modèle économique encore flou pour l’industrie, ainsi que la crainte d’une voie royale pour un oligopole de multiplexes aux dépens des cinémas indépendants mènent à une contestation accrue. Le président du circuit argumente : « Mais c’est comme dans les « buffets à volonté » : les consommateurs reviennent vite à un rythme normal, sauf qu’ils goûtent à des choses plus variées. Les distributeurs de petits films ont tout à y gagner.1 » La carte est principalement attaquée sur le prix de référence fixé à 33 francs – la même polémique que lorsque les cartes 5 et 7 sont sorties en 1988. La ministre de la Culture Catherine Tasca saisit le ministère de l’Économie pour lancer une procédure judiciaire qui débute en avril 2000. UGC annonce donc la suspension des abonnements à partir de début mai 2000 jusqu’au verdict du Conseil de la concurrence, qui conclut qu’il n’y a pas eu d’abus de position dominante ni de pratique anticoncurrentielle2.
Le rapport du Conseil de la concurrence décrète que « l’ensemble des exploitants de salles de cinéma connaît une très importante augmentation en valeur absolue des entrées sur la période du 29 mars au 6 juin 2000 par rapport à la même période de l’année 19993 ». Le Conseil argue du fait qu’UGC connaît une progression de 34,5 % avec 530 000 entrées supplémentaires, mais que Gaumont augmente de 33,5 %, Pathé de 25,3 % et les exploitants indépendants de 5,2 % en moyenne. Le 25 juillet 2000, pas de preuves de pratique illégale, c’est le nouveau départ de la carte UGC Illimité.
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Six mois plus tard, Gaumont, en association avec le groupe mk2, lance Le Pass, basé sur les mêmes principes et tarifs que la carte UGC Illimité4. En septembre, cinq cinémas indépendants du groupe Rytmann se rallient à la carte UGC Illimité ; les opposants au modèle illimité qui souhaitent protéger la diversité de création et de diffusion se font plus discrets. Le Pass et le ralliement de cinémas indépendants à l’abonnement UGC Illimité signent l’implantation durable de ce nouveau modèle dans le paysage de l’industrie française. Les circuits français développent leurs formules d’abonnements dans leurs autres filiales européennes, le concept se démocratise. Au Royaume-Uni, même si la carte UGC Illimité se fait critiquer en coulisse, elle ne crée pas de scandales, pas de procès : « Nous ne sommes pas comme la France un pays de cinéphiles5 », déplore un distributeur britannique interviewé par Libération en 2000. Aux États-Unis, les échos de la carte UGC Illimité dérangent. Les studios hollywoodiens redoutent que l’abonnement illimité en Europe tire les prix des blockbusters vers le bas de l’autre côté de l’Atlantique. Les blockbusters américains attirent en effet les assidus, les réguliers et les occasionnels, qui paient le prix plein de chaque billet. La carte UGC Illimité n’augmente pas les entrées pour les films hollywoodiens mais en réduit le prix moyen. United International Picture (UIP) a même accusé UGC de dumping et fait pression en menaçant de ne plus faire diffuser ses films dans les salles UGC.
AMC INTRODUCES ALL-YOU-CAN-SEE MOVIE PASS / AMC LANCE UN ABONNEMENT POUR LES FILMS À VOLONTÉ
AMC Entertainment has launched a monthly pass that allows cinemagoers the opportunity to see a movie a day for approximately $17.50. The special promotional offer an extension of the circuit’s MovieWatcher program that currently counts three million members-was launched on a test-basis last June in the markets of Oklahoma City, Okla, where the pass costs $14.50, and Omaha, Neb., where the Kansas City-based exhibitor is charging $17.50. AMC has unveiled that it will expand the flat-fee pass nationwide early next year, following a test-run in four markets that have yet to be determined. In addition to increasing attendance figures, the cinema chain is hoping to increase profit margins at its concession stands.
Though the introduction of the new AMC pass is sure to be welcomed by movie theatre patrons, industry analysts expect the promotion to be met with some degree of criticism, particularly on the part of distributors. Since studios and exhibitors split revenues earned from ticket sales, and not concession items, film distributors are likely to see their profits take a downturn. AMC has addressed these concerns by issuing an assurance that it will pay studios at full-fare rates during the trial runs in Oklahoma City and Omaha. What will happen when AMC rolls out the program on a national basis, however, is still up in the air.
Daris l’espoir d’augmenter la fréquentation et le profit, AMC lance un pass qui propose un abonnement à 17,50 dollars par mois pour voir un film par jour.
Boxoffice Pro, août 2001
Dans la foulée, en 2001, AMC lance un monthly pass basé sur le modèle français et en phase de test dans quelques États américains, avant d’étendre le modèle en 2002. Le format propose un film par jour pour à peu près 17,50 dollars par mois. À son annonce, l’industrie américaine paraît relativement critique et le marché pas assez mature pour absorber un nouveau modèle économique. Le monthly pass ne prend pas d’ampleur, et c’est seulement en 2018, avec l’AMC Stubs A-List, qu’AMC propose un modèle d’abonnement stable.
1 Anne-Dominique Bouzet, « UGC invente le ciné à l’année. Avec sa carte “Illimité », le réseau avance un pion dans la stratégie de fidélisation des spectateurs ». Libération, 4 avril 2000.
2« Décision 00-MC-13 du 25 juillet 2000 », Autorité de la concurrence, 25 juillet 2000.
3 Ibid.
4« L’économie des abonnements à entrées illimitées au cinéma », Cnc.fr, avril 2008, p. 21.
5Christophe Boltanski, « La carte UGC passe la Manche sans cri », Libération, 11 octobre 2000.
Lire la première partie et la deuxième partie
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