Le cinéma tricolore à “l’export”, Unifrance livre son bilan 2022

Qu'est-ce qu'on a tous fait au Bon Dieu ? © Arnaud Borrel

Sur l’année 2022, considérée comme celle de l’amorce de la reprise post-Covid, les films français ont attiré 31,3 millions de spectateurs et 201,5 M€ de recettes dans les salles à travers le monde.

Comparée à 2021, la hausse de la fréquentation du cinéma français à l’étranger s’établit à 75,4 %, le retard avec la moyenne des trois années pré-pandémie se réduisant pour sa part à -46,2 %. Bien que les productions tricolores mobilisent moins de spectateurs en dehors des frontières qu’en France – et ceci pour la cinquième année consécutive –, l’offre qu’elles représentent dans les salles étrangères a atteint des records en 2022 : 1 222 films en exploitation et 3 055 nouvelles sorties. Des niveaux qu’Unifrance explique par l’arrivée de films « frais », mais aussi par la proposition de films nouveaux « dont le lancement [avait] été retardé par la crainte des soubresauts des marchés, et de titres non inédits dont les démarrages locaux ont été repoussés pour la même raison ». À prendre aussi en considération que la faiblesse de l’offre de blockbusters hollywoodiens l’année dernière a permis une plus grande disponibilité des salles à travers le monde.

En tête du classement des productions françaises à l’international en 2022, on retrouve une  coproduction minoritaire : Sans filtre. Six autres œuvres franchissent la barre symbolique du million de spectateurs, dont les productions majoritaires Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu ?, Pil et Le Loup et le lion. Au total, sept films millionnaires s’illustrent en 2022 (soit autant qu’en 2018 et en 2019) et 61 autres dépassent les 100 000 tickets vendus (68 en 2019). 

Sur les 20 plus gros succès de 2022, 14 auront réalisé plus d’entrées à l’étranger que sur le territoire français (alors qu’on en comptabilisait 7 en 2021 et habituellement une dizaine au fil des années précédentes). Et si l’année 2021 voyait la domination des productions minoritaires (une première) et de celles en langue étrangère, 2022 est marquée par un retour des spectateurs de productions majoritairement françaises et en langue française.

C’est toujours le tiercé comédie/animation/drame qui domine la répartition des entrées par genre. À noter aussi la belle performance des films classés art et essai, nouvelles œuvres comme titres patrimoine issus des catalogues (qui « font partie intégrante de l’ADN du cinéma français vu de l’étranger »). Ainsi, en 2022, ils réunissent de nouveau plus de 10 millions de cinéphiles, sachant que l’offre d’art et essai par rapport à la période 2017-2019 affiche une reprise plus favorable (-38,6 %) que les titres non classés (-50,2 %) et le cinéma français dans sa globalité (-46,2 %). Et tandis qu’aucune grosse production française de 2022 ne se démarque particulièrement sur les grands écrans étrangers, celles au budget compris entre 5 M€ et 20 M€ concentrent près de 70 % des entrées annuelles.

L’Europe de l’Ouest se confirme, voire se renforce, comme première zone d’exportation du cinéma français. Et alors qu’elle capte un part record de 70 % des entrées annuelles, les parts des autres continents (hors Amérique latine) perdent naturellement du terrain.

Ainsi, aux côtés de l’Allemagne qui s’illustre comme premier marché en termes d’entrées, c’est l’Europe centrale et orientale, bien qu’impactée par les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine, qui offre aux productions hexagonales leur meilleure saison. Une zone qui bénéficie particulièrement du dynamisme de la Pologne, marché dont les exportateurs louent l’appétence des distributeurs pour la production française, notamment en animation.

Qu'est-ce qu'on a tous fait au Bon Dieu ? © Arnaud Borrel

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