Quelles sont les pratiques des spectateurs depuis le début de l’année ? Du choix du film au choix de la salle, entre réservation et déplacement, expérience collective ou solitaire, petit tour d’horizon de l’étude dévoilée par le Centre, basée sur l’enquête CinExpert de Vertigo*.
La salle de cinéma demeure le lieu privilégié pour découvrir un film. C’est le plébiscite qui ressort de l’étude du CNC, dans laquelle 81,5 % des personnes interrogées en 2023 disent favoriser le grand écran, devant la télévision (7,8 %) et internet (4,4 %). Cette préférence se révèle d’ailleurs plus prononcée chez les plus de 50 ans (89,3 %) que chez les 25-34 ans (70,4 %) et les 15-24 ans (73,4 %), les deux tranches d’âge les plus fortes s’agissant de regarder un film en vidéo.
Partant de ce postulat, comment le spectateur choisit-il le film qu’il souhaite découvrir ? L’étude confirme que la bande-annonce diffusée en salle reste la première source d’incitation du public à aller voir un film (55,5 %, sensiblement similaire à 2019), corroborant ainsi le fait qu’une forte fréquentation permet aux bandes-annonces de toucher une audience encore plus importante. Mais les années Covid ont surtout favorisé l’émergence d’internet, qui a bondi de 13,5 points par rapport à 2019 (24,6 %) et est désormais incontournable pour s’informer sur les films pour 38,1 % des sondés. Si les jeunes et les CSP- sont les plus à même d’utiliser ce support, les séniors privilégient toujours la télévision. À noter, aussi surprenant que cela puisse paraître, une perte de puissance du bouche-à-oreille, source d’information de près d’une personne sur 3 en 2019 et désormais citée par seulement 20,4 % des répondants.
Impatience et anticipation
D’après le CNC, le spectateur témoigne d’un relatif empressement pour aller voir un nouveau film : 82,6 % décident de se rendre en salle dans les 15 jours suivant la sortie du film. L’effet nouveauté prend de l’importance puisque la part de ceux qui choisissent d’y aller plus tard se réduit (13,1 % en 2023 vs 15,7 % en 2019). Soulignons que les 15-24 ans font partie de ceux qui vont davantage voir un film le jour de sa sortie ou lors du premier week-end (37 %) ; et ce, alors même qu’il s’agit du public le moins décisionnaire concernant le choix du film à voir (58,6 % contre 71,2 % pour l’ensemble des individus) et qu’il se montre plus enclin à se laisser influencer par son entourage.
Ce laps de temps plus court pour aller au cinéma s’accompagne d’une plus grande anticipation de la sortie. Ainsi, en 2023, 38 % des sondés affirment décider plusieurs jours à l’avance de se rendre en salle (36,9 % en 2019), tandis que 33 % prévoient la veille d’y aller (31,6 %). Ce choix semble toutefois lié aux habitudes de fréquentation : si les occasionnels anticipent le plus (78,3 %), les assidus décident le plus souvent de s’y rendre le jour même (39,1 %).
La préparation accrue de la sortie cinéma se retrouve également dans les pratiques de réservation. Un tiers des spectateurs (33 %) déclarent réserver leur ticket en amont en 2023, contre un quart (25,6 %) en 2019, et ce, principalement pour avoir une place pour la séance souhaitée, mais aussi pour éviter les files d’attente. Plus d’un tiers des 15-24 ans ont recours à ce procédé, utilisé par près de la moitié des 25-34 ans (vs 20,3 % en 2019) ; la preuve que cette habitude s’est grandement démocratisée avec la crise sanitaire. Dans le détail, ces réservations se font encore principalement par ordinateur (45,1 %) mais l’écart se réduit avec le téléphone mobile, au plus haut en 2023 (36,1 % vs à peine 20 % en 2019). Et, comme pour le choix du film, réserver sa place se fait de moins en moins le jour même, et de plus en plus à l’avance.
Proximité et expérience collective
La séance calée, dans quel cinéma le spectateur choisit-il de se rendre et par quel moyen ? D’après le CNC, le public tricolore choisit la simplicité : en 2023, 82,1 % des répondants affirment aller toujours dans le même établissement, 74,2 % d’entre eux citant, comme premier argument, la proximité entre la salle et leur domicile, qui reste, par ailleurs et de loin, le premier point de départ (82,6 %), devant un restaurant/café (7,8 %) ou le lieu de travail (5,8 %). En moyenne, il faut 16 minutes pour une personne pour se rendre au cinéma en 2023, 92,5 % des sondés mettant moins de 30 minutes. La voiture reste privilégiée (62 %), devant les transports en commun (16,8 %) et la marche (16 %). À noter que les Franciliens sont 38,2 % à se rendre au cinéma en voiture, contre 69,1 % pour les spectateurs résidant en province.
Le confort du lieu est, lui aussi, un facteur essentiel du choix du cinéma pour un tiers des sondés et sur ce point, il est intéressant de constater que le standing des fauteuils est un élément de plus en plus différenciant (92 % des spectateurs s’estiment satisfaits en 2023 contre 88,5 % en 2019). Si le prix du billet n’est pas plus un critère cette année qu’avant le Covid, le fait de posséder une carte illimitée est prépondérant dans le choix de la salle, progressant de 5,7 points en quatre ans (cité par 11,7 % des répondants en 2023 vs 6 % en 2019).
Autre élément de plus en plus plébiscité : ce que le CNC appelle les activités liées au cinéma (avant-premières, ciné-clubs, conférences, etc.). 36,1 % des spectateurs interrogés confirment avoir participé à une séance animée, une nette progression par rapport à 2019 (25,3 %). D’après l’étude, les moins de 35 ans forment la partie du public qui assiste le plus à ces événements, et principalement de manière collective. Parmi les 15-19 ans, trois spectateurs sur quatre affirment venir en famille ou entre amis. Globalement, si les chiffres démontrent que plus la personne va fréquemment en salle, plus elle s’y rend individuellement, la sortie cinéma reste largement une expérience collective, près de 80 % des spectateurs précisant être allés voir un film à plusieurs en 2023.
L’étude complète est à retrouver ici.
*enquête CinExpert menée auprès de 2 000 Français, âgés de 3 ans et plus, entre le 3 et le 10 mai 2023.
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